Frances Ha, de Noah Baumbach, sorti en 2012

Pourquoi je suis tombée amoureuse de Frances Ha

Réalisé par Noah Baumach, Frances Ha est un film sorti en 2012. Ouais j’suis une fille qui regarde les films 4 ans après leur sortie, et alors ? J’ai regardé France Ha. Et j’ai aimé France Ha. Une bonne raison pour vous motiver à faire de même, en 5 points. Pour commencer, Frances Ha, c’est ça déjà. (beaucoup plus facile à comprendre quand on l’a sous les yeux). Et si t’as la flemme de lire tout mon pataquès, tu peux descendre tout en bas, j’te dis pourquoi j’ai grave kiffé en 500 signes. (flemmard)

Greta Garwig dans le rôle de Frances Ha, image extraite du film.
Greta Garwig dans le rôle de Frances Ha, image extraite du film.
  • Frances Ha c’est Greta Gerwig

Avez-vous vu Sex Friends ? Vous savez, avec Natalie Portman et Ashton Kutcher. NON, je ne suis pas en train de vous vanter les mérites de cette géniale comédie romantique absolument originale (ironie), je voulais juste que vous visualisiez celle qui joue la meilleure amie. Une blonde, un peu larguée, qui ne tombe que sur des méchants garçons alors qu’elle cherche l’amour fou, et qui –personnellement m’avait faite mourir de rire. Et bien, cette blonde, c’est Greta Gerwig. Oh Greta ! Comme je suis heureuse que tu sois parvenu à devenir une héroïne ! Cela te va si bien ! Il y a un naturel, une spontanéité qui ressort de son jeu. C’est comme si la caméra n’existait plus. Elle ne séduit plus l’objectif, elle se passe du médium et c’est à moi que Greta parle. Doucement, on se laisse glisser dans le film et aux côtés de cette jeune danseuse qui vivote de son boulot de prof de danse et vit en colloc avec sa meilleure amie : Sophie.


  • Frances Ha c’est New-York

    Frances Ha dans les rues de New-York, image extraite du film.
    Frances Ha dans les rues de New-York, image extraite du film.

Selon moi, New-York est au film ce que le sel est au steak haché : indissociable. La ville impose tout simplement sa cadence et l’action se cale sur son rythme. S’il y a bien une chose qui rend N-Y si particulière c’est ce mode de vie survolté. Au milieu d’une foule occupée à arpenter frénétiquement le bitume, muée par une multitude d’envies, tout à chacun est finalement muré dans une certaine solitude. On prend surtout conscience de la ville dès lors que Sophie quitte la colocation. Frances se retrouve seule, circulant dans la ville à la recherche d’un logement, et toujours en galère financière. Elle se retrouve en colloc avec Benji et Lev, deux figures types d’artistes new-yorkais et, dixit Sophie, dont le porte monnaie parental bien rempli permet justement d’être artiste à New-York. C’est là que l’on retrouve la capacité des grandes villes à nous donner l’impression qu’on possède plein d’amis géniaux, alors qu’en fait nous n’avons que quelques simples connaissances. Sans oublier que N-Y est une ville cosmopolite dans laquelle circule des milliers de personnes originaires d’Etats perdus, en quête d’avenir. New-York est le berceau de Frances Ha qui n’est même pas née ici.


  • Frances Ha c’est la danse

Frances Ha, danseuse en devenir, image extraite du film.
Frances Ha, danseuse en devenir, image extraite du film.

Au rythme de N-Y, s’ajoute celui de la danse. Et encore mieux la danse de Frances. Auréolé par le naturel de l’actrice, chaque pas de danse est renforcé dans sa légèreté, dans sa beauté et dans sa facilité. On a la tête vide quand on la regarde esquisser ces pas, un peu étranges parfois. Ou peut-être est-ce simplement du aux mimiques faciales de Greta, très espiègle. On doit tous certainement ressentir cette émotion et ce calme, l’impression de flottement qui s’installe en nous lorsque les pieds quittent le sol, lorsque les bras s’élèvent vers le ciel et que la tête se penche gracieusement. C’est sûrement son côté si peu naturel au demeurant qui rend la danse si intrigante. Et c’est également, sûrement, la danse qui renforce l’aspect le plus important  de Frances : son caractère de rêveuse. La tête dans les étoiles et les pieds dans la stratosphère, cela doit être pour cette raison qu’elle ne veut plus être apprentie dans sa compagnie de danse mais voudrait passer titulaire.


  • Frances Ha c’est une esthétique

Pause clope pour Frances et sa colloc' Sophie, extraite du film.
Pause clope pour Frances et sa colloc’ Sophie, extraite du film.

Les deux points précédents en disent déjà long sur l’esthétique du film. Nous avons N-Y d’un côté, la danse de l’autre, et au milieu, une actrice très nature. Un détail certes, mais Greta Gerwig est extrêmement peu maquillée, voire pas du tout (enfin, on ne sait jamais avec ces fourbes de maquilleurs pro). Le costume simplement décalé de Frances –on notera quand même une dégaine carrément hypster, ajoute une esthétique dénuée de toute fanfreluches, de froufrous, d’un trop plein de détails qui, au final, encombrerait le film. Mais, la donnée capitale qui donne tout son charme au film n’est autre que le noir et blanc, sans qui les détails précédents n’auraient aucune particularité. « Hein ?! Nan mais je comprends pas … On a mis des années de progrès techniques pour arriver à la couleur… Et maintenant, les gens font des montagnes du noir et blanc … » Et ouais, moi j’aime bien. J’aime aussi les films en couleur. Mais dans ce film, le noir et blanc colle parfaitement à cette ville brute qu’est N-Y, à la pureté qui émane de la danse, à la candeur d’une toute jeune femme, pas encore sortie du monde étudiant mais pas encore dans le monde adulte. Peut-être que s’il y avait une suite à l’histoire de Frances plus vieille, le film pourrait être en couleur, parce que quand on grandit on arrive à gérer plus de choses à la fois, parce que la vie est encore plus compliquée, parce qu’il y a tout simplement plus de composantes qui rentrent en compte.


  • France Ha c’est moi, c’est nous, c’est toi

Si vous avez entre 20 et 28 ans, vous aurez sans doute une certaine capacité d’identification au film. Mais il existe aussi des gens de 18 ans qui s’y retrouveront comme des personnes de 40 ans. On s’en fout. Personnellement, c’est ce que j’ai aimé dans ce film, le fait de m’être reconnue, moi, mes amis, mes parents. Toutes ses sphères de vie, sont profondément inspirées du réel. J’ai retrouvé les conversations sur les mecs, basés sur des profils types élaborés avec les expériences, les lubies un peu bizarre (« Je sais que ça n’est pas mon lit mais … tu peux enlever tes chaussettes s’il te plait Frances ? »), les relations libres de notre génération, les problèmes d’argent, les regards qui te fixent étrangement lorsque tu pars dans des discussions philosophiques, la flemme constante et l’envie de bouger qui te foudroie l’instant d’après. Louis Guichard réalisait une critique sur Frances Ha et écrivait « Frances Ha est un beau film sur l’inachèvement. » Inachèvement parce qu’entre deux, entre deux mondes, entre deux âges, entre deux choix. Et si on choisissait de rester des gosses ?

Julie Goujon

Frances pose beaucoup de questions philosophiques, parfois trop ... Image extraite du film.
Frances pose beaucoup de questions philosophiques, parfois trop … Image extraite du film.

Pour résumer, si t’as eu la flemme de lire tout le blabla : VA VOIR CE FILM IMMÉDIATEMENT. J’ai hurlé de rire devant, tant lorsque Frances fait preuve de maladresse que lorsqu’il y a une vanne. J’ai eu envie de me bouger les fesses parce qu’il est vivant, vraiment vivant : ça bouge, ça parle, ça boit, ça mange, ça rit, ça danse. ÇA DANSE ! Il est beau ce film, il est beau parce que c’est à N-Y, parce que c’est en N&B, parce que l’actrice est magnifique, parce que c’est que de la vie. Et la vie, c’est beau. Oui, bah me demande pas des arguments en béton en 500 signes, ok ?

+ C’est toujours dur de s’en tenir à 5 points, juste pour dire, je mets un pouce en l’air à la bande son, pas du tout envahissante mais bien présente.