Matteo Renzi démissionne après l’échec de son référendum

Hier, les Italiens se sont prononcés contre la réforme constitutionnelle voulue par le premier ministre italien à près de 60% de « non ». Plus qu’un vote, cela a été une véritable mise à l’épreuve de Matteo Renzi. Et une remise en cause de la politique qu’il a engagée depuis 2014. A son arrivée au pouvoir, il n’a pas caché sa volonté de réformer la constitution afin d’instaurer un bicamérisme parfait. Il a d’ailleurs prévenu qu’en cas de défaite, il ne resterait pas au pouvoir d’un gouvernement qui ne ferait que préparer les prochaines élections.

Palier l’instabilité institutionnelle

Matteo Renzi défendait le projet comme une manière d’améliorer la stabilité du gouvernement et d’accélérer le processus législatif en réduisant les pouvoirs du Sénat. Une réforme constitutionnelle nécessaire, selon lui, pour soigner l’instabilité politique du pays, qui a connu 60 gouvernements différents depuis 1946. La complexité institutionnelle en Italie est en fait une conséquence directe du passé fasciste du pays. Après le régime autoritaire qu’a connu l’Italie, la constitution a été mise en place en 1946 de sorte à ce que le gouvernement n’ait pas les pleins pouvoirs. Les lois sont longues à être mises en place pour éviter que le président du conseil n’ait les pleins pouvoirs. Par ailleurs, le projet de réforme implique une réduction du nombre de sénateurs, et l’opposition craint que cela n’induise une centralisation du pouvoir. En mettant ces principes à mal, le chef du gouvernement s’est vu reprocher de dériver vers un système autoritaire.

« Mon gouvernement voulait changer le système politique dans lequel les leaders sont toujours les mêmes et s’échangent les postes à responsabilité, et qui ne font rien pour changer l’Italie, qui restent toujours fidèles à leurs habitudes et bien collés à leur fauteuil »

Le bienheureux parti populiste

Bien que décrié, ce référendum est une aubaine pour le parti populiste d’opposition, le Mouvement Cinq Etoiles. Et peut-être un tremplin vers le pouvoir pour eux. Avec la démission de Matteo Renzi hier soir, des élections législatives anticipées sont probables. Le Mouvement Cinq Etoiles aurait maintenant toutes ses chances de les remporter tandis que le Parti Démocrate de Matteo Renzi en serait sans aucun doute écarté après l’échec cuisant de son leader.

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Matteo Renzi en Russie, en mars 2015 / CC Wikimédia

Un « Italexit »?

Le référendum laisse aussi présager des conséquences à l’échelle de l’Union Européenne. Le terme d’ « Italexit » a même été largement repris dans les différents titres de presse européens. Si le Mouvement Cinq Etoiles, populiste et eurosceptique, prenait le pouvoir, cela laisserait planer le risque d’un nouveau référendum sur une éventuelle sortie de l’Union Européenne. Lors de sa campagne pour le « oui » au référendum, le président du conseil aurait consciencieusement masqué les conséquences européennes d’un tel référendum afin de rallier les eurosceptiques à sa cause. Malgré l’échec de Matteo Renzi, cela prouve que le thème européen est au cœur des préoccupations en Italie. Par ailleurs, le « non » au référendum est craint pour le stress dans la zone euro qu’il pourrait provoquer.

Maintenant que les Italiens ont voté contre la réforme constitutionnelle, les prochains jours restent incertains quant à ce qui va se produire. Les premières décisions et réactions politiques devraient se faire entendre dans la journée. Deux conséquences sont cependant d’ores et déjà visibles: l’euro a chuté face au dollar à l’ouverture de la bourse et la démission de Matteo Renzi laisse la place au parti populiste.

Rachel Pommeyrol