Réforme du bac: entre lycéens et professeurs, les opinions sont variées

Le grand projet de réorganisation du baccalauréat a été confirmé dimanche 28 janvier par le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, sur France Inter. Les premières réactions se font entendre.

Dès 2021, les épreuves finales pour les lycéens ne seront plus que quatre, alors qu’elles se comptent entre dix à quinze actuellement. L’accent sera surtout donné aux contrôles continus censés mieux valoriser le travail annuel des élèves. Le ministre souhaiterait également réunir les épreuves de fin d’année autours d’un grand oral, une discipline «largement insuffisante aujourd’hui dans notre pays», dit-il. Les matières passées au baccalauréat pourraient même être sélectionnées par les élèves eux-mêmes.

Claire Boutoille, professeur d’anglais au lycée français de Meknès, au Maroc, reste sceptique face à ces réformes à venir: « Mes collègues et moi avons un peu peur car cela va être un changement total pour les élèves mais aussi pour les professeurs». Donner le choix des matières aux étudiants, comme le font déjà les élèves américains, cela revient en quelque sorte à créer son « menu » soi-même. Un choix personnel, qui risque de mettre à mal certaines matières: « Si les élèves choisissent tous les maths et l’anglais, qu’est ce qu’on va faire de l’histoire-géo, de la philo, et des matières parfois moins bien considérées par les lycéens? », s’interroge t-elle. Et si une poignée de matières sont favorisées à d’autres, la professeur s’inquiète que certains postes finissent par disparaitre, faute d’intérêt.

Des lycéens pas tous d’accord

Ces réformes qui viennent s’ajouter à celles de la sélection en université causent un certain émoi chez quelques lycéens. Jeudi 1er février, les syndicats lycéens, étudiants et enseignants ont lancé un appel à la mobilisation. Quelques milliers de lycéens ont ainsi défilé dans les rues de Paris en signe de protestation. Une faible mobilisation. D’autres marches sont notamment prévues à Bordeaux, Lille et Strasbourg.

Mais il semble que la majorité des lycéens soit favorable à une transformation du baccalauréat. Invités par le Ministère de l’Éducation à donner leur opinion au travers d’une consultation en ligne, près de 40 000 lycéens ont pris part à un sondage sur les refontes du bac. Parmi eux, 79% pensent que le baccalauréat doit être réformé. Aussi, 71% sont pour l’idée de mettre en place des contrôles continus. Cela les inciterait en effet selon eux à travailler d’avantage au fil de l’année et d’avoir une meilleure appréciation de leur efforts.
Mais quant au grand oral, cette discipline parfois stressante pour beaucoup, seuls 36% des interrogés sont favorables à sa mise en place. Quoi qu’il en soit, l’amélioration du système d’évaluation est en tête des principaux changements souhaités dans le système éducatif.

Une dernière proposition de Jean-Michel Blanquer risque par contre de créer beaucoup de réactions chez les lycéens dans les jours à venir, l’interdiction des téléphones portables au sein des établissements scolaires.

Pauline Leclercq