Le gaspillage alimentaire : où en est-on un an et demi après la loi Garot ?

En février 2016, la France était le premier pays à se doter d’une législation visant le gaspillage alimentaire, la loi Garot. Sa principale mesure consiste à obliger chaque supermarché de plus de 400 m² à rechercher un partenariat avec une association d’aide alimentaire pour lui céder ses invendus.

Dix millions de tonnes de nourriture jetées chaque année en France. 15,5 millions de tonnes de CO2 émises en France par les produits jetés chaque année ! Plus de deux ans après la loi, les effets sont bien là. Selon l’Antenne française du Programme alimentaire mondial des Nations Unies, elle a permis de faire augmenter de 22% les dons aux associations d’aide alimentaire. Autre point positif : l’apparition de nouvelles associations qui ont pour but de distribuer aux plus démunis. Donner des produits proche de la date-limite de vente qui étaient auparavant jetés par la grande distribution. Ces associations s’ajoutent aux Restos du cœur, la Croix rouge ou les Banques Alimentaires. On en dénombre près de 5 000 nouvelles.

« Too good to go », l’appli anti-gaspi

En juin 2016, Lucie Bash, diplômée d’HEC qui avait alors 29 ans, lance la première application anti-gaspillage disponible sur mobile, d’abord à Paris et à Lille. L’idée est toute simple: connecter « commerçants et citoyens pour sauver leurs invendus, de la poubelle à la fermeture » raconte la directrice et fondatrice.  Ainsi, le concept s’inscrit dans la lignée des populaires Deliveroo et UberEats. La différence, c’est que ce sera à vous de vous rendre dans le restaurant ou commerce dans lequel vous avez commandé. Mais l’avantage n’est pas seulement environnemental : le prix est cassé. « Géolocalisés, les utilisateurs repèrent les partenaires commerçants autour d’eux, payent un petit prix en ligne, et passent à la fermeture récupérer leur « panier surprise », composé en fonction des invendus du jour ». Deux ans après sa mise en place, l’application avait sauvé déjà 40 000 repas à Lille.

Cette idée respectable n’est pas née par hasard. Lucie Bash était ingénieure dans l’agro-alimentaire en Grande-Bretagne. Choquée par ce qu’elle découvre en terme de gaspillage dans le secteur, elle commence à chercher une idée pour combattre ce mal contemporain. C’est lorsqu’elle passe devant une boulangerie qui jette de nombreux produits que la jeune fille imagine le concept. Et si ces produits étaient plutôt récupérés par ceux qui en ont envie dans le quartier ?

D’autres start-ups s’attèlent à lutter contre le gaspillage comme Phenix, Jette pas partage, Optimum et une dizaine d’autres… Certaines depuis plus longtemps, d’autres ont vu le jour dans les derniers mois.

Discosoupe, le mouvement solidaire qui s’approprie l’espace public

L’association Discosoupe était présente au mois d’octobre à l’Université catholique de Lille. Les étudiants étaient invités à se préparer une soupe ou un smoothie gratuitement avec un choix élargi de légumes et de fruits, le tout en musique. Le but derrière l’événement était de sensibiliser les personnes présentes sur la nécessité de lutter contre le gaspillage alimentaire. La totalité des ingrédients proposés pour les soupes étaient tous des invendus récupérés. Hélène est responsable de l’association sur le secteur lillois. Elle à répondu à nos questions.

L’exemple français a été suivi par plusieurs pays, comme l’Italie, dès l’été 2016 ou encore la Finlande. De nombreux autres pays s’intéressent de près au sujet et envisagent de mettre en place une loi équivalente. Une loi européenne est en discussion pour lutter contre ce fléau.

Armand Lavenne