La nuit de la lecture, un cadavre exquis

Pour la troisième édition de la nuit de la lecture, de nombreux événements ont été organisés le 19 janvier, dans les librairies et les médiathèques françaises. A « la Chouette librairie » de Lille, la nuit de la lecture a été douce en découvertes de cadavres exquis.

Pas de lune ni d’étoiles dans le ciel, la nuit n’est pas encore tombée mais la nuit de la lecture a déjà commencé, rue de l’Hôpital militaire à Lille. Il est 16 heures. 

Quelques clients de « la Chouette librairie » passent la porte, errent à travers les romans, les revues et les albums. Certains ouvrent une page d’un livre attrapé au hasard, d’autres lisent les commentaires écrits sur le post-it d’un livre coup de cœur. Ils sont parfois interrompus par une drôle de proposition. Ce n’est pas un conseil de lecture mais une invitation.

« Voulez-vous détruire un livre ? ». Ainsi interpellés, quelques clients s’aventurent près d’une table recouverte de livres raturés, colorés, déchirés. Des feutres, des autocollants ou des poinçons y sont également parsemés. Eva Moreau, stagiaire, est là pour expliquer l’atelier ludique et original où « l’on réinvente le concept d’écriture […] sur le principe du cadavre exquis. ». A côté d’une chaise, une boite débordante de livres attend d’être fouillée. Un roman est attrapé, ouvert. L’une de ses pages est dépouillée de ses mots noircis par une main vigoureuse. Apparaissent à quelques endroits des lettres mises en valeur par une couleur, formant ensemble une nouvelle histoire. En se réappropriant les mots d’un écrivain, chaque participant est amené à révéler sa propre poésie. Le temps d’un instant, il a l’opportunité d’être lecteur en devenant auteur.

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Le sourire aux lèvres, l’air amusé, Hélène Woodhouse, gérante de la librairie découvre les réécritures avant de se prêter au jeu : « Il faut montrer que le livre n’est pas toujours l’objet sacré et intouchable. Les œuvres sont faites pour vivre et résonner. ».

A la fermeture, le soleil couchant a paré Lille d’ombres nocturnes. Il faut prêter l’oreille. Il semble qu’on puisse encore entendre des œuvres résonner et ricocher sur les pavés. Parmi ces œuvres, avez-vous reconnu celles de Mohammed Dib ? En début de soirée et jusqu’à 21 heures, ils ont envahi la Librairie Meura, s’échappant de plusieurs voix pour une exquise nuit d’une lecture polyphonique.  

Océane Pirez