Friche Saint-Sauveur : projet écologique ou « greenwashing  » ?

Porté depuis 2017, le projet Saint-Sauveur devrait voir le jour à l’horizon 2021. Habitations, commerces, infrastructures sportives ou bureaux, les 23 hectares de la Friche de St So’ devrait se transformer pour finalement devenir un quartier à part entière. Pourtant, la question de la durabilité du projet se pose : le futur quartier Saint-Sauveur est-il vraiment écologique ?

Un quartier “bas carbone”

Pour l’une des villes les plus polluées de France, l’idée de la construction d’un quartier durable et peu polluant est prometteuse. Cherchant une alliance optimale entre qualités environnementales des aménagements tout en permettant des retombées économiques suffisantes, la mairie a la volonté d’abaisser au maximum l’émission carbone du site. Dans un objectif de limitation des consommations énergétiques, les bâtiments et bureaux devront proposer des équipements permettant une réduction des émissions de gaz à effets de serre. Pour réduire les besoins énergétiques du quartier, un système de smart-grids – ou réseau électrique intelligent – adapté aux demandes des utilisateurs, sera mis en place.

Vers une mobilité durable

Pour compléter l’objectif du nouveau quartier vert lillois, les instigateurs du projet souhaitent miser sur les modes de déplacements “doux” comme la marche à pied, le vélo, la trottinette ou les rollers. Le but : réduire la place des voitures dans le quotidiens des lillois et augmenter les zones de rencontres pour les usagers. Dans le même objectif de réduire l’émission carbone générale des 23 hectares du futur secteur de la Porte de Valenciennes, des installations seront mises en place pour assurer un ralliement efficace aux services de transports en commun.

Projet écologique ou greenwashing ?

L’aménagement d’un tel projet aura une conséquence directe et permanente sur la faune et la flore locale. Afin de réaliser ce chantier colossal, la MEL a même dû demander une dérogation pour “déplacement et destruction d’espèces protégées”. Bien qu’aucun habitat patrimonial n’ait été évoqué sur ce site, ce dernier accueille néanmoins des espèces d’intérêts “patrimonial”. De plus, certaines espèces comme la plante Ophrys abeille ou la linaire couchée sont protégées. Le lézard des murailles, bien qu’en faible présence, l’est également. Ce chantier représenterait également une destruction de zone de chasse pour le faucon pèlerin -une espèce protégée et d’intérêt communautaire- ainsi que deux espèces de chauve-souris.

Bien que le projet prévoit une végétalisation importante, notamment grâce à un “corridor écologique” le long des voies ferrés, associations écologiques et « Europe écologie les Verts » s’insurgent face au projet : ce dernier a laissé entendre son refus quant à l’implantation de la piscine olympique, arguant la destruction du “seul vrai espace de nature […] de la Porte de Valenciennes”. Le parti insiste sur l’opportunité durable que les 23 hectares du projet auraient pu incarner. “L’urbanisation à outrance” dénoncée par les écologistes ne correspondrait pas aux besoins des Lillois et s’appuierait sur une conception dépassée de l’espace urbain.

Le projet, s’inscrivant dans une volonté d’un mélange de l’aspect fonctionnel, de mixité sociale et de développement durable a donc beaucoup à prouver pour convaincre l’intégralité des Lillois. En attendant, la mairie a tenté de convaincre les plus indécis en orientant l’aspect nécessaire du projet sur la construction de logements.

Nina Hatte