Le saviez-vous ? Il existe une trentaine de galeries d’art sur Lille, implantées principalement vers le centre-ville. Une trentaine de galeries et autant de portes à pousser pour pénétrer un univers où le beau s’illustre en s’inscrivant sur une toile, en se mouvant dans une matière, en s’incarnant dans un lieu.
Des sculptures triomphantes sur leur socle et des tableaux bien centrés sur des murs blancs ou de briques rouges, dévoilés par des spots lumineux orientés méticuleusement. A côté de chaque œuvre, une petite affiche nous informe de son nom et de ses principales caractéristiques dont son prix. C’est que ce lieu qui regorge d’art n’est pas un musée mais une galerie. L’accueil n’est pas assuré par un guide mais un galeriste bien que celui-ci guide quelques curieux à travers un univers artistique composé par un goût personnel touchant à l’universel.
Galeriste, métier volontiers fantasmé. « Pas un métier mais une passion » rectifie Michel Escudié, co-directeur de la galerie Artop. Une galerie d’art s’habille, certes d’œuvres, mais surtout de coups de cœur. Toute galerie est un regard, à la fois pluriel et singulier. Chacune propose une atmosphère, un imaginaire d’artistes divers et variés. Cette atmosphère est composée par la vision d’un galeriste dont le cœur est animé par les traits d’une esquisse, par le mouvement d’une sculpture, par la profondeur d’une photographie, bref par un style. Michel Escudié souligne qu’à l’instar d’un journal, une galerie a une ligne éditoriale. Celle de sa galerie répond à son goût et à celui de son associée Danie Lefévère. Tels deux journalistes, chacun a sa signature.
Le galeriste est un métier de transmission. « Le galeriste est un métier de passeur d’art. L’objectif est de créer le coup de cœur entre un travail confié par un artiste et le public, l’acheteur », explique Cécile Van Bockstaël, directrice de la Melting Art Gallery. C’est à ce moment-là sans doute que ce médiateur d’art devient conteur. Si derrière chaque personne, il y a une histoire. Derrière chaque artiste, il y a autant d’œuvres que d’histoires.
« Créer le coup de foudre, c’est être en capacité d’emmener le public dans un univers. C’est aussi être en capacité de communiquer, de faire savoir que les œuvres existent. », développe Cécile Van Bockstaël. Galeriste, métier de conteur, mais aussi métier de gestionnaire, de commercial, de chef d’entreprise.
Tous ces chefs d’entreprise ne sont pas nécessairement issus d’une formation d’histoire de l’art. Beaucoup ont une familiarité au monde artistique, une appétence pour le beau depuis l’enfance. Cynthia Caron, directrice de l’Abcynth Galerie, revient sur son parcours. Confrontée à l’art tôt avec une famille d’architectes, d’écrivains, d’artistes, Cynthia Caron s’est naturellement mise pour son propre plaisir à la peinture qu’elle pratique encore aujourd’hui. Devenir galeriste est un pari lancé par « des amis artistes pour lesquels je vendais mieux leurs toiles que certaines de leurs galeries », énonce-t-elle avec amusement. Pour Cécile Van Bockstaël, être galeriste est un rêve et une madeleine de Proust. Immergée au milieu d’œuvres d’art, ses pensées parfois s’égarent à un temps passé où son grand-père montait des expositions. Juriste de formation, selon elle, l’histoire de l’art n’est pas un passage obligé : « Ce que nous travaillons avec le temps, c’est un regard. Les yeux, c’est plastique. Cette expérience ne s’apprend dans aucun bouquin ».
Océane Pirez