Odezenne en concert à Lille : « Je pense qu’on fera encore la même chose dans 15 ans »

Les trois hommes originaires de Bordeaux donnent un concert au Splendid de Lille le mercredi 27 novembre 2019. La rédaction de Presse 360 a posé quelques questions à Jacques, l’un des chanteurs du groupe.

Pouchkine, le dernier EP – sublime – d’Odezenne, est sorti le 13 septembre dernier. Musique planante, textes engagés et poétiques… Les cinq morceaux s’inscrivent dans la continuité de leur album Au Baccara. Le 27 novembre 2019, les Girondins interpréteront leurs titres sur les planches du Splendid de Lille. En attendant leur concertPresse 360 s’est entretenu avec Jacques Cormary (à droite sur la photo), l’un des deux chanteurs du trio.

Presse 360 : Dans le groupe, vous êtes trois avec Mattia et Alix. Comment fonctionnez-vous pour la composition de vos morceaux ? Est-ce que c’est Mattia qui gère le son et les deux chanteurs qui écrivent les textes ?

Jacques Cormary : Exactement, on fonctionne comme ça depuis le début. C’est notre faculté aux uns et aux autres. Alix et moi, c’est le texte et le chant. Mattia, la musique. Ça dure depuis 15 ans, mais des fois il peut y avoir des toutes petites notes de chant de Mattia. Ou parfois des toutes petites notes de synthé ou de batterie d’Alix ou moi.

Titre d’Odezenne : Je veux te baiser

Tu as écrit Je veux te baiser, l’un de vos plus gros succès. Comment te sont venues les paroles ?

Ma meuf me faisait écouter la reprise d’un morceau que j’aimais bien quand j’étais petit. J’ai voulu le sampler. Et pour déconner jusqu’au bout, j’ai écrit ce morceau comme une lettre d’amour, une blague d’amour, pour elle. Elle a fait les refrains et moi les couplets.

« Nos chansons, c’est un peu comme nos enfants »

Te considères-tu comme un rappeur ?

Je me considère comme rien du tout. On fait juste ce qu’on essaie de faire. Avant, les gens disaient qu’on était des rappeurs, puis des poètes… Pouvoir dire ce que je suis, ça laisse présager que je me pose. Mais je n’ai pas le temps pour ça. Et on s’en fout un peu quelque part.

Vous venez de sortir Pouchkine, votre nouvel EP. Y a-t-il un titre qui te tient particulièrement à cœur ?

Y en a plusieurs ! Nos chansons, c’est un peu comme nos enfants. Dans une interview, Mattia a dit Delta. Mais je dirais les cinq.

Odezenne donnera un concert au Splendid de Lille le 27 novembre. (©Edouard Nardon et Clément Pascal)

Sur votre album Au Baccara dans les bacs depuis un an, figure le titre Bleu Fuchsia. Quand on l’écoute, on a vraiment l’impression d’être au marché de Rungis. Fait-il référence à une période de ta vie ?

Oui, quand j’avais 15 ans et demi, j’y travaillais. Je déchargeais les camions et je triais les fruits, des poires et des pommes. À l’époque, c’était inespéré de sortir un disque !

« Je préfère quand les gens sont moins bons en art mais bons en tant qu’hommes »

Comment en es-tu arrivé à la carrière que tu as aujourd’hui ?

Ce n’est pas donné à tout le monde. Les gens disent qu’il y a beaucoup de chance. Je n’ai pas eu la chance de réseau ou de piston, mais j’ai eu l’idée de faire ce que je fais, et les gens écoutent ça. J’ai su être au bon endroit au bon moment. 

Pendant toutes ces années, est-ce qu’il y a des rencontres qui t’ont marqué ?

Franchement non. Hormis des copains : Sexy Sushi, Vitalic ou Salut C’est Cool. Tu te fais plus des copains, ce sont des rencontres fortes. Tu vis quelque chose avec des gars qui font la même chose que toi. Ils font plaisir aux gens. Je suis peu impressionné par les choses. J’en ai rien à foutre de ce que quelqu’un a fait. Les grands artistes ont un peu une vie de merde. Je préfère quand les gens sont un peu moins bons en art mais bons en tant qu’hommes.

Titre d’Odezenne : Bleu Fuchsia

En janvier, vous avez organisé un « live » dans votre maison. Comment ça s’est passé ?

Ce n’était pas notre maison parce qu’on serait multi-millionnaires sinon (rires) ! C’est une baraque qu’on nous a prêtée, à Contis. On a loué deux bus et mis en place une loterie nationale. Il y avait 108 personnes tirées au sort. Tous ces gens venaient à telle heure, à tel endroit dans Bordeaux. Puis ils avaient deux heures de route pour venir dans la maison. On voulait faire un truc un peu ouvert.

Ça fait à peu près 15 ans qu’Odezenne existe. Tu te vois faire quoi dans 15 ans ?

Dans 15 ans… Je pense que je ferai la même chose ! Mais toujours à trois. On aura peut être fait d’autres choses entre temps. Mais on fera toujours ça, je pense.

Propos recueillis par Olympe Bonnet