Qui sont ces militants qui rejoignent « Extinction-Rébellion » ?

Importé de Londres en mars dernier, ce n’est qu’à l’occasion de la semaine d’occupation de la Rue du Châtelet à Paris, commencée le 9 octobre, qu’Extinction Rébellion a été médiatisé en France. Ce mouvement écologiste mondial prône la désobéissance civile dans la non violence. Un groupe aux objectifs clairs et aux profils très variés. 

Quai de Seine, samedi 12 octobre, Lola Mahieu

 « Extinction Rébellion c’est la bonne humeur. Les gens mangent, dansent, et chantent ensemble. Il y a des familles. On ne veut pas faire peur aux gens. D’ailleurs, beaucoup d’enfants ont fait part de leurs peurs environnementales à leur parents. Par exemple, la co-organisatrice est là parce que sa fille de 13 ans lui a présenté le mouvement avec des arguments solides. C’est comme ça qu’on atteindra l’opinion publique. » Mattieu a 20 ans et c’est sa manière de décrire la manifestation du samedi 12 octobre devant l’Assemblée Nationale. S’il fallait déterminer les profils qui forment ce groupe, ce sont surtout des jeunes âgés de 25 à 35 ans, qui ont fait des études supérieures. Des jeunes déjà sensibles à la cause environnementale mais qui ne se retrouvent plus dans les mouvements « classiques » et parfois vieillissants.

Mattieu confie avoir appartenu à ANV COP 21 (1) mais être frustré par le manque d’action, « dans tous les cas on en entend moins parler d’eux ». Si Extinction Rébellion touche particulièrement les étudiants, on y retrouve aussi des figures plus politisées, à l’image de Bas, 27 ans, responsable stratégique et politique du groupe aux Pays-Bas. Il déclare avoir déjà été arrêté par la police à la Cour Pénale de La Haye. Lui manifeste car c’est « un ras le bol que l’on culpabilise le consommateur. Est-ce que c’est vraiment normal que nous puissions rentrer dans un Primark et acheter un tee-shirt à 10€ qui pollue et qui est fait par des enfants ? Non ! En tant que consommateur on n’a pas l’information sur comment c’est fabriqué. C’est complètement incohérent, on nous rabâche une vision de la nature humaine qui nous dit que nous sommes tous égoïstes. C’est faux. » Si les revendications sont claires, les procédés le sont tout autant.

« Rester innocents mais destructifs »

 Le drapeau d’Extinction Rébellion flotte au dessus de tous ce samedi. Un cercle pour symboliser la Terre, qui englobe un sablier synonyme du temps qui passe et qu’il est temps d’agir. 

Quai de Seine, samedi 12 octobre, Lola Mahieu

Cette semaine de mobilisation, intitulée « l’Archipel des Nouveaux Mondes », est bien organisée. Elle a lieu dans un secteur qui englobe l’Assemblée Nationale, le Pont de Sully, la Rue de Rivoli en passant par les Quais de Seine. Plusieurs ateliers sont organisés, l’un pour informer la population à travers l’intervention de spécialistes écologistes, l’autre pour danser, chanter et manger ensemble. Toute cette semaine de mobilisation s’articule autour de leurs quatre revendications de base. La réduction effective des gaz à effet de serre d’ici 2025, la reconnaissance de l’urgence climatique par une communication claire et l’arrêt immédiat de la destruction du monde marin et terrestre… ces trois premières revendications prendront place grâce à la création d’une Assemblée Citoyenne. « Pour nous, c’est garder l’idée de démocratie. Cette Assemblée serait basée sur l’humain et pas sur l’intérêt des grands groupes. Nous nous basons sur des réalités physiques » confie Bas. 

Pour les organisateurs, ces manifestations ont deux objectifs. Si le premier est commun à toutes les manifestations, c’est-à-dire donner une visée médiatique pour se faire entendre auprès des politiques, la seconde est propre à Extinction Rébellion. Par les différents ateliers organisés, l’idée est d’attirer un nouveau public, celui-ci pourra à son tour parler du mouvement autour de lui.

« Gratter la zone de confort de chacun, pour qu’il se questionne, se mobilise et sensibilise les autres. Pour moi, c’est comme ça que le mouvement est né »

Mattieu

Coté lillois, le groupe s’organise. Après la création d’un « 81ème parc » et le déploiement d’une banderole sur le beffroi, le prochain rendez-vous est prévu jeudi 14 novembre à Lille.

Lola Mahieu