Lens ou le spectre de la montée

Champion d’automne depuis samedi après son succès (1-0) contre Niort à Bollaert-Delelis, les Lensois ont toutes les cartes en mains pour s’assurer une promotion à l’échelon supérieur en fin de saison. Cette année est-elle la bonne ? Décryptage.

Lens-Sochaux à Bollaert-Delelis le 23 novembre 2019

L’ambiance était à la fête samedi après-midi aux alentours de 17 heures lorsque Lens glanait un succès précieux et compliqué face aux Chamois niortais après l’exclusion de Simon Banza, vingt minutes plus tôt. Une victoire qui permet aux Sang et Or de Phillipe Montanier de remporter le titre honorifique de champion d’automne. La statistique est formelle : lorsqu’une équipe de Ligue 2 possède 40 points à la mi-saison – ce que comptabilise le Racing Club de Lens à l’heure actuelle -, elle est toujours montée. Oui mais voilà, Lens n’est pas un club ordinaire.

Lens, un club habitué aux désillusions

Depuis quelques années, Lens s’y connaît en termes de désillusion. Sur les dix dernières années, le club artésien n’a évolué que trois saisons dans l’élite du football français. Maigre pour une équipe qui est tous les ans le plus gros budget de Ligue 2. Chaque été pourtant, Lens est annoncé comme le favori de la saison à venir. Cette année ne fait pas exception à la règle. Avec les arrivées de plusieurs joueurs confirmés de Ligue 2 (Tony Mauricio, Manuel Pérez, Gaëtan Robail, Florian Sotoca…) et de Ligue 1 (Yannick Cahuzac, Steven Fortés, Corentin Jean qui vient d’être prêté par Toulouse pour la deuxième partie de saison), la troupe lensoise s’affirme comme un concurrent redoutable. Pour un bilan de 12 victoires, 4 nuls et 3 défaites, Lens n’a perdu que deux matchs au mois d’août à domicile contre Le Havre (1-3) et à Troyes (2-0). Après cette défaite dans l’Aube le 24 août dernier pour le compte de la 5e journée, les Sang et Or ont entamé une série très intéressante de 10 matchs sans défaite avant de céder dans un derby houleux face à Valenciennes (2-0) où les Lensois ont fini le match à 9. Depuis, les coéquipiers de Jean-Louis Leca se sont remis en selle et totalisent trois nouvelles victoires contre Chambly (3-0), à Ajaccio (2-1) et contre Niort (1-0), ce qui leur permet de reprendre la place de leader au Lorient de Christophe Pélissier, défait 3-0 à Valenciennes vendredi soir.

Cependant, il ne faut pas oublier les hésitations de Lens dans le jeu. Peu habitués à être régulier sur 90 minutes, les hommes de Philipe Montanier devront améliorer certains points s’ils ne veulent pas connaître un nouvel échec. Petite alerte : les Artésiens sont déjà éliminés des deux coupes nationales après des défaites face à Nîmes et surtout contre Dieppe. Car, comme évoqué ci-dessus, les Sang et Or ont souvent échoué ces dernières années dans le sprint final. On se souvient tous du but d’Emmanuel Bourgaud à Reims de mai 2017 (2-1) dans le temps additionnel qui a permis aux Amiénois de coiffer Lens au poteau dans la course à la Ligue 1; ou encore du barrage de promotion contre Dijon en mai dernier où les hommes de Guillaume Gillet avaient encore échoué tout près du but. Depuis 11 ans et la descente de 2007-2008, Lens n’a pour le moment jamais su se relever. Certes, les Lensois ont connu la Ligue 1 deux saisons entre 2009 et 2011 et en 2014-2015 mais y ont seulement fait figuration. Délocalisés à Amiens, privés de Bollaert-Delelis, ils ont soldé cet exercice d’après coupe du monde 2014 bon dernier avec un total de 29 points et seulement 7 victoires…

Depuis la saison 2007-2008 (ici Lens-Bordeaux en mai 2008, le match qui envoie les Sang et Or en deuxième division), Lens n’est plus un membre permanent de Ligue 1. (Source : Wikipédia)

Une deuxième partie de saison déterminante

Certes, les Sang et Or sont premiers actuellement. Mais ils comptabilisent seulement un point d’avance sur Lorient (2e) et deux sur Troyes (3e). Or, on le sait, maintenant, seules les deux premières marches du podium offrent un billet direct dans l’élite du football français. Souvent habitués aux bonnes séries comme la saison dernière où les Artésiens avaient enchaîné 21 points sur 21 possibles après sept journées de Ligue 2, cela n’a pour le moment jamais suffi pour remonter en Ligue 1. La régularité, tel est le souci de Lens depuis des années, aussi bien au niveau comptable que dans le jeu. D’ailleurs, Phillipe Montanier ne s’en cachait pas après le succès contre Chambly (3-0) le 3 décembre dernier : « On voit bien qu’il y a 5-6 peut-être 7 prétendants et qu’il ne faudra pas lâcher, être consistants, fiables sur la durée et pas seulement un match. » Comme un air de déjà-vu.

Car le mois de janvier sera déterminant. Deux déplacements compliqués à Guingamp et au Havre, où les Sang et Or ne sont jamais en odeur de sainteté et une réception de Clermont, qui joue les troubles fêtes cette année. Février marquera aussi un tournant avec la réception de Troyes, concurrent direct alors que le 3 avril, Lens se déplacera sur la pelouse de Lorient pour un choc. Cependant, les grands matchs seront certes importants mais gagner les matchs plus abordables seront déterminants, tant la Ligue 2 est un championnat à échelle variable où chaque équipe peut faire un mauvais pas. Alors est-ce la bonne saison ? Il faudra attendre. En tout cas Lens est prévenu. S’il veut retrouver son lustre d’antan et accéder à nouveau à l’élite française, il lui faudra être régulier, qualité qui lui fait tant défaut ces dernières années…

Gaëtan Robail célébrant son but contre Niort le 21 décembre 2019. Les lensois sauront-ils continuer sur leur lancée en 2020 ? (Source : lesprolongations.com, Martial Goarnisson)

Nathan Bricout