Surpris d’entrée par le faible Portugal, les Bleus du handball devaient battre la Norvège hier, pour ne pas être sortis au premier tour de l’Euro. Contre les vice-champions du monde, un bien meilleur match n’a pas suffi à éviter le désastre. Fin de cycle, à quelques mois des JO ?
Ce fut mieux. Bien mieux. Après une dérangeante défaite contre des Lusitaniens plus habitués à tâter une balle ronde au football, les hommes de Didier Dinart jouaient leur survie face à la Norvège, ce dimanche, un des favoris de l’Euro. Débordés en début de match, les Experts se réglaient au fur et à mesure de la première mi-temps, dans le sillage d’un Vincent Gérard énorme dans ses cages. Menés de 3 buts après 15 minutes de jeu, Fabregas et Guigou firent enfin chauffer le moteur : à la pause, les Experts étaient devant ! 15-14, dans un vrai match de hand cette fois, intense et disputé. De quoi se dire que les coéquipiers d’un Romain Lagarde parfait à la mène venaient de rentrer dans leur Euro, concernés, concentrés.
Mais la Norvège, à domicile, n’est pas vice-championne du monde pour rien. Et si au retour des vestiaires un Ludovic Fabregas en feu ajoutait deux autres buts, pour mener 18-15, un problème de taille survenait. Bergerud, l’immense gardien scandinave, dressait un mur face aux attaquants bleus. Revenus puis passés devant 19-20, les Norvégiens firent alors monter la température, dans une salle acquise à leur cause. Dans un match devenu étouffant, les deux équipes se rendaient coup pour coup. Jusqu’à un nouveau trou d’air pour les Experts… A dix minutes de la fin, ils perdaient le momentum, ce qui a tant fait leur force par le passé. Le génie de Sander Sagosen, les transitions rapides des ailiers scandinaves, et Torbjorn Bergerud finirent le travail. 28-26, score final, retour à la maison avant même le tour principal pour la France. Une première depuis 1978 à l’Euro. Catastrophique.
Une claque pour mieux repartir aux JO 2020 ?
Si le bilan de cet Euro est dur à encaisser, il est nécessaire pour prendre enfin conscience d’une chose. Cette EDF est tout bonnement en fin de cycle, avec des cadres vieillissants, des jeunes pas encore au niveau de leurs glorieux devanciers. Le renouvellement arrive, avec les Dika Mem ou autres Elohim Prandi, et les grands anciens feront certainement leurs derniers pas sur le terrain cet été, si les Bleus passent le Tournoi qualificatif d’avril. Michaël Guigou a 37 ans, Nikola Karabatic, Luc Abalo et Cédric Sorhaindo 35, et si une partie du groupe a été championne du monde en 2017, puis médaillée de bronze à l’Euro 2018 et au Mondial 2019, les Experts se rapprochent de la fin de la série. Didier Dinart, après la déroute, s’est d’ailleurs exprimé de manière claire sur la situation. Un discours révélateur d’une situation délicate, certes, mais aussi d’une certaine lucidité sur une équipe qui a tant trusté les titres et les podiums depuis des années. « Je ne sais pas s’il y a une crise. Aujourd’hui la faute n’est à personne. Ça montre où on en est et le travail qu’il y a à faire. C’est un passage à vide et la France est peut-être là où elle doit être », ajoutant que l’EDF est « simplement à son niveau ». Un constat qui colle à ce qu’on a pu voir depuis le début de la compétition et l’an passé, quand les Bleus avaient été détruits par le Danemark en demi mondiale (38-30). Les Experts sont désormais Danois, Suédois, ou Norvégiens. Qu’on le veuille ou non.
Clément Maillard
(Photo de couverture AFP / Le Monde / France Info Sport.
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