Pollution lumineuse : Lille baisse la lumière

Depuis le 1er janvier 2020, de nouvelles mesures concernant la prévention, la réduction et la limitation des pollutions lumineuses sont entrées en vigueur. Lille fait partie des premières villes de France à tenter de répondre à cette problématique.  Cette pollution a des conséquences néfastes sur l’environnement, la faune, la flore mais également sur l’homme.

D’après la Nasa, les surfaces éclairées sur l’ensemble de la planète ont augmenté de 2,2% par an entre 2012 et 2016. Et selon l’ONU, 60% des Européens ne peuvent pas regarder la voie lactée. Autrement dit, une immense partie de ces territoires est tellement éclairée par des lumières artificielles qu’il est difficile pour les habitants de voir les étoiles. En dehors du fait qu’ils ne peuvent s’adonner à une soirée romantique sous le ciel étoilé, ces chiffres montrent combien la lumière artificielle est présente. Et pourtant, cette dernière nuit à l’obscurité normale et nécessaire de la nuit. Elle interfère et dérègle le système naturel de certains insectes, certains poissons et certains mammifères. En France, l’Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturnes (ANPCEN), affirmait qu’en 2018, la quantité de lumière émise la nuit par les éclairages publics avait augmenté de 94 %. Pour remédier à la pollution lumineuse,  4 à 6 projets de trame noire ont été réalisés et Lille et Douai en font partie. Une trame noire est un espace non éclairé ou en partie pour la biodiversité nocturne.

Un projet nécessaire pour les villes et ses habitants

La pollution lumineuse est une « catastrophe pour la biodiversité » affirmait Yohan Tison écologue à la municipalité de Lille. Toute la chaîne sauvage de l’espace exposé se trouve déréglée. Trop de lumière la nuit tue les larves des moustiques appelaient chironomes ou « ver de vase ». S’il y a moins de larves, alors il y a moins de nourriture pour les poissons et moins d’insectes pour les chauves-souris. Le murin Daubenton,une espèce de chauve-souris prése à Lille, n’ose plus sortir chasser la nuit. La lumière l’expose davantage aux prédateurs. Quant aux papillons de nuit,ils se retrouvent piégés par les lampadaires.

Mais les conséquences ne s’arrêtent pas là. La pollution lumineuse a également un effet sur l’homme. Elle dérègle les cycles du sommeil et influe sur les hormones et le stress.

La ville de Lille a donc mis en place le projet Luciole (Lumière Citadine Optimisée pour l’Environnement). Le projet protège, depuis 5 ans, les 110 hectares de la citadelle contre la pollution lumineuse.  Luciole impose une diminution de la densité des lumières permettant aux espèces de sortir sans être gêné. L’éclairage est moins fort grâce aux LED. Il est également doté d’un détecteur de présence. La lumière s’éteint une fois que la personne est passée. Les animaux et insectes peuvent donc se balader plus loin. Ainsi, ils peuvent rencontrer d’autres colonies et éviter la consanguinité. Selon La Voix du Nord, plus de 1086 % de contacts avec les murins ont été signalés depuis la mise en place de ce projet.

Site de la Mairie de Lille. Le projet LUCIOLE (LUmière Citadine Optimisée pour L’Environnementa pour objectif de restaurer la biodiversité du parc de la Citadelle à Lille, tout en améliorant la qualité de son éclairage pour les usagers. Il a été mis en service fin 2017

Une pollution toujours présente

Bien que Lille tende vers une diminution importante de la pollution lumineuse, une bonne partie de la ville reste éclairée. Un autre projet de valorisation du patrimoine a mis en lumière des structures comme la porte de Paris ou le théâtre Sébastopol.  Les magasins continuent de faire briller leurs produits dans les vitrines. Les nouvelles réglementations de janvier 2020 montrent que des améliorations sont à réaliser.

 Le principal frein à l’absence de lumière totale est l’aspect psychologique, celle de la peur du noir. L’homme s’est habitué à l’éclairage nocturne. Elle lui procure un sentiment de sécurité.

Maëlliss Pattiaz