« EMS synthé A » : non, ce n ‘est pas un nouveau virus !

Imaginez un instrument devant satisfaire à la fois un scientifique névrosé et un artiste siphonné en recherche permanente d’excentricités. Croyez le ou non, il existe et nous avons eu la joie de rencontrer l’un de ses propriétaires, Antoine, alias DJ Maucook. Retour vers le futur pour comprendre l’histoire et les mécanismes du très ancien synthétiseur modulaire EMS synthé A. Promis, ce n’est pas le nom d’un nouveau virus !


Démo du synthé EMS synthi dans le modeste studio aménagé d’Antoine

Qu’est ce qu’un synthétiseur modulaire ?

Pour faire simple, c’est une grosse machine composée de plusieurs modules indépendants, avec des fonctions différentes. On retiendra parmi eux l’oscillateur, le filtre et l’amplificateur, par exemple. Libre à l’instrumentiste de jouer avec leur interconnexion afin de composer un immense panel de sons différents. On appelle ça le “design sonore”. La découverte de cette interconnexion, qui se fait généralement par l’intermédiaire de câbles de couleurs, a véritablement révolutionné la musique électronique en 1969 avec l’invention du premier synthé modulaire. La société britannique EMS, à l’origine du synthé dont nous allons parler, constituera par la suite l’un des plus importants fabricants de ce type de produit. Aujourd’hui, seuls quelques vendeurs proposent encore des pièces détachées, et même certains synthés, mais à des prix très élevés.

Quelle est la particularité du EMS synthé A ?

Déjà il est très beau. Mais sa singularité réside dans sa matrice, c’est à dire la partie réservée aux interconnexions entre modules. 

Matrice d’un synthé EMS A

Dans un soucis d’espace, de praticité, mais aussi de facilités, le synthé EMS synthé A ne s’encombre pas de spaghettis de câbles mais de petits embouts de couleurs qui déterminent l’entrée et la sortie des modules. “C’est la principale raison pour laquelle j’ai craqué pour ce modèle. Cela me permet de me concentrer sur les modules sans m’embrouiller” nous confie le musicien.

Composé de trois oscillateurs (trois sons différents simultanés possibles), il est également possible d’accorder le synthé et de synchroniser les sons. Parmi les autres options, le filtre compte parmi les plus importants. En tournant son bouton, vous ferez ainsi varier la fréquence de l’oscillateur de votre choix. L’enveloppe, quant à elle, propose de régler “l’attaque” et le “delay”, c’est à dire le moment et la durée de votre signal. Enfin, pour les plus gourmands, la reverb, le générateur de bruit (ce bouton résume plutôt bien l’engin) et le joystick (notre préféré!) vous permettront de prolonger le loisir.

Les boutons de réglages des oscillateurs                Le Joystick


A-t-on vraiment le contrôle sur la machine?

Tout l’intérêt du synthé modulaire réside là. C’est une expérience sonore rare pendant laquelle il est possible de saisir le rôle d’une pluralité de facteurs, et créer de A à Z un timbre nouveau. “En s’exerçant, la part de hasard diminue bien entendu, mais la machine opère toujours avec une certaine marge de variabilité.” confirme Antoine. Par exemple, à l’allumage, le son ne sera pas le même qu’après vingt minutes d’utilisation, car la température influe sur les composants…

En résumé, avec le synthé EMS synthi A, les amateurs de surprises seront servis.

A l’attention des plus sceptiques, voici deux exemples d’artistes, et pas des moindres, ayant utilisé cet instrument dans leur composition:

Emilie Cordier