Interview : les gérants de bar « inquiets pour l’avenir »

Remi Dauchy est gérant du Quai des bananes situé rue Royale à Lille. Il est, comme tous ses collègues de Lille, concerné par la décision préfectorale de fermeture à 22 h. Il nous explique l’impact que celle-ci aura sur son établissement.

  • Qu’est-ce que vous pensez de cette décision de fermer les bars à 22 h pendant 15 jours ?

« Pour nous, c’est la réglementation de trop. On avait accepté la fermeture des bars à 0 h 30 pour limiter les risques de propagation du virus. Le gouvernement essaye maintenant de pointer les bars ou les restaurants comme responsables des clusters sans faire aucune différence. Mon bar installe et sert les personnes à table. A aucun moment les clients ne se baladent dans l’établissement sans porter un masque. Le gouvernement a choisi de sanctionner tout le monde sans faire dans le détail. » 

  • Ça représente quoi 15 jours de fermeture à 22 h dans le budget d’un bar ?

« En fermant à 0 h 30, on a perdu 30 % de notre chiffre d’affaire du week-end. Aujourd’hui, en fermant à 22 h, c’est 73 % de perte. Alors pendant 15 jours on va survivre, mes employés seront au chômage partiel, mais on ne gagnera rien. Le problème, c’est si ça continue… Notre trésorerie va fondre et on risque soit de s’endetter soit, dans le pire des cas, de fermer définitivement. On est inquiet pour l’avenir. »

  • Pourquoi avoir choisi de manifester mardi soir ?

« Le préfet est descendu rue Masséna un jeudi soir et a choisi de sanctionner tout le monde. Ce qu’il a vu ce soir-là n’est pas du tout représentatif de ce qui se passe dans d’autres bars à Lille. On ne veut pas être puni parce qu’un quartier ou quelques patrons de bar font défaut. On s’est rassemblés mardi pour montrer notre solidarité avec l’ensemble des représentants de bar. »

Romain Goudarzi