Lille : capitale du design ou design capital ?

Avec ces expositions, Lille fait honneur à son titre de capitale mondiale du design 2020 en proposant deux expositions : « Les usages du monde » et « The labour of love ». Elles pourront être admirées jusqu’au 8 novembre.

Un tissu entièrement fabriqué par des mites, de la vaisselle façonnée par le calcaire, des textiles à base d’algues, cela vous surprend ? Il pourrait pourtant s’agir du design du futur.                       

Nommée Capitale Mondiale du Design en 2020, la ville de Lille fait honneur à son titre avec l’ouverture de l’Automne 2020, depuis le 9 septembre. Deux expositions :  Les usages du Monde et The labour of love se trouvent dans la célèbre salle d’exposition lilloise, Gare Saint-Sauveur.

« Prendre de la distance avec le « toujours plus » du monde capitaliste »

Ice Stupa Glacier, Ladakh, Inde Sonam Wangchuck/ Un glacier artificiel pour stocker de l’eau :

Quel plaisir pour les adeptes d’art et les curieux, de pouvoir malgré le contexte sanitaire, retrouver le chemin des expositions ! Une fois dans l’entrepôt, les visiteurs prennent un billet pour un tour du monde autour des pratiques permettant d’habiter la terre autrement. De l’Ardèche, au Caire, en passant par la Mongolie ou le Japon, les Usages du Monde, nous permettent de découvrir des modes d’habitations futuristes et/ou traditionnelles qui s’inscrivent pleinement dans les problématiques environnementales actuelles.  

C’est la crise sanitaire mondial qui a inspiré la ligne directrice de l’exposition comme en témoigne Fabienne Bergère, philosophe :

« Nous sommes des humains vulnérables, la pandémie du COVID 19 a rendu visible cette fragilité que beaucoup avaient pu oublier. Les usages du monde où les manières autres d’habiter la planète sont le contraire d’une mainmise violente sur le monde. Ils ne relèvent pas du grand soir révolutionnaire. Ils prennent leur distance avec le « toujours plus » du monde capitaliste ». 

De l’autre côté de l’entrepôt, the Labour of Love imaginée par Lidewij Edelkoort prévisionniste hollandaise des modes et tendances futures, reconnus internationalement.

Comment imaginer le futur sans penser à l’environnement ?

Difficile de ne pas se perdre, dans la multitude d’oeuvres artistiques engagées composant the Labour of Love. Heureusement, aux détours des allées, on peut croiser les nombreux intervenants sur l’exposition, chargés d’éclairer les curieux. Carl-Stein Mouchon, anthropologue, intervient depuis septembre sur l’exposition :

« La clé de lecture c’est un design contemporain résolument attentif aux modes de productions, aux matériaux et aux artisans. Aujourd’hui, nous sommes habitués aux meubles lisses, reproduits des milliers de fois à l’identique et vendus dans la grande distribution. Polluant, ces modes de productions ne laissent pas place à l’innovation, à la singularité et oublient les précieux savoirs faire artisanaux ».

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est dsc_1525-copie-1.jpg
Carl-Stein Mouchon (à gauche) , anthropologue, intervient depuis septembre sur l’exposition. Ici, il présente les oeuvres Gatti Chair et Lumsdale Square Pendent Lamp de Full Grown.

Qu’on les aiment ou non,  ces expositions provoquent et invitent le visiteur à remettre en question nos modes de consommation, de production et d’usages. En observant une tapisserie, entièrement réalisé en crin de chèvres, selon l’ingénierie ancestrale bédouine, nous sommes forcés à la comparaison avec nos propres tapisseries souvent composés de matières plastiques et réalisés à la chaine dans des usines. Pour autant, l’optimisme domine à travers cette exposition en montrant que des alternatives sont possibles. Reste à se laisser surprendre.

Pour les retardataires… pas de panique! Ces expositions gratuites, sont visibles jusqu’au 8 novembre, Gare Saint-Sauveur.

Cécilia Leriche

Une réflexion sur “Lille : capitale du design ou design capital ?

Laisser un commentaire