Octobre rose : le mouvement se réinvente cette année

Du 1er au 31 octobre, à Lille mais aussi dans toute la France, le monde médical est mobilisé dans la lutte contre le cancer du sein. Mais en pleine pandémie, les préventions, campagnes de sensibilisation et de dépistage sont mises à mal et les hôpitaux et associations s’organisent différemment.

Lille se pare de rose. Le palais des Beaux-arts, la Maison folie-Wazemmes ou la mairie du quartier Fives font partie des huit bâtiments de la ville illuminés pour l’occasion. Des actions symboliques que le coronavirus ne peut empêcher. Pour cette 27ème campagne, les hôpitaux et les associations se retrouvent confronter à la pandémie et la plupart des événements habituels se tiendront autrement, voire pas du tout. La traditionnelle marche La Jeanne, organisée par le Centre Hospitalier Universitaire de Lille, a par exemple été annulée et les conférences sont tenues à distance. Sur Instagram, le personnel de l’établissement répondra mardi aux questions des internautes sur la reconstruction mammaire. Même son de cloche à l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul, membre du Groupement des Hôpitaux de l’Institut Catholique de Lille (GHICL). Des vidéos informatives seront diffusées et une question sera posée aux internautes deux fois par semaine, dans le but d’informer et de prévenir. Un concours photo est même programmé par l’établissement. Des difficultés d’organisations supplémentaires pour des hôpitaux déjà surchargés, mais certaines actions ont quand même vu le jour. La Caravane rose s’est garée sur le parvis du CHU afin de prodiguer des soins relaxants au personnel de cancérologie et aux patients. Le 21 octobre se tiendra l’habituel atelier de confection « Coussin Cœur ». Ils seront offerts aux patientes atteintes d’un cancer du sein. De par leur forme, ils permettent de soulager les douleurs. Le Challenge Ruban Rose s’est aussi adapté à la situation. Au lieu d’une course programmée à une date précise, tout le monde peut aller courir en rose sur Lille, quand il veut et où il veut, équipé du t-shirt et du masque adéquat fournis par les organisateurs.

L’autopalpation mise en avant

Le programme national de dépistage recommande une mammographie tous les deux ans pour toutes femmes âgées de 50 à 74 ans ne présentant pas de risque particulier (tabagisme, alcoolisme…). Ces tests sont intégralement remboursés alors qu’une femme sur huit risque de développer un cancer du sein au cours de sa vie. D’après le centre Oscar-Lambret, la pandémie a provoqué un retard de dix semaines dans le dépistage ! Qui plus est, détecter la maladie le plus tôt possible augmente les chances de guérison totale. Pour ce faire, l’autopalpation est plébiscitée. L’hôpital Saint-Vincent-de-Paul a marqué les esprits avec son slogan : « Pas de distanciation pour vos mamelons, continuez l’autopalpation ». L’établissement y consacre l’une de ses vidéos informatives. Cette technique consiste à une inspection visuelle minutieuse et à une palpation de l’intégralité des deux seins afin de détecter des rougeurs, des changements de forme, des écoulements, des boules palpables, une rétraction ou encore un épaississement de la peau. Si doute il y a, une consultation est nécessaire. Très pratiquée en Europe du Nord, l’autopalpation reste assez impopulaire en France alors qu’elle augmente les chances de dépistage précoce. Et par conséquent de guérison.

Mathieu Alfonsi