Samedi soir, les Bleus du rugby vont reprendre le fil de leur nouvelle histoire, entamée pleinement avec Fabien Galthié il y a huit mois, lors du Tournoi des Six Nations. Après une Coupe du Monde effectuée en tant qu’adjoint de Philippe Brunel, le sélectionneur continue de faire la mue de ses troupes, entre joueurs confirmés, nouveaux appelés, et projet de jeu séduisant. Premier rendez-vous contre le Pays de Galles en amical ce samedi 24 octobre, avant la fin du Tournoi face à l’Irlande dans une semaine…

Il est de ces micmacs, de ces imbroglios, qui peuvent stopper dans un élan, un début d’histoire enchanteur, mais aussi servir à prendre le temps. Celui de la construction, du recul, de la réflexion, pour que le voyage se poursuive tel qu’il a débuté. Six mois après l’arrêt du Tournoi des Six Nations, au cœur de la première vague du Covid-19, l’équipe de France va renouer avec son rugby, en ce mois d’octobre. Un jeu qui se déploie, fait d’attaque et de mouvement, enfin attractif sous l’égide de Fabien Galthié, après des années moroses… Si le dernier match en date fut une défaite en Ecosse entachée d’une partie de manivelles où Mohamed Haouas vit rouge, le tourbillon de l’automne doit permettre aux Bleus de ne plus en prendre, des bleus, et surtout pas d’en distribuer. Que cela soit dit, les marrons se dégustent en-dehors du près en ce moment, et au rouge doit succéder le vert de la pelouse, à la brise et la douche écossaise, le vent et l’allant des offensives tricolores. Si la deuxième vague d’un satané virus est bien arrivée, la France du rugby veut voir tournoyer ses joueurs dans les feuilles de l’automne, ce samedi soir à 21h. Du bleu des coups, au coup de blues, du rouge d’un sombre carton aux teintes vertes et jaunes qui teintent notre pays, le non-public d’un Stade de France à huis-clos espère une explosion de couleurs dans la nuit dyonisienne. Dans le sillage de l’azur et la tempête amenée par les Ntamack, Dupont, Alldritt ou encore Vakatawa…

France-Galles, leitmotiv et fil rouge

Qui de mieux alors que les ennemis de ces derniers mois, les Gallois, pour que revienne le printemps ? Vainqueurs d’un quart de finale de Coupe du Monde marqué par un autre mauvais geste tricolore, ceux-ci avaient ensuite subi la loi de l’équipe de France lors de la première partie du Tournoi, dans une fabuleuse empoignade à Cardiff (23-27). Pour sûr, l’opposition proposée par le PDG sera bien plus que celle d’un simple match amical, si tant est qu’il y en ait en rugby. Un retour aux affaires parfait pour les hommes de Galthié, pour leurs retrouvailles. En terre du poireau, les Bleus avaient composé entre brillants mouvements d’école et une défense de fer, revêtant une armure qui avait su triompher du dragon gallois. Trop épique, direz-vous, mais le combat l’avait bien été, une semaine avant de tomber sur un piquant chardon écossais. Cette fois, pour éviter de se faire peur, quelques jours avant de recevoir les leprechauns irlandais un 31 octobre d’Halloween, Fabien Galthié a annoncé une composition d’équipe où confiance est gardée aux hommes forts de son début de mandat. Teddy Thomas, fantomatique en club, devra reprendre ses habits de lumière de lutin dansant sur son aile, sans oublier de défendre comme un tueur à la tronçonneuse. Pas son point fort, tandis que Mohamed Haouas, lui, aurait la bonne idée de laisser aux vestiaires ledit outil de découpe, comme son poing fort, reconduit qu’il est au poste de pilier droit…

Le quinze de France face aux Gallois : 15 Bouthier – 14 Thomas, 13 Fickou, 12 Vakatawa, 11 Rattez  – 10 Ntamack (ouverture), 9 Dupont (mêlée) – 7 Ollivon (cap.), 8 Alldritt, 6 Cros – 5 Willemse, 4 Le Roux – 3 Haouas, 2 Marchand, 1 Baille.
Remplaçants : Gros, Chat, Bamba, Taofifenua, Cretin, Serin, Ramos, Vincent.

Galles, Irlande, Autumn Nations Cup…

Quoi qu’il en soit, ce retour « amical » tombe à point nommé pour repartir de l’avant. Le XV de France construit son avenir, porté par une charnière jeune et exceptionnelle de talent, un pack féroce et joueur, une ligne de trois-quarts capable de faire des flammes de tout bois. Devant leur cheminée, les téléspectateurs français confinés chez eux par le couvre-feu auront tout le loisir d’étudier les Bleus, comme le staff tricolore en tribunes, dans un calme tout automnal… La suite de cette tournée verra ensuite se disputer deux autres « compétions », dont une inédite ! Après le test de samedi et l’Irlande dans une semaine pour conclure le Tournoi donc, l’EDF entamera face aux Fidji l’Autumn Nations Cup, réunissant les six équipes européennes, plus la Géorgie et les joueurs des îles. Deux poules de quatre, une dernière journée croisée, un format jamais vu qui vise à remplacer les habituelles rencontres entre équipes de l’hémisphère nord et sud… Le monde de demain touche ainsi lui aussi le rugby international, et pour que l’Europe accueille à nouveau le pays du long nuage blanc (la Nouvelle-Zélande) ou les Springboks (AFS) entre deux citrouilles, il faudra attendre un peu. Qu’importe, avoir des adversaires qui ne porteront pas le noir des All Blacks, commun aux déguisements de vampires, ou l’or des champions du monde de la nation arc-en-ciel n’est pas plus mal, pour continuer de bâtir. Avant de vaincre de plus gros monstres, il faut déjà terrasser un dragon, ce samedi soir. Avant de battre les géants verts sud-africains, il faut vaincre ceux de L’île d’Emeraude, l’Irlande, pays de contes par excellence, dans une semaine. Avant que vienne l’hiver, il sera de bon ton de se mettre au chaud cet automne. Pour mieux attendre le printemps.

Clément Maillard

Photo de couverture P. Lahalle/L’Équipe