Vendredi 16 octobre au soir, la Grand Place de Lille voit se rassembler des dizaines de personnes sous des lumières rouges. Leur objectif : faire entendre les métiers de l’événementiel mis en danger suite aux restrictions sanitaires.
Ils se sont passés le mot sur les réseaux sociaux: se rassembler à partir de 20h15 sur la Grand Place de Lille. Le 16 octobre est le dernier soir de liberté pour les Lillois avant le couvre-feu décrété par le gouvernement.
A cette occasion, les intermittents du spectacle lancent « Alerte Rouge », une opération de rassemblement public visant à faire entendre leurs difficultés face à la Covid-19. Il s’agit d’une initiative du Syndicat des Prestataires de Services de l’Audiovisuel Scénique et Évènementiel, à l’échelle nationale. Face au Théâtre du Nord, ils ont disposé dans la soirée des projecteurs ainsi qu’une scène face au Théâtre du Nord.
Un rassemblement festif mais prudent
Sous les lumières rouges, l’assemblée fait face à la scène. Ambiance joyeuse : des chansons sont lancées en reprise en chœur par l’assistance.
A partir de 20h15, des bénévole en gilets jaunes aident les manifestants à se répartir en fonction de croix tracées au sol. En effet, la manifestation, permise par la préfecture, tient à respecter les distanciations physiques. Un animateur du rassemblement rappelle les gestes-barrières : « On n’est pas là pour dire que c’est un complot ou que les masques ne servent à rien, on est là pour faire entendre la voix des métiers mis en danger ».
Jacques Sherlin, guide touristique de Lille, arbore fièrement son uniforme de travail parmi les manifestants. Il explique que le couvre-feux va limiter ses heures de travail : « Hier soir, j’avais une nocturne qui s’est terminée à 23 heures. » Enthousiasmé par l’ambiance joyeuse, il grimpe sur l’estrade pour proposer une visite de la place à l’issue du rassemblement pour sensibiliser le public à son activité.

20h45, les intervenants se succèdent sur la scène. Dans son discours, l’un d’eux évoque les « conséquences graves » de ce couvre-feux, notamment le taux d’insécurité nocturne qui va augmenter, comme pendant le confinement. « La culture est le sixième moteur de richesse en Europe ! Et il y a aussi les enjeux humains. On a besoin du spectacle pour continuer ! »
Alain griset, Président de la Chambre des Métiers et de l’artisanat en Nord-Pas-de Calais, est présent et déclare à l’assemblée que les métiers de l’événementiel ont le soutien de la Chambre : « Vous n’êtes pas tous seuls ! Au nom des cent milles artisans, on soutient les métiers de l’événementiel ! »
Irène Peucelle, conseillère régionale, monte également sur la scène. Elle déclare venir représenter Xavier Bertrand, Président du Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Sa présentation soulève d’abord des protestations parmi la foule, mais l’élue s’empresse d’exprimer le soutien du Président à la cause défendue : «Sachez qu’on est à vos côtés ! »
Le silence comme cri d’alarme
A 21 heures, le signal est lancé. Pendant 8 minutes, les manifestants observent le silence pendant que un projecteur diffuse un clip sur l’écran accroché devant la façade du Théâtre du Nord. Une durée qui correspond aux huit mois de chômage auxquels font face les intermittents du spectacle. Pendant huit minutes, l’assemblée voit défiler des visages et des noms de professions : « directeur de théâtre », « acteur », «techniciens du son »… Pas de voix ou de commentaires, seulement une musique de fond, qui s’achève sur l’écriture « Alerte Rouge » en capitales. Et la foule d’applaudir.
Pauline Defélix
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