Football : Lille, la frustration du conquérant

Deuxième au classement, toujours invaincu, le LOSC a dû laisser la parité à des Lyonnais accrocheurs dimanche soir, en clôture de la 9e journée de Ligue 1 (1-1). Un moindre mal pour l’OL, réduit à 10 à la cinquantième minute, et qui a subi les assauts lillois dans le dernier quart d’heure. De quoi énerver les Nordistes, qui pensaient pouvoir arracher trois points malgré une prestation manquant de créativité… Lille est toujours placé, toujours conquérant, mais reste sur deux matchs nuls.

Christophe Galtier, l’entraîneur de Lille, n’est pas réputé pour mâcher ses mots. Après la rencontre de dimanche soir, qui a vu son équipe concéder le nul face à un OL évoluant à 10, le coach lillois a redit les maux qui sont aussi, parfois, le signe qu’une équipe est au-dessus des autres. « Frustration, et colère. Il y avait de la colère dans le vestiaire, de la part des joueurs. On joue tous les trois jours (avec la coupe d’Europe), c’est comme ça, mais quand les matchs sont plus difficiles, il faut montrer plus de caractère, de tempérament. À onze contre onze, j’ai vu certains de mes joueurs ne pas faire les efforts… On ne peut pas se réfugier derrière les matches de Coupe d’Europe. Ensuite, on a cet avantage numérique mais on a manqué de justesse. » Deuxième de Ligue 1, le LOSC reste donc invaincu, invincible presque, mais sur une petite note amère, dans un championnat où Paris a repris la tête ce week-end. Le lot du LOSC, désormais, et peut-être depuis plus longtemps déjà, sera lui aussi d’avoir une pancarte favori dans le dos, même contre une équipe comme Lyon.

Car même si Lyon a dominé après l’ouverture au score, c’est bien Lille qui aurait dû s’imposer hier, dans des circonstances favorables. Ou pas tant que ça. Evoluer en supériorité numérique est souvent à double-tranchant. Les espaces qu’affectionnent les rapides attaquants lillois s’évaporent, le temps s’échappe, l’adversaire se regroupe, place son bloc très bas, fait le dos rond. Sans craquer parfois, comme l’OL d’hier soir… Pourtant, le LOSC avait commencé sa rencontre plein fer, lancé par Jonathan Bamba à la 22e minute, auteur d’une frappe placée de l’extérieur de la surface imparable, pour un Anthony Lopes par ailleurs imbattable. Avec ses flèches Bamba ou Araujo, un duo Benjamin André-Renato Sanches à la baguette, Lille prenait le score.

Attaque-défense

Mais après l’égalisation lyonnaise (Celik, contre son camp, 41e) et un logique score de parité à la pause, l’expulsion de Marcelo a enlevé toute créativité au jeu lillois. Face à une équipe bien en place, portée par l’entrée de Benlamri en défense, le LOSC n’a pas su trouver la clef et faire sauter le verrou. Soudain brouillon, imprécis, Lille aura bien tenté, dans une fin de match enfin intense, sans parvenir à percer le coffre-fort. C’était Fort OLmo hier soir, ce qu’aura souligné l’ancien entraîneur de Saint-Etienne, qui ne mâche pas ses mots, ne se cache pas non plus derrière l’excuse de l’Europe, ou une suite positive, qui elle s’étire encore. « C’est une belle série qui se poursuit mais il y a les circonstances du match et le contexte. Dans ces circonstances favorables, on doit faire beaucoup plus avec notamment plus de présence dans la surface. J’ai tardé un peu pour les changements. Il peut y avoir une réflexion aussi de mon côté sur ce point-là. En dehors de tout ça, on doit être plus agressifs sur le plan offensif contre un adversaire à dix. Si on n’a pas gagné, c’est que l’on n’a pas tout bien fait. » Au final, le football est plutôt simple et sans regrets, vu comme ça.

Clément Maillard

Photo Ludovic Maillard pour La Voix des Sports.