L’association ACCESMAD cherche à obtenir le statut d’utilité publique

L’association ACCESMAD, fondée en 2003, agit pour le développement de l’éducation scientifique et technique à Madagascar. Son but est d’accompagner les lycéens qui s’orientent vers ce secteur, dans un pays où la majorité des élèves s’oriente vers les filières littéraires. Inès Daoudi, 26 ans, a rejoint ACCESMAD en janvier 2020 en tant que chargée recherche de financement et communication. Aujourd’hui, elle cherche à aider l’association à obtenir le statut ARUP.

Pourquoi ACCESMAD pousse les élèves malgaches vers l’éducation scientifique et technique ?

« Comme je l’expliquais, la majorité des élèves là-bas partent vers des filières littéraires. Résultat, ces filières sont bouchées et celles scientifiques sont en manque. Les élèves malgaches craignent de ne pas réussir dans les sciences, d’où la faible popularité du secteur. Les enseignements sont très théoriques et le matériel pour réaliser des travaux pratiques se fait rare. Ça ne motive pas. »

Comment ACCESMAD fait face à ce problème ?

« L’association a mis en place une médiathèque électronique, accessible hors ligne, en français. Avec les pannes d’électricité régulières, la wifi n’est pas vraiment une option. Actuellement, nous sommes partenaires avec 102 lycées, pour 55 000 élèves. Nous distribuons des PC et des serveurs Raspberry[1], sur lesquels la médiathèque est installée. »

Que contient la médiathèque électronique ?

« On a mis au point des cours de physiques, de maths, SVT et électrotechnique, avec l’aide de professeurs. Il y a beaucoup de vidéos de travaux pratiques, pour capter l’attention des élèves et les instruire. »

Quels sont les problèmes traités par l’association ?

« Les enseignants ne savent pas forcément utiliser les PC qu’on distribue, alors ACCESMAD a mis en place des formations professeurs et des formations formateurs, pour aider à prendre en main la médiathèque. L’un des problèmes majeurs, c’est aussi l’électricité. Par exemple, pour accéder à la commune de Belon’i Tsiribihina, il faut trois jour, dont un et demi en pirogue. Les coupures d’électricité sont très fréquentes. Pour pallier ce problème, l’association a installé des panneaux solaires pour des lycées dans 14 des 22 régions de l’île. »

Qu’est-ce qui vous a amené chez ACCESMAD ?

« Suite à mon master en solidarité et action internationale, j’ai fait un stage à Madagascar. C’est comme ça que je suis devenue sensible aux problématiques du pays. »

Inès Daoudi, chargée recherche de financement et communication chez ACCESMAD

Quelles sont vos missions au sein de l’association ?

« Je participe à la rédaction des projets et des dossiers de recherche de financement. Je gère également l’aspect communication, comme la newsletter bulletin, les réseaux sociaux. »

Qu’est-ce que le statut ARUP ? Pourquoi Accesmad cherche à l’obtenir ?

« Le statut ARUP, c’est pour les Associations Reconnues d’Utilité Publique. Avec ce statut, ACCESMAD pourra recevoir des donations et des legs, en plus des dons matériels. On aura aussi accès à plus de sources de financement. »

Comment obtenir ce statut ?

« Déjà, il faut avoir un rayonnement dépassant le cadre local. Pas un problème, donc, pour nous. Ensuite il faut avoir un fonctionnement démocratique et organisé en ce sens par les statuts. Il faut également une solidité financière tangible. La seule condition qui nous manque, c’est le nombre minimum d’adhérents. Actuellement, nous sommes 150 et il nous faut 200 adhérents pour le statut ARUP. Même si ce n’est pas requis, ça donne une certaine garantie pour ceux qui financent l’association. »

Comment appréhendez-vous le futur de l’association ?

« J’aimerais qu’ACCESMAD s’étende sur toutes les régions de Madagascar et que nous soyons partenaire avec la grande majorité des lycées. Après, nous pourrions nous étendre à d’autres pays francophones du continent africain. Il y a beaucoup de perspectives, mais Madagascar est déjà un gros défi. »

Arthur Marotine


[1] Raspberry est un nano ordinateur à bas prix, de la taille d’une carte de crédit. On peut le brancher à un écran et l’utiliser comme un ordinateur standard.