Marcq-en-Barœul : le Colisée Lumière face au couvre-feu

Depuis l’allocution d’Emmanuel Macron le 28 octobre, le Colisée Lumière de Marcq-en-Barœul n’a pas eu d’autres choix que de fermer à nouveau ses portes. La directrice du cinéma, Muriel Gougelot, nous raconte cette période d’avant confinement.

C’est fini les sorties cinéma en famille ou entre amis à 20 h. En vingt-cinq ans d’existence, c’est la deuxième fois que le Colisée Lumière doit faire face à une telle fermeture. Le cinéma avait déjà dû fermer ses portes en mars dernier lors du confinement. Après trois mois d’arrêt, il avait pu rouvrir ses salles au public le 24 juin 2020. Alors que le cinéma avait réussi à reprendre son activité d’avant la période Covid-19, le couvre-feu a changé une fois de plus la donne.

Avec le couvre-feu de 21 h, la programmation de la semaine est revenue à trois séances par jour, au mieux quatre. La directrice du Colisée Lumière, Muriel Gougelot explique qu’elle a été obligée de s’adapter : « La dernière séance est à 19h afin que la fin de séance soit aux alentours de 20h30. Les spectateurs ont le temps de rentrer chez eux avant le couvre-feu. On jongle avec les horaires en fonction de la longueur des films. »

Les professionnels du cinéma sont inquiets puisque c’est l’ensemble du secteur qui est touché par ces mesures sanitaires. Les blockbusters ne sont plus à l’affiche. Les distributeurs repoussent certains films. Les films d’annonces, visionnés avant le début d’une séance, sont supprimés. Tous les prestataires sont donc impactés : « les fournisseurs de matériels, les machines à bonbons… On oublie que derrière le décor, il y a toute une panoplie d’acteurs qui dépendent du cinéma ». 

Heureusement, le cinéma marcquois a pu compter sur son public avant le nouveau confinement. Avec une seule salle, le Colisée Lumière cible une tout autre audience que les cinémas d’une dizaine de salles. Ce n’est pas pour les blockbusters que les spectateurs se retrouvent dans ses salles, mais plutôt pour des films français, des comédies et des films d’animation.

Les spectateurs sont au rendez-vous. Le public est fidèle au Colisée Lumière.

Toutefois, la situation est bien à nuancer. « La semaine dernière, je vous aurais dit qu’il n’y avait pas grand monde. C’était catastrophique. Cette semaine, l’affluence est quasi normale. Ce n’est pas la même fréquentation qu’auparavant mais compte tenu de la situation, je ne vais pas me plaindre », ajoute la responsable.

« Moins de 30 000 entrées cette année »

Après trois mois de fermeture et aucune entrée, le cinéma pourrait être en difficulté financière. La directrice suppose que le cinéma sera en déficit cette année. Elle nous confie :

Pour l’année 2020, on aura moitié moins d’entrées par rapport à 2019. L’année dernière, on a eu 56 000 spectateurs, au mois de décembre on aura aux alentours de 22 000. On n’arrivera pas jusqu’à 30 000 entrées pour cette année.

Le cinéma municipal de Marcq-en-Barœul est soutenu par la ville. La responsable du Colisée Lumière s’inquiète plutôt pour ses collègues.  « Le milieu économique du cinéma, le monde du spectacle, de la culture sont très impactés. Je pense à mes collègues, gérants de cinémas privés qui sont en plus grande difficulté. », souligne-t-elle.

Le 22 octobre, Roselyne Bachelot annonçait 30 millions d’euros d’aides supplémentaires pour le cinéma afin de traverser la crise économique. Or, les cinémas publics, comme le Colisée Lumière ne sont pas concernés par les aides financières prises par le gouvernement. Ils souhaitent être entendus. En effet, plusieurs pétitions circulent sur internet pour qu’ils soient également soutenus, tout comme les cinémas publics.

Après l’avoir rencontrée durant ce couvre-feu, Muriel Gougelot restait optimiste : « Aujourd’hui, les professionnels se demandent comment le cinéma va s’en sortir. Auparavant, le monde du cinéma a connu beaucoup de crises. Il s’en est toujours sorti renforcé. Il faut être confiant. « 

Reste à savoir si ce nouveau confinement ne touchera pas définitivement le Colisée Lumière.

Le public soutient le cinéma français

Nombreux sont les secteurs impactés par les nouvelles mesures sanitaires mises en place en France. Beaucoup d’entre eux pensent devoir fermer définitivement leurs portes. Quant au monde du cinéma, il ne se porte pas mieux. Les distributeurs repoussent la sortie de certains films. Kaamelott – Premier Volet, annoncé pour le 25 novembre est reporté pour cause du couvre-feu.

Sans aucun doute, le cinéma souffre ces derniers temps. D’après un rapport publié en septembre par le Centre national du cinéma (CNC), les séances qui débutent après 19 heures représentaient 40,5 % de la fréquentation des cinémas en 2019.

Le réalisateur Albert Dupontel aurait alors préféré que son film Adieu les cons soit repoussé au vu des circonstances actuelles. « Je suis frustré et triste de cette sortie bâclée, voilà », confiait-il auprès du Parisien. Le distributeur Gaumont, lui, en a décidé autrement. Le film est bien sorti ce mercredi 21 octobre.

Le réalisateur ne pouvait alors qu’espérer que les spectateurs se déplacent en journée. Agréable surprise. Le public est bien au rendez-vous. Les films français tirent même leur épingle du jeu. Adieu les cons, offre le meilleur démarrage de sa carrière. Dimanche soir, la comédie a déjà attiré 424 203 spectateurs (avant-premières incluses). Bien mieux que Au revoir là-haut (419 699 entrées) et 9 mois ferme (407 718 entrées), ses deux films sortis à l’époque.

Noémie Loiselle