Samedi 17 octobre s’est tenue sur Lille comme dans toute la France une marche pour sensibiliser aux enjeux de l’agriculture et de l’alimentation. La mobilisation « Notre Assiette pour Demain » a été mise en place dans la capitale lilloise par plusieurs associations dont Greenpeace, la Confédération paysanne ou Extinction Rebellion. Alors qu’une nouvelle Politique Agricole Commune (PAC) est adoptée le 23 octobre, il est important de revenir sur ces enjeux fondamentaux du monde de demain.

« Se nourrir sainement ne doit pas être un privilège mais devenir un droit accessible à tout le monde », expliquent les organisateurs de la manifestation. La crise actuelle démontre l’importance de replacer des enjeux sociaux et écologiques au centre de l’agriculture: Florian, maraîcher, intervenant pendant la mobilisation déclare que « le projet agricole est une catastrophe sociale, économique et écologique ». Alors que la France a voté pour le retour temporaire des néonicotinoïdes pour les plantations de betterave, il semble encore plus nécessaire de remettre au goût du jour le débat sur la qualité de notre alimentation. L’agriculture d’aujourd’hui doit tendre demain vers une agriculture plus autosuffisante et écologique.

Une agriculture dangereuse pour la santé

Le collectif Stop Monsanto Bayer explique que l’agriculture dite « conventionnelle » fait de nombreux dégâts sur l’environnement et la santé des consommateurs et agriculteurs. Ces derniers, en plus de s’exposer aux pesticides et donc de mettre en danger leur santé, continuent de vendre des produits à bas prix pour un salaire moindre. En plus de développer plus certains cancers (prostate, lymphomes, myélomes), leur santé mentale peut être touchée. Une enquête Santé Publique France a révélé que le taux de mortalité due au suicide est 20% supérieur à celle de la population générale. Il est aussi important de noter que les riverains habitant aux alentours des exploitations se mettent aussi en danger malgré les distances de sécurité allant de 5 à 20 mètres en fonction des produits utilisés et des types d’exploitations. Les pesticides sont volatiles mais s’infiltrent aussi dans les nappes phréatiques, qui, d’après le Centre d’Information sur l’eau, représentent 62% des réserves en eau potable de France.

Une agriculture dangereuse pour l’environnement

En plus d’avoir un impact sur la santé, l’agriculture traditionnelle d’aujourd’hui ravage l’environnement. Avec 18% de la production agricole et agro-alimentaire de l’Union Européenne, la France est le premier pays agricole européen. La production des Hauts de France représente 3,9% de la production nationale avec notamment ses exploitations de pommes de terre ou de céréales. Pour cette production importante, les agriculteurs peuvent utiliser une agriculture intensive donc des pesticides pour un meilleur rendement. Les résultats de cette utilisation soutenue de produits nocifs sont entre autres la pollution des sols, des eaux, la destruction des habitats, les émissions de gaz à effet de serre et l’épuisement des ressources.

Des solutions pour le long terme

La grande nouveauté de la PAC est cette notion d’éco-régimes, système qui propose une rémunération de l’agriculteur en fonction de ses efforts pour l’écologie. C’est un moyen de palier à l’impact environnemental qu’a l’agriculture traditionnelle. On a aussi le principe de circuit court se développant de plus en plus pour que les producteurs puissent directement être en contact avec les consommateurs. En mangeant local et bio, on est presque sûr de manger sainement et de rémunérer correctement l’agriculteur. Pour les étudiants qui veulent manger bio à bas prix, il existe des initiatives qui le permettent. L’Agoraé, l’épicerie solidaire de l’Université Catholique de Lille propose des produits locaux et bio 90% moins chers que sur le marché, un moyen de manger sainement et écologiquement.

Malgré le chemin à parcourir, le souhait pour l’assiette de demain c’est ça : manger sainement pour moins cher en rémunérant équitablement l’agriculteur tout en respectant l’environnement. Alors, tous à table !

Margaux Chauvineau