Dates limite de consommation: vers la fin de la péremption?

Avec en moyenne 30 kg de produits alimentaires jetés par personne chaque année, la France contribue très largement au gâchis alimentaire. Le 16 octobre, dans le cadre de la journée mondiale de l’alimentation et de la lutte contre ce gaspillage, certaines voix s’élevaient pour encourager les Français à revoir leurs habitudes avec la poubelle.

Que faire pour lutter contre le gaspillage alimentaire ? C’est la question que se posent nombreux acteurs du secteur de l’alimentation et parmi eux, l’application « To good to go ». Ce concept met en relation les commerçants et les particuliers pour leur proposer à petits prix, des produits frais, prêt à se perdre mais toujours consommables. Dernièrement, c’est un Pacte sur les dates de consommation que lançait To good to Go pour faire changer la législation sur les dates de péremption qui seraient aujourd’hui responsables de plus de 20% du gaspillage alimentaire dans les foyers français.

Cette demande, a également été formulée dans une proposition de loi du député Guillaume Garot. Il souhaite la fin des dates de péremption pour les produits non périssables. Uniquement les dates de fabrication seraient présentes, comme un simple repère pour le consommateur et non plus une injonction à consommer ou non tel ou tel aliment avant telle ou telle date.  Exit donc, la mention «  A consommer de préférence »  et la DLC sur les produits secs comme les pâtes ou encore le riz. Bien sûr, cette suppression n’est pas valable pour les produits frais, qui nécessitent pour des raisons sanitaires, une réglementation et une signalétique bien plus précise.

« Ce que je souhaite aujourd’hui, c’est que l’on puisse lever certains blocages, des blocages psychologiques: que les consommateurs arrêtent d’être stoppé par les dates en se disant qu’au-dessus de cette date, ils ne pourront plus consommer le produit en question… » explique le député pour France Info.

Ecole et alimentation

Cette responsabilisation du consommateur est une forme d’éducation à l’alimentation : un sujet qui se développe notamment dans les écoles et que le député souhaite rendre obligatoire. Il s’agirait donc d’enseigner aux élèves certaines valeurs quant à l’alimentation que ce soit en matière de nutrition, de comportement d’achat ou encore d’environnement.

Autre idée, la « prime a l’assiette vide » dans les restaurants universitaire. 
Si un étudiant rapporte son plateau vide à la fin de son déjeuner, celui-ci pourrait se voir percevoir un encouragement tel qu’un prochain repas gratuit ou une réduction sur le prix de son repas : une manière de s’habituer à moins jeter, et à consommer plus malin et plus responsable.

Une prise de conscience et de responsabilisation pour les consommateurs, qui semblent à ce jour prêt à changer leurs habitudes à l’école comme dans leurs assiettes.

Justine, 18 ans, lycéenne : « Pour les dates, je regarde jamais car je ne cuisine pas. Mais par contre avoir des cours sur l’alimentation au lycée ça peut être cool. C’est vrai qu’à l’école on n’apprend pas comment faire pour bien manger alors qu’on nous dit partout qu’il faut manger équilibré et qu’il faut faire attention à la planète. » Quant à la prime à l’assiette vide, cela semble être une bonne idée pour la future étudiante : « Je pense que déjà, ça peut permettre de faire des économies et c’est vrai que quand on voit les poubelles au self, y a surement des choses à faire ! J’ai des copains qui mangent beaucoup, ils vont être contents ! »

Marc, 47 ans, enseignant : « L’alimentation, ce n’est pas quelque chose que j’aborde aujourd’hui avec mes élèves. Ça pourrait être intéressant, mais nous enseignants, on va avoir besoin d’être formé pour ça ! » Une sensibilisation est un nouvel apprentissage pour les consommateurs de demain qui pourraient se trouver un public enthousiaste. « Les élèves sont de plus en plus réceptifs aux questions sur l’environnement, on l’a bien vu lors des dernières marches pour le climat, ce sont eux les acteurs de demain. » « Quand on voit le gâchis alimentaire au restaurant scolaire malgré ce qui est mis en place, je pense que oui c’est important qu’il comprenne que l’environnement, l’écologie et la santé ça passe par l’assiette aussi »

Thibault, 26 ans, comptable : « Ne pas mettre de date de péremption, je crois que c’est déjà ce qu’il se fait sur les aliments comme les pâtes ou le riz, alors pourquoi pas ! Mais je ne sais pas si c’est vraiment ça qui va encourager les Français à moins consommer ». Si le jeune actif semble sceptique quant à la révision des dates de péremption, il se montre concerné quant à l’éducation alimentaire : « Je n’ai pas encore d’enfants donc pour l’école je sais pas trop, mais c’est vrai que je le vois autour de moi, j’ai de plus en plus de potes qui deviennent végétariens, qui ne vont plus aux supermarchés mais au marché, donc y a surement des choses à apprendre sur le sujet. »

Manon Serenne