Chef Davy en pleine préparation d'un barbecue

Ère de repos forcée pour la Marmite Mobile

La Marmite mobile est une entreprise de « food-trucks » (cuisines mobiles), qui existe depuis 8 ans. Elle propose une cuisine « street food » (nourriture de rue) et des plats traiteur. Carbonnade flamande, burgers maison, fish and chips de cabillaud frais, sont autant de plats proposés. Dans le jardin du client ou sur le parking de l’entreprise, la Marmite mobile se déplace où le client le souhaite pour préparer des plats à partir de produits locaux, certifiés Bio pour la plupart.

« Notre philosophie est simple : travailler de bons produits avec une pointe de créativité pour offrir du goût et du plaisir, ajouter à cela une touche de convivialité, bienvenue, vous êtes à la Marmite ! » peux-t-on lire sur leur site internet.

Après avoir connu un chiffre d’affaire en constante évolution, la pandémie de la Covid-19 met tout à l’arrêt. Davy Vittu, Chef de la Marmite mobile, nous explique son ressenti vis-à-vis des mesures de soutien aux entreprises mises en places par le gouvernement à partir de mars 2020 (Liste des différentes mesures ici) :

Quelle a été votre réaction à l’annonce du plan de soutien aux entreprises du gouvernement ?

J’ai été agréablement surpris, il nous offre un PGE à taux 0 remboursable au bout d’un an, plus le fonds de solidarité de 1500€, puisque nous avons perdu 80% de notre activité. Enfin, le report des charges salariales et patronales pendant la crise. Ces mesures ont été bonnes au début du confinement, pendant les 3-4 premiers mois, cela a permis de rassurer les entrepreneurs.

Cependant la crise dure et les erreurs de communication perdurent. On s’est rendu compte que les charges on les paie ! Les charges exonérées sont les charges patronales, donc pas d’exonération complète alors qu’on nous disait une fois oui une fois non. Pour prendre un exemple : sur 10 000 euros de charges 2 000 correspondent aux charges patronales. Le taux 0 du crédit, c’est pour une entreprise qui peut rembourser son crédit en un an, or, aucune entreprise ne rembourse son crédit en un an, le but d’un crédit c’est de le rembourser sur 5-7 ans pour que tu ne le ressentes pas dans tes charges. Au-delà des un an l’Etat applique un taux d’intérêt aux emprunts qu’il a accordé. Ce qui fait mal. L’activité partielle des salariés est une bonne mesure, elle permet de nous constituer un parachute quand l’activité ne reprend pas.

J’espère fortement que des mesures vont compléter celles-ci parce que 60-70% des restaurateurs et du monde du spectacle vont mourir si on reste en l’état.

Comment voyez-vous l’avenir de votre entreprise ? 

Au niveau de l’événementiel l’avenir est très sombre quand vous avez une grosse société qui est lancée depuis quelques années et qui a des objectifs de chiffre d’affaire. Pour une petite structure qui démarre, qui n’a pas beaucoup de charges et qui essaie de trouver un nouveau marché il y a encore de l’espoir. Il y a des opportunités faut pas non plus déprimer. En ce moment il y a une sélection naturelle qui s’opère, c’est à dire que beaucoup de gros acteurs du marché disparaissent, les petits quant à eux, arrivent avec leurs idées et se font une place. Je le vois de par le Labo (grande cuisine professionnelle collaborative et espace de coworking appartenant à Davy Vittu, dans laquelle il loue des emplacements pour d’autres restaurateurs) on a de nouvelles sociétés qui arrivent avec des demandes de contrat adaptées aux contraintes sanitaires. Beaucoup de mariages de 100 personnes ont été annulés dû aux mesures sanitaire, d’autres de 15 personnes sont apparus. Il y a beaucoup de petites demandes.

La difficulté lorsqu’on gère une entreprise c’est de voir son activité diminuer alors même qu’elle ne faisait qu’augmenter avant l’épidémie. S’adapter aux nouvelles circonstances impliquerait d’augmenter le nombre des prestations pour pouvoir amortir les pertes financières, seulement ces prestations comportent des frais : de déplacement, liés au personnel… Ça ne serait pas rentable. Donc pour moi, et je pense pour la majorité des acteurs de l’événementiel, l’objectif est de trouver d’autres solutions. La livraison de repas par exemple mais ça implique de restructurer sa boîte, ça demande du temps et c’est pas forcément rentable d’autant plus que les mesures sanitaires changent régulièrement… Cette solution ne me convient pas car je veux pouvoir faire le show devant les gens, leur servir de bons repas chauds, la Marmite c’est aussi un état d’esprit, une ambiance.

Les solutions

Faire des crédits pour tenir. Revendre du matériel, sur les 4 food-trucks nous allons en revendre un pour reconstituer notre trésorerie. La stratégie se résume à l’attente ce qui est frustrant pour un chef d’entreprise mais il faut ce qu’il faut pour limiter au maximum les charges. Attendre que ça se passe en croisant les doigts pour qu’il y ait une reprise. Ce qui est encourageant c’est que tous les mariages qu’on avait de prévus cette année ont été reportés pour l’année prochaine et grâce aux PGE j’ai pu contracter deux prêts pour un total de 90 000€, ce qui va me permettre de tenir jusqu’en mai prochain.