Football, Ligue 1. Lens, nul de folie

Au terme d’un match dingue, le Racing Club de Lens a arraché un nul délirant à domicile, contre Reims (4-4). Florian Sotoca, d’un doublé de la tête, a permis aux Sang et Or de revenir à égalité dans le temps additionnel. Reims avait pourtant pris un net avantage, au moment où les Lensois faiblissaient physiquement, pour leur reprise en Ligue 1. Ébouriffant !

Parce qu’on était en semaine d’élection américaine, avec un final à couper le souffle et une attente parfois étouffante, il faut croire que Lens et Reims, deux autres camps opposés, s’étaient donné le mot pour perpétuer le délire, ce dimanche après-midi à Bollaert. De la démesure, oui, dans une fin de match époustouflante, où les deux équipes se sont rendus coup pour coup. Le RCL et le SDR auront finalement conclu ce duel sur un résultat nul, mais c’était bien une partie au-delà de la médiocrité, celle de certains débats outre-Atlantique, qui a eu lieu. Si l’attente a duré quatre jours pour Joe Biden, élu 46e président des Etats-Unis, Lens a lui attendu une quinzaine pour pouvoir rentrer dans l’arène, suite à deux reports pour Covid (Nantes, puis Marseille). Cela s’est vu, après un début de match maîtrisé et dense, où les hommes de Franck Haise ont contrôlé et dominé le Stade de Reims, jusqu’à ouvrir le score par Banza, pour son premier but en Ligue 1 (21e). Vingt minutes de qualité, des courses vers l’avant tranchantes de la part de Clauss ou Boura sur les côtés, du mouvement autour de l’excellent Gaël Kakuta. En face, Reims restait pourtant sur de bien meilleurs performances que son début de saison ne l’indiquait, ce que confirmait la fin de la première période, et le début de la seconde.

Pour son match de reprise après deux reports, Lens a flanché physiquement, pour finir sur les chapeaux de roue

 » Rest or rust « . Le repos, ou la rouille. En matière de sport, les anglo-saxons ont souvent le chic pour illustrer des situations mieux que personne. Lens renouait ainsi avec le fil de son début de saison spectaculaire en Ligue 1, et la question était de savoir si les Artésiens allaient être dans le rythme, ou perdus par l’intensité d’un match professionnel. Quand Reims a accéléré, autour de l’heure de jeu, le RCL a payé ses deux reports (joueurs touchés par le Covid-19), manquant de jus et d’énergie. Cafaro égalisait au retour des vestiaires, Dia donnait l’avantage aux Champenois à la 54e, et tout devenait compliqué pour les Sang et Or, après deux semaines sans match.

Quatre et quatre qui font huit.

Comme en politique, il faut parfois avoir de la chance pour s’imposer. Ou égaliser… Le système et l’organisation étatique fédérale belge sont parfois illisibles, peut-être que c’est en y réfléchissant que le Bruxellois Thomas Foket s’est emmêlé les pinceaux, à la 77e minute, pour inscrire un but contre son camp permettant à Lens de recoller au tableau d’affichage. Soudain, les voisins du Nord du pauvre latéral rémois semblaient en mesure de finir fort cette partie, de rafler tous les suffrages. Mais une chose en entraînant une autre, la loi ne fut pas juridique, mais celle des séries. Deux minutes plus tard, un nouveau joueur sur le terrain trahissait son parti, en la personne du néo-international argentin de Lens, Facundo Medina, malheureux sur une contre-attaque du Stade. 2-3 pour les visiteurs, puis 2-4, encore deux minutes plus tard, sur un festival de Dia, pour son second but du jour. La course échevelée semblait terminée pour des Lensois sonnés… Rien à envier au suspense états-unien, clairement. D’autant plus qu’un autre doublé allait répondre à celui de Dia (la fameuse loi des séries, vous-mêmes vous savez).

Contre-son-camps et temps additionnel

Nouvelle paire de buts pour un carré d’as, pour un finish de folie, ahurissant, insensé, pour conclure ce duel sur un score de marque de voiture toute américaine. 4-4, revenant d’entre les morts, menés de deux unités, les Lensois renversaient tout, absolument tout, par Florian Sotoca, auteur d’un sublime duo de coups de tête, à la 90e minute d’une rencontre démentielle. Quelques dizaines de secondes plus tard, Sotoca, encore lui, pensait même obtenir un penalty ! Thomas Leonard, l’arbitre de la rencontre, refusait cependant de prononcer la sentence contre Reims, au vu des images. 4-4, score final. Parité respectée, serrez-vous la main messieurs (ou le coude, Covid oblige), et merci pour le fabuleux spectacle. En sport, comme dans la vie, se séparer bons amis est parfois la meilleure solution. Pas sûr que ça soit le cas en politique.

Clément Maillard

Lens-Reims : 4-4 (0-1 à la mi-temps).

Buts pour Lens : Banza (21e), Foket (csc, 77e), Sotoca (90e, 91e).

Buts pour Reims : Cafaro (47e), Dia (54e, 81e), Médina (csc, 79e).

Photo Ludovic Maillard VDN.