Après quatre années de trumpisme, le bilan du féminisme aux Etats-Unis

Etats-Unis, terre pionnière du combat féministe mondial. Durant le mandat de Donald Trump, les droits acquis ces dernières décennies ont subi des revers importants. Droit à l’IVG menacé, #MeToo ou encore coupes budgétaires, voici un rappel de ces quatre dernières années de trumpisme.

Après quatre années de présidence de Donald Trump, le féminisme monte en puissance. Alors que depuis les années 1990, le mouvement s’essoufflait, il reprend de la vigueur, notamment après les mesures mises en place sous le mandat du républicain.

Dès le 21 janvier 2017, au lendemain de l’investiture de Donald Trump, plusieurs millions de personnes manifestaient dans les rues américaines, principalement des femmes. Les rassemblements avaient pour but de promouvoir les droits des femmes.  Après les propos insultants du président contre elles (NDLR : « attraper les femmes par la chatte ») et ses positions anti-avortement, le message était clair : les droits des femmes sont avant tout des droits humains.

En avril de la même année, le nouveau président met en place sa première mesure phare à l’encontre des droits des femmes. Il vise notamment les centres de planning familial. Le gouvernement décide d’annuler les financements publics, tout en sachant que leur rôle est de lutter en faveur de l’éducation sexuelle et de garantir aux femmes un accès aux soins à la santé. Cela concerne directement le droit à l’avortement, promesse de campagne. Donald Trump avait exprimé l’idée qu’il doit y avoir « une certaine forme de punition » pour les femmes ayant recours à cette opération.

Le monde du travail pâtit aussi de la politique de Donald Trump. Fervent opposant à l’Obamacare, il décide d’annuler une disposition importante de cette loi. La prise en charge des moyens de contraception dans la couverture santé proposée aux employés d’une entreprise est tout bonnement supprimée. De plus, l’égalité salariale, obligatoire depuis des années, ne l’est plus durant son mandat.

Dernièrement, le décès en septembre de l’icône féministe et juge à la Cour Suprême des Etats-Unis Ruth Bader Ginsburg permet à Donald Trump d’assouvir un peu plus le pouvoir qu’il a sur les droits des femmes. Afinh de remplacer RBG, il nomme une femme ; mais reste néanmoins fidèle à ses convictions. Amy Coney Barret est nommée à sa succession ; conservatrice et anti-IVG, nul doute qu’elle défendra les positions du républicain. Pourtant cette nomination a surement pesé lourdement dans la balance.

Les femmes, cible de la campagne électorale de Trump

Sur les 248 millions d’Américains inscrits sur les listes électorales et appelés à choisir leur 46ème président des Etats-Unis, plus de la moitié sont des américaines. En 2016, 138 millions d’électeurs et électrices ont voté. En 2020, 100 millions se sont exprimés par vote anticipé, le rôle de l’électorat féminin n’est pas négligeable.

Lors de la campagne de 2016, le candidat républicain avait recueilli les votes de 42% des femmes, alors que des accusations d’agressions sexuelles et des remarques sexistes existaient déjà. Aujourd’hui, la préférence des votantes se tournent vers Joe Biden. Pour tenter de se démarquer, Trump a cibler les femmes de banlieues pour voter pour lui. « Femmes de banlieue, aimez-moi s’il vous plaît ».

Les housewives, ferventes supportrices de Donald Trump, ne sont plus aussi présentes qu’en 2016. On constate -12 points d’intentions de vote par rapport à la dernière élection. Il tente le tout pour le tout ; il promet même de nouvelles normes de lave-vaisselle pour que les machines fonctionnent mieux et aider les ménagères. Joe Biden a une image paternaliste qui rassure les américaines. Un de ses promesses de campagne concerne le pôle santé et directement l’avortement qu’il souhaite rétablir avant l’arrivée du milliardaire au pouvoir.

Autre personne importante dans ces élections : la présence de Kamala Harris, première vice-présidente de l’histoire du pays, qui a su tirer son épingle du jeu face à son rival Mike Pence. Perçue comme une mère cheffe, ferme mais chaleureuse, elle a su promouvoir l’image de Joe Biden auprès des électrices, notamment auprès des afro-américaines. Plusieurs fois, elle a participé fois à déconstruire le stéréotype de la angry black women. Reste à voir quelle sera la situation pour les femmes sous le mandat de Joe Biden.

Claire Boubert