Le domaine de la psychiatrie en chute libre durant le confinement

Fermeture des hôpitaux de jour, des CMP (Centres Médico-Psychologiques), des CATTP (Centres d’Accueil Thérapeutique à Temps Partiel), des cabinets… Le domaine de la psychiatrie a connu des mois difficiles pendant le premier confinement, la situation risque-t-elle de se répéter aujourd’hui ?

Selon le rapport d’analyse sur les retours d’expériences de la crise COVID-19 de la santé mentale et de la psychiatrie, les personnes atteintes de troubles psychiatriques ont renoncé à se soigner durant le confinement, les nombres de consultations ont chuté avec la mise en place de la téléconsultation pour certains psychiatres et la fermeture des cabinets ou des structures spécialisées pour lesquelles il était impossible de procéder d’une autre manière a rendu la tâche plus complexe.

Lors du premier confinement, toutes les structures psychiatriques accueillant du public, à l’exception des urgences, ont fermé pendant plus de deux mois. A la fin du confinement, les structures se retrouvent face à un nombre croissant de personnes atteintes de troubles psychiatriques, que ce soit en cabinet ou à l’hôpital. Ce sont parfois de nouveaux patients qui ont développé un trouble durant le confinement (dépression, anxiété, addiction…) ou tout simplement des personnes déjà atteintes en attente d’une nouvelle prise en charge (schizophrènes ou encore bipolaires pour ne citer qu’eux). Le domaine psychiatrique a dû s’adapter lors du déconfinement pour recevoir tous les patients dans de bonnes conditions : respect des gestes barrières, prise en charge en ambulatoire, réorganisation des unités d’hospitalisation, attention particulière pour les personnes vulnérables, etc.

La cour arrière du bâtiment Benjamin Ball de l’hôpital Sainte-Anne à Paris (Sonia Salaün).

A l’hôpital, seules les personnes dans le besoin étaient admises. Dans le cas contraire, elles étaient redirigées vers l’ambulatoire. La situation était difficile dans les centres hospitaliers : les visites étaient interdites, les permissions étaient réduites ou annulées, les patients étaient uniquement au contact du personnel médical. Pour pallier ce problème, les psychiatres ont donné l’autorisation aux patients d’utiliser leur portable (ce dernier étant interdit à l’arrivée et remis uniquement pour les cas les moins difficiles) pour leur permettre de communiquer avec leurs proches.

En ambulatoire, les personnes étaient suivies généralement par entretien téléphonique régulier, par téléconsultation, des soignants leur rendaient visite pour éviter la solitude. Cette forme d’aide tend à se démocratiser avec les années à venir qui s’avèrent difficiles.

Aujourd’hui, plus besoin d’attendre la fin du confinement pour prendre rendez-vous, les consultations continuent normalement et l’hôpital se charge de faire respecter les gestes barrières au maximum afin d’éviter la propagation de la COVID-19. Virgile Guillou, psychiatre dans le XIVe arrondissement de Paris, continue ses consultations en présentiel et effectue des téléconsultations à la demande. Des numéros verts ont été mis en place pour pouvoir aider les personnes en détresse psychologique comme le 0 800 130 000.

Sonia Salaün