Rugby. L’excellent bilan de la France au Tournoi des Six Nations

Quatre victoires en cinq matchs, des jeunes, un jeu plein de promesses, des victoires références. N’en jetez plus, l’équipe de France de rugby, sous l’égide de Fabien Galthié, semble bien de retour à la table des cadors internationaux, après des années de marasme. Bilan d’un Tournoi des Six Nations étalé sur huit mois pour cause de covid-19, focus sur un temps propice aux rêves futurs…

Deuxième. Une place qui peut énerver, celle d’un Raymond Poulidor en cyclisme, du perdant en finale de coupe du monde de foot, ou de celui qui n’est pas passé loin de remporter un titre, un championnat, un Tournoi. Elle peut exaspérer ceux qui attendaient la victoire dans le Tournoi des Six Nations pour l’équipe de France de rugby, par exemple. Impossible n’est pas français, mais la marche était compliquée à monter, pour décrocher une première victoire dans la compétition depuis 2011. Surtout, cette deuxième place dans ce Tournoi 2020, disputé à cheval sur huit mois à cause du Covid-19, porte bien plus en-elle que cette frustration. Oui, le Français est enclin à critiquer et à garder la défaite de la deuxième place, mais pas là, pas cette France du rugby qui s’est repris à rêver, que les jeunes Bleus, pas si bleus que cela au final, a fait vibrer. Si le sport est cyclique, la période de marasme aura été bien longue pour l’EDF, au fil de performances médiocres depuis des années, de courtes victoires « qui rassurent » mais n’assuraient en rien, de « défaites encourageantes » minables. Cette période semble finie, terminée, révolue désormais, dans le sillage d’une révolution qui porterait le nom de Galthié.

Le sélectionneur du XV de France a probablement tout changé chez ces joueurs, empruntés pendant des mois, pour ceux qui sont restés. Clive Woodward, coach champion du monde avec l’Angleterre de Jonny Wilkinson en 2003, a souvent redit son étonnement de voir les Bleus si pauvres et faibles, au vu des joueurs dans le réservoir. Il faut croire que Fabien Galthié aura su redonner confiance, en même temps qu’il injectait du sang-neuf, et écartait certaines anciens au bout du rouleau, épuisés d’avoir trop perdu. L’ancien entraîneur de Montpellier a aussi stoppé la valse des changements entre les rencontres, si française, donnant confiance à ses hommes, leur laissant le temps de s’installer. Bien entendu, gagner accélère le processus, facilite grandement les choses. En somme, le coach à lunettes a changé la mentalité tricolore, de l’exploit sans lendemain, de l’imprévisibilité tantôt géniale tantôt désespérante. Pour amener une manière anglo-saxonne de faire, basée sur son observation du XV de France,

Aujourd’hui, la France sort d’un Tournoi des Six Nations réussi. Elle a vaincu l’Angleterre vice-championne du monde en entrée, dominée pendant les deux-tiers du match. Elle a fait son fameux « match-référence » à l’extérieur, s’imposant chez les Gallois, tenants du titre. Pour finir par exploser le Pays de Galles en amical, puis les Irlandais au Stade de France. Comme aux grandes années de l’EDF, passer 30 point sans sourciller à certaines équipes revient, et la défaite en Ecosse répond aussi à des circonstances particulières (carton rouge, blessés rapides et du maître à jouer Ntamack, opposition forte). Cette deuxième place est celle de l’éveil, d’une jeune génération menée de main de maître par Romain Ntamack et Antoine Dupont, de combattants rugueux dans le pack d’avants (le capitaine Ollivon, meilleur marqueur d’essais, Grégory Aldritt, ou Bernard Le Roux -leader au nombre de plaquages- figurent tous dans le top statistiques des joueurs de ce Six Nations), et une ligne de trois-quarts capable de mettre le feu à partir de la plus petite étincelle, comme l’illustre l’Irlandais Jonathan Sexton.  » On savait que les Français, avec les joueurs qu’ils ont, peuvent marquer un essai à partir de rien. C’est un peu comme jouer les All Blacks. » Oui, il y a pire, comme compliment.

Le classement mondial.

Clément Maillard