« Cycliste ou pas, on adapte nos pratiques »

Guillaume, cycliste amateur âgé de 22 ans, nous explique comment il a pris l’annonce du reconfinement. Habitué à parcourir plus de 100 kilomètres sur un circuit large, il a dû se réadapter suite aux décisions gouvernementales. Entretien avec un jeune homme qui s’estime déjà chanceux.

Guillaume a été rassuré par les annonces gouvernementales et s’estime chanceux de pouvoir continuer le vélo.

Comment as-tu pris l’annonce du reconfinement ?

Une annonce difficile, forcément. Ce n’est pas quelque chose que l’on a envie d’entendre. Après, je pense qu’au stade où on était arrivé, c’était quelque chose de nécessaire, la solution de la dernière chance apparemment. Donc on s’y conforme, cycliste ou pas cycliste, on fait avec, on adapte nos pratiques.

As-tu été rassuré par cette autorisation de pouvoir faire du vélo dans un rayon d’un kilomètre autour de ton domicile et pendant une heure ?

Par rapport au premier confinement, où on n’avait pas forcément le droit et où des usagers se sont injustement fait verbaliser, on peut dire que oui, c’est rassurant. J’ai en plus la chance de pouvoir faire un circuit de cinq à six kilomètres dans un rayon d’un kilomètre autour de mon domicile pendant une heure. Cela me permet de tourner les jambes.

T’estimes-tu chanceux par rapport à d’autres ?

Ah oui, tout de même. Tout le monde n’a pas cette chance. J’ai des amis qui sont obligés de rouler sur home trainer (vélo à domicile), ce qui n’est pas des plus sympathiques et des plus accessibles en termes de prix. Ce genre d’appareil, ça peut coûter jusqu’à 1000-1500 euros ou un abonnement mensuel à 30-40 euros. Ce n’est pas un très bon rapport qualité-prix.

Toi, tu as cette chance de pratiquer à l’extérieur…

Disons que du moment que je peux monter sur mon vélo, c’est déjà une bonne chose. On va rentrer dans la saison d’hiver. En général, les coureurs ont l’habitude de faire du renforcement musculaire sur aussi d’autres sports comme la course à pied ou alors la natation, même si ce n’est pas possible là pour le coup. Globalement, on peut donc continuer à avoir une activité physique et on va dire que par rapport à la situation, j’estime qu’on n’a pas à se plaindre. Après, forcément, si on pouvait avoir plus, je ne dirais pas non. Mais bon, je suis déjà heureux de pouvoir remonter sur mon vélo.

Habitué à des circuits larges, Guillaume a du se réadapter

Tu as l’habitude de parcourir en moyenne 100 kilomètres dans un rayon beaucoup plus large, comment as-tu réadapté ton parcours ?

La première chose que j’ai faite tout simplement, c’est d’aller voir sur Internet pour me rendre compte de ce que représentait un kilomètre. On a parfois du mal à le concevoir visuellement. J’ai donc utiliser un de ces fameux outils. Puis là, j’ai pu définir un parcours.

Un parcours qui n’est pas complètement anodin semble-t-il ?

Non, en effet. C’était un parcours que je faisais il y a plusieurs années quand j’étais plus jeune lorsque j’étais encore au collège ou au lycée. Après les cours, je n’avais pas forcément le temps d’aller m’aventurer très loin de chez moi. C’est un circuit qui m’était déjà arrivé de faire. On peut quand même travailler plusieurs choses à la fois. Le choix m’est donc apparu assez naturellement.

Cela ne te dérange pas un moment donné de toujours tourner en rond ?

On devient un peu fou parfois, on fait avec (rires). Non, plus sérieusement c’est le principe, on s’y conforme. Par moment, il y a des courses, c’est comme ça, comme les critériums par exemple. À l’entraînement, on est quand même souvent diversifié. Le fait de toujours faire le même circuit, c’est bien dans le sens où ça donne des points de repère par rapport à la forme, la vitesse, ce genre de choses. Après, encore une fois, si je pouvais aller plus loin, je ne bouderais pas mon plaisir (rires).

Tu tends donc à relativiser ?

Bien sûr. Quand je pense aux nageurs, à ce type de sportifs qui ne peuvent plus pratiquer, on n’a pas à s’estimer malheureux. Il faut aussi surtout penser aux gens qui malheureusement n’ont pas la chance de pouvoir profiter du bon temps aujourd’hui. Des personnes qui sont dans les hôpitaux ou en réanimation notamment. Donc, non, on ne peut pas se plaindre en ces temps compliqués.

Nathan Bricout