L’herbe est-elle plus verte au Québec ?

Aujourd’hui ce sont près de 100 000 Français qui vivent au Canada, Ayoub Haddou est l’un d’entre eux. Pour comprendre les raisons qui l’ont poussé à partir s’installer au Canada, nous lui avons posé quelques questions :

Peux-tu nous décrire ton parcours ?

Après mes 4 années d’études à l’Université Catholique de Lille j’ai obtenu mon diplôme d’aide-soignant. Dès que j’ai été diplômé j’ai fait 10 mois de soins de suite et réadaptation neurologique au Centre l’Espoir à Lille (centre de rééducation spécialisé), cela a confirmé ma vocation et l’idée que je me faisais du métier. Après mes 10 mois je voulais diversifier mon expérience au maximum, j’ai travaillé pour une agence d’intérim sur Lille qui m’a envoyé dans divers services tels que : cardiologie, neurologie, je suis passé par la clinique du sport mais également un service de réanimation. Après quelques mois d’intérim je voulais avoir un poste stable, je me suis retrouvé en cardiologie pendant 3 mois au Centre Hospitalier d’Arras. Après la cardiologie j’ai rejoins les urgences de l’Hôpital Saint Vincent de Paul à Lille c’est là-bas que j’ai fais mes derniers mois en France, de février au 30 septembre 2020.

Quand j’ai eu l’idée de devenir infirmier, je me suis dis infirmier c’est bien mais la qualité de vie en France n’est pas terrible, t’es mal payé tu travailles les dimanches, les samedis et le métier n’est pas valorisé comme il le mériterait. Je m’étais donc renseigné pour faire une équivalence à mon diplôme d’infirmier pour pouvoir aller travailler au Canada.

Quelles démarches as-tu entrepris pour aller travailler au Canada ?

Le 2 juin 2019, j’ai eu mon premier entretien au forum des métiers « Journée Québec » à Paris. Ce sont des québecois qui viennent recruter des français en masse. Ils venaient recruter : des infirmiers, développeurs, mais aussi des personnes qui travaillent dans la logistique, des chauffeurs poids-lourds… Ubisoft était également présent, il y avait un peu de tout. Le Québec recherche de la main d’œuvre grâce à l’immigration. L’entretien s’était bien passé, le recruteur me posait des questions, « pourquoi veux-tu être infirmier ? » et des questions plus techniques, à l’issue de l’entretien il m’a mis un avis favorable et derrière j’ai eu des entretiens téléphoniques avec d’autres recruteurs du CIUSS (centre intégré universitaire de santé et de services sociaux) du Québec. Ils étaient hyper à l’écoute, si j’avais quelques réserves sur un service ils m’en proposaient dix autres, ils sont vraiment aux petits soins avec moi. À mon arrivée, en octobre 2020, ils m’ont payé le logement lors de ma mise en quarantaine en plus d’une rémunération qui était de l’ordre de 1000$ canadien (650€) pendant les 2 semaines. Je vais commencer à travailler le 20 novembre dans un service que je n’ai pas encore choisi. En tout cas, ça se voit qu’ils ont besoin du monde ici aussi, avec les efforts qu’ils fournissent pour nous faire venir et rester.

Pourquoi avoir choisi le Canada ?

C’est un rêve que j’ai depuis longtemps, de partir vivre dans un autre pays, voyager… Etant francophone j’ai tout de suite ciblé le Canada pour sa qualité de vie, le salaire et les perspectives professionnelles qui sont beaucoup plus intéressantes.

Salaire médian pour un infirmier :

au Canada → 3200€ / mois

en France → 2200€ / mois

On retrouve également une protection sociale, ce n’est pas la Sécurité sociale mais la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Le coût de la vie au Canada est à peu de choses près similaire à celui de la France, le carburant est beaucoup moins cher, l’eau est gratuite mais le coût des aliments est plus élevé, ça s’équilibre en somme.

Le cadre de vie est exceptionnel, je suis à Québec et la nature est juste à côté de la ville, le climat permet de faire différentes activités tout au long de l’année, étant amateur de patin à glace, de VTT et de sport en tout genre je suis ravi.

Depuis que je suis arrivé à Québec j’ai pu observer une ouverture d’esprit, un grand respect de la liberté individuelle, il n’y a pas de préjugé, les gens te parlent facilement… Je les trouve plus chaleureux qu’en France. En parlant d’ouverture, en France ça devient difficile de pratiquer sa foi tranquillement, il y a régulièrement des polémiques qui touchent les musulmans, le burkini etc. Au Québec je ne retrouve pas cette ambiance pesante, à l’inverse j’ai l’image de Justin Trudeau qui souhaite une joyeuse Aid à tous les musulmans du Québec. Ils sont tellement plus ouvert là-dessus… »

Propos recueillis par Lloyd Lefebvre