13 novembre 2020 – Déjà, cinq années se sont passées depuis cet attentat mais la mémoire des images et des faits est toujours présente. Revenons sur l’histoire qui a bouleversé la France et le monde à travers le documentaire « 13 novembre : Fluctuat nec mergitur ».
Ce jour-là, personne n’aurait imaginé que cet attentat terroriste serait le plus meurtrier que la France connaîtrait. Trois attaques se déroulent dans Paris et sa périphérie. Alors que des milliers de supporters regardent la rencontre amicale de football entre la France et l’Allemagne, trois terroristes tentent de pénétrer à l’intérieur du stade, mais le personnel de sécurité refuse de les laisser rentrer et quelques secondes plus tard, ils décident de se faire exploser. Pendant ce temps, trois autres hommes mitraillent les terrasses parisiennes dans les Xe et XIe à bord de leur Seat noire. Mais les évènements ne sont pas prêts de s’arrêter.
Peu de temps après, ce n’est plus au stade de France ni dans les ruelles de Paris que l’action se déroule. Mais bien, deux kilomètres plus loin. La salle de spectacle du Bataclan vient d’être prise d’assaut par un troisième commando. La plus longue et la plus meurtrière attaque.
Cette nuit-là ne devait pas tomber dans l’oubli. Elle devait être racontée. Les frères Naudet, Jules et Gédéon ont décidé alors de réaliser ce documentaire et nous plonge à nouveau dans cette histoire, qui a marqué les esprits. Déjà connus pour avoir réalisé leur documentaire sur les attentats du 11 septembre 2001 à New York , ils ont fait le choix pour la même raison de raconter cette nuit du 13 novembre. Rendre hommage à ces victimes et survivants.
Diffusé la veille, le 12 novembre sur TMC, nombreux sont les téléspectateurs à avoir été touchés par ce documentaire Netflix, composé de trois épisodes.
Les paroles sont dures à écouter, les images difficiles à regarder. Nous sommes là, haletants, le cœur serré à continuer le reportage. Au Bataclan, ils sont 1 500 personnes à assister au concert du groupe de rock californien Eagles of Death Metal.
Revenons cinq ans en arrière
À travers leurs témoignages, les victimes nous racontent, nous bouleversent par leur sincérité. Personne n’aurait imaginé que trois terroristes seraient rentrés et auraient tiré à balles perdues dans la foule.
Sur ces 1 500 personnes, Yann, un survivant qui se trouvait dans la fosse avec sa compagne, sa sœur, et une collègue à sa sœur, raconte ce qui s’est passé. Tout le monde s’étale sur le sol, décrit-il.
Je vois tous ces gens qui s’étalent, petit à petit, comme des dominos
Nous comprenons leurs sentiments. Nous sommes avec eux, directement plongés dans cette scène surréaliste. La peur, la colère, l’angoisse, le désespoir, toutes nos émotions s’entremêlent. Les victimes perdent la notion du temps. Une minute peut en faire dix.
On fait les morts, c’est la seule solution qu’on ait
Puis, plus aucun bruit. Les tirs cessent. Nicolas continue :
On se remet à respirer et puis on entend un cliquetis, et on comprend qu’il est juste en train de recharger
Le cauchemar ne faisait alors que commencer. Depuis les premières détonations entendues à 21 h 40, ce ne sera seulement qu’à 0 h 30 que les deux derniers assaillants sont abattus. Cyril, survivant de la fosse, verra sa femme Claire partir devant ses yeux.
Alors que l’un des terroristes se met sur la scène et mitraille la foule, les deux autres assaillants sont sur le balcon et prennent en otage un groupe. Un commissaire de la BAC (Brigade anti-criminalité) rentre, tire sur l’assaillant près de la scène quand celui-ci se fait exploser.
Les deux assaillants restant emmènent les otages dans un couloir, situé dans le fond de la salle du Bataclan, à côté des loges. Les prisonniers deviendront alors « les complices » des terroristes. Ils obéissent. C’est le seul moyen de survivre, raconte Nicolas.
Le terroriste ouvre la porte et me dit : “ Tu vois la sacoche ? Tu vas la chercher. Si jamais tu tentes de t’enfuir, je te tue ”
La sacoche se trouve remplie de chargeurs. Les autres, eux, doivent surveiller le couloir et les prévenir si les policiers arrivent. Obligés d’écouter les gémissements et les hurlements de douleur venant de la fosse.
Dans la rue, l’intégralité de la colonne FIR (Force d’intervention rapide), s’apprête à pénétrer les lieux. À l’intérieur, c’est le chaos. Des centaines de personnes sont entassées dans la fosse. Les premiers survivants sont évacués. Dehors, les pompiers utilisent des barrières métalliques en guise de brancards.
Mais dans ce couloir exigu, la tension monte. Un des terroristes « a sa main droite fermée, le doigt sur le détonateur. Il s’appuie avec son coude sur mon genou pour tenir en équilibre », explique l’une des otages, Caroline. La Brigade de recherche et d’intervention (BRI) arrive sur les lieux plus tard. Elle tente de négocier mais l’assaut est la seule et dernière solution. Heureusement, les otages arrivent à s’en sortir.
Quatre-vingt-dix personnes mourront sous les balles de terroristes. Témoigner, raconter était nécessaire pour leur rendre hommage, pour ne pas oublier. Témoigner aussi pour se reconstruire.
Emilie Forquin, une rescapée du Bataclan se confie au HuffPost :
Il fallait montrer que cette soirée a été destructrice pour certaines choses mais qu’elle a aussi révélé de l’humanité. Et on a réussi à le faire avec Nicolas. On a montré une part d’humain dont on n’avait nous-même pas conscience
Ce soir-là, la France a vécu l’horreur mais a aussi montré une part d’humanité. Pompiers, policiers, habitants, tout le monde s’est entraidé. Et alors même que la France était attaquée par le terrorisme, ce jour-là, c’était aussi la naissance de mon cousin, Paul.
Noémie Loiselle
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