D’un PSG malheureux à un OM record : Les clubs français jouent (déjà) leur survie en Europe

Après une trêve internationale qui a notamment vu l’équipe de France faire carton plein (3 victoires) et se qualifier pour l’étape finale de la Ligue des Nations, les clubs reviennent à la compétition ce week-end. Avec en ligne de mire pour les plus prestigieux, la 4ème journée de la phase de groupe de la ligue des champions (24 et 25 novembre). Une journée déjà décisive pour les clubs français engagés, qui pourraient tous être éliminés avant la phase finale, une première depuis…2003 ! Coup d’oeil sur les enjeux d’une semaine déterminante pour sauver la représentation de la France sur la scène européenne.

Il faut sauver le soldat français. Si le football de notre pays se porte bien à l’échelle internationale, il ne doit pourtant pas faire oublier les désastreuses aventures des clubs français hors de leurs bases. Si la finale de la dernière édition à laquelle a participé le Paris Saint-Germain peut faire figure d’écran de fumée, la nouvelle saison a montré une tendance qui se dégage depuis quelques temps déjà : face aux cadors européens, les clubs français sont en souffrance. Le bilan des premières journées est même catastrophique : en 9 matches disputés par les 3 représentants français en ligue des champions cette saison (Paris, Marseille et Rennes), on ne compte qu’une seule victoire, pour 1 nul et 7 défaites. Pire encore, si on enlève les résultats de Paris et Lyon, ces 4 dernières saisons, les clubs français affichent le terrible bilan de 0 victoires en 22 matches de C1. Cette année, à mi-parcours de la phase de groupes, aucun club français n’est classé dans les places qualificatives pour la phase finale. Mais comment expliquer une telle débâcle ?

Commençons par celui pour qui les résultats sont les plus « logiques » : Rennes. Le stade rennais s’est qualifié en terminant à une surprenante 3ème place en Ligue 1 la saison dernière (arrêtée à 28 matchs disputés en raison de l’épidémie de Covid-19). Coiffant au poteau des favoris au podium comme Lille ou Lyon, le club breton a ainsi pu accéder à la plus prestigieuse des compétitions en Europe pour la première fois de son histoire. Et comme souvent à ce niveau, le baptême du feu est rude : Lille en avait fait les frais la saison passée, terminant bon dernier de son groupe avec un petit point pris en 6 matchs. Et les rennais semblent pour l’instant suivre le même chemin : s’ils ont obtenu le match nul face à Krasnodar (1-1) en ouverture, ils se sont en revanche inclinés face à Séville (1-0) et Chelsea (3-0). Pour un club qui découvre la compétition, les résultats sont plutôt logiques, les deux revers ayant eu lieu contre des équipes bien plus souvent habituées aux joutes européennes. Mais le classement n’en reste pas moins décevant : Rennes occupe bien la dernière place du groupe E avec un point et un seul but marqué en 3 matches. Avec 6 points de retard sur la 2ème place, le match retour contre Chelsea mardi (18h55) pourrait déjà définitivement sceller le sort des rouge et noir.

La statistique édifiante sur le football français en Europe : Sans Paris et Lyon, aucune victoire en 22 matchs de LDC pour les clubs de l’Hexagone. (Crédit photo : Canal+ Sport)

Et qu’en est-il des parisiens ? Finaliste malheureux cet été, le PSG n’en reste pas moins un des grands favoris de cette Ligue des Champions, au moins sur le papier. Dans un groupe pourtant à sa portée, Paris a déçu sur cette phase aller, la faute à des absences de cadres répétées pour blessure, entre autres. Le buteur argentin Mauro Icardi (auteur de 12 buts en 20 matchs la saison passée) n’a ainsi participé à aucun des 3 matchs de club parisien en LDC, tout comme le milieu italien Marco Verratti. Le PSG disposait tout de même de Neymar et Kylian Mbappé lors de la défaite inaugurale face à Manchester United (2-1) au Parc des Princes. Les parisiens sont ensuite allés s’imposer en Turquie face à Basaksehir (2-0) dans un match aux allures de formalité, avant de s’incliner face à Leipzig (2-1), cette fois-ci sans son duo d’attaquants. 

Des défaites qui inquiètent tant les matchs semblaient abordables pour Paris, même si la situation du club de la capitale reste la moins alarmante. Troisièmes avec 3 points au compteur, les parisiens devront tout de même éviter un nouveau faux-pas ce mardi (21h), et battre le club allemand pour revenir à sa hauteur, comme ils l’avaient fait le 18 août dernier en demi-finale de la précédente édition (3-0).

Mais ceux qui méritent le plus de porter le « bonnet d’âne » des clubs français en Europe, ce sont bien les marseillais. L’OM, qui retrouvait la ligue des champions pour la première fois depuis la saison 2013-2014, avait pourtant à cœur de faire bonne figure pour son retour au premier plan. Raté : les phocéens sont d’abord allés se faire cueillir sur le terrain de l’Olympiakos (1-0), avant de prendre deux belles raclées face à Porto et Manchester City (3-0). Résultat, après 3 journées, Marseille est dernier de son groupe avec 0 point (seule équipe encore sans point cette année avec le club danois de Midtjylland) mais surtout aucun but marqué (seule équipe engagée en LDC a ne pas encore avoir marqué cette saison) et 7 encaissés. Des records de médiocrité qui ne doivent pas rappeler de bons souvenirs aux supporters olympiens, alors que la dernière campagne à ce niveau, il y a 7 ans, avait déjà été calamiteuse : l’OM avait en effet terminé cette phase de groupes bonne dernière avec 6 défaites en autant de matches et encore une fois un zéro pointé au bilan comptable. Une série noire qui devra vite être stoppée, alors que Marseille vient d’égaler le record historique du nombre de défaites consécutives d’un club en ligue des champions (12). Pour éviter d’être à nouveau la risée de l’Europe, les marseillais tenteront d’aller s’imposer à Porto mercredi (21h00), pour sauver leur peau mais aussi leur image.

En Europa League : Lille et Yazici pour sauver l’honneur 

Quand on parle d’Europe, il ne faut pas oublier l’échelon inférieur, l’Europa League, où chaque saison des clubs français sont aussi engagés. Cette année, c’est Nice et Lille qui représentent le football français en C3. Avec des trajectoires différentes.

Les niçois, eux, suivent plutôt le chemin de Rennes, Marseille et consorts. Dans le groupe C, les azuréens se classent pour le moment 3èmes (à égalité de point avec le dernier) et sont loin de pouvoir assurer leur place en seizièmes de finale. Nice ne compte pour le moment qu’une seule victoire en 3 matches, face aux israéliens de l’Hapoël Beer-Sheva (1-0), qui est loin d’être rassurante. D’autant que les niçois n’ont guère montré mieux à Prague, s’inclinant face au Slavia (3-2), et ont pris une véritable correction face aux allemands du Bayer Leverkusen (6-2). Encore un parcours loin d’être brillant même si la qualification est encore jouable pour les aiglons, qui ne comptent « que » 3 points de retard sur la seconde place. Pour cela, il faudra prendre sa revanche sur le Slavia jeudi (21h00) ou au moins éviter une nouvelle défaite qui, en cas de victoire de Leverkusen dans l’autre match du groupe, pourrait définitivement éliminer les niçois.

Yusuf Yazici (à gauche) peut exulter : meilleur buteur d’Europa League (6 buts), il guide le LOSC et sauve l’honneur des clubs français cette saison. (Crédit Photo : Marco Luzzani/Getty Images)

Heureusement, il y a les lillois. Le LOSC fait figure d’exception qui confirme la règle, seul club français engagé en Europe qui ne déçoit pas, voire même surprend. Car les dogues n’ont clairement pas hérité du groupe le plus facile de cette Europa League, avec des cadors comme l’AC Milan et le Celtic. Qu’importe, puisque c’est bien Lille qui trône en première place à mi-parcours, avec un jeu et des résultats plus qu’encourageants. Invaincus, les lillois sont d’abord allés s’imposer face à l’autre grand club de Prague, le Sparta (4-1), avant de remonter un déficit de 2 buts pour arracher le match nul face au Celtic (2-2). Clou du spectacle, le LOSC est allé corriger sur son terrain l’AC Milan de Zlatan Ibrahimovic (3-0), qui restait pourtant sur 28 matchs sans défaite toutes compétitions confondues.

Lille est donc en grande forme et compte bien prouver qu’il mérite sa place en Europe, et pourquoi pas en Ligue des Champions, où il n’avais pas brillé la saison dernière. Le club remerciera tout de même son buteur turc Yusuf Yazici, meilleur buteur de la compétition (6 buts) et auteur de deux triplés qui ont bien aidé le LOSC a sauver l’honneur des clubs français. Cependant, rien n’est joué et les dogues devront continuer de montrer un beau visage s’ils veulent valider leur billet pour la suite de la compétition. Cela commencera dès jeudi, face à un Milan revanchard dont il faudra se méfier (18h55).

Mais malgré l’exception lilloise, les faits sont là. Encore considérée comme un des 5 « grands championnats » en Europe, la France a de plus en plus de mal à exister sur le théâtre des compétitions européennes. Un sentiment ressenti depuis quelques années déjà, à tel point que ce statut est parfois remis en question. Et même si l’on voit quelques éclaircies ponctuelles, l’état des lieux actuel n’est pas reluisant : Paris n’y arrive pas depuis plusieurs années déjà, pas aidé par les coups du sort. Marseille bat des records de médiocrité mais restera « à jamais le premier » et pour le moment seul club français à avoir soulevé la coupe aux grandes oreilles (1993). Rennes découvre la cour des grands et est encore trop tendre. Et en Europa League, Lille sauve l’honneur alors que Nice inquiète. Et derrière, on ne voit pas d’autre club français capable d’inverser la tendance. Alors que manque t-il aux clubs français ? Du talent ? Du renouveau ? Un peu de réussite ? Quoi qu’il en soit, a mi-parcours,  le constat est alarmant : le faux pas est déjà interdit, sous peine de ne plus avoir personne à supporter en semaine…

Antoine JAMES

Le programme des clubs français :

Ligue des champions (RMC Sport et Téléfoot)

Mardi 24 novembre

18h55 : Rennes – Chelsea

21h00 : PSG – RB Leipzig

Mercredi 25 novembre

21h00 : Marseille – FC Porto

Ligue Europa (RMC Sport)

Jeudi 26 novembre

18h55 : Lille – AC Milan

21h00 : Nice – Slavia Prague