Le 7 novembre dernier, le gouvernement britannique a annoncé la prolongation des « free meals » jusqu’aux vacances de pâques 2021. Initialement contre, Boris Johnson n’a pas eu d’autre choix que de céder. La faute à un vaste mouvement populaire initié par l’attaquant de Manchester United : Marcus Rashford. A tout juste 23 ans, le footballeur est devenu le symbole de la lutte contre la pauvreté infantile Outre-Manche. Retour sur ses différents engagements au cours de ces dernières semaines.  

On ne l’arrête plus. Sur et en dehors du terrain, il multiplie les bonnes actions. Que ce soit dans sa ville de Manchester ou dans la cité rivale de Liverpool, il fait l’unanimité. Sa notoriété ne cesse de croitre, dépassant largement les frontières du football.  Cet homme, c’est Marcus Rasfhord.  

Tout commence en juin dernier. Boris Johnson, Premier ministre anglais, annonce la fin des « free meals ». Les « free meals », ce sont des repas gratuits offerts par les cantines scolaires aux enfants les plus défavorisés. Pour y avoir droit, les revenus des parents doivent être inférieurs à 8335 euros. Dans une Angleterre touchée de plein fouet par la crise du covid-19, cette décision provoque un véritable tollé. De nombreuses associations se plaignent, martelant que des millions d’enfants ne pourront plus manger à leur faim. En vain.

Un engagement payant

Oui mais voilà. Si le gouvernement reste sourd à leurs appels, ce n’est pas le cas de Marcus Rashford. Le joueur des Red Devils n’entend pas seulement la détresse des associations et de la population, il la comprend. Et pour cause. Avant d’être millionnaire, le natif de Manchester était l’un d’eux. Elevé avec ses quatre frères et sœurs par une mère célibataire qui cumulait plusieurs petits boulots, le mancunien bénéficiait, lui aussi, de ces « free meals ». Touché par la cette décision, il décide de s’engager. Et pas à moitié. En effet, il se met en tête de réunir près de vingt millions d’euros pour combler l’inaction du gouvernement. En l’espace de quelques semaines, il y arrive. Seulement voilà. Cette somme, aussi importante soit-elle, ne peut garantir que trois semaines de repas gratuits. Pas une de plus. L’attaquant de Manchester United décide donc d’appliquer l’expression « aux grands maux, les grands remèdes » à la lettre. Dans une lettre, justement, publiée sur son compte Twitter et dans The Guardian, il demande aux députés de voter pour la prolongation de ces repas. Avec des mots simples et efficaces, le footballeur convainc une partie de la population anglaise de l’importance d’aider les plus défavorisés. Sa devise « pour qu’aucun enfant ne se couche le ventre vide » fait mouche. L’engouement est tel que les membres de la chambre des députés acceptent sa requête. Grâce à lui, les repas gratuits sont assurés jusqu’à fin août. S’il a gagné une bataille, Rashford n’a pas gagné la guerre

Bis répétita 

En plus de voir sa côte de popularité augmenter, le natif se voit féliciter par Sa Majesté elle-même. Et de quelle manière. En effet, Elizabeth II décide de le faire Membre de l’Empire Britannique ( MBE). Cette distinction, la plus haute pour le Royaume, émeut particulièrement le gamin du Wythenshawe et contribue à renforcer sa popularité.

A peine décoré, le jeune homme de 23 ans repart déjà au combat. Comme lors du mois de juin, il se confronte au gouvernement de Boris Johnson en lui demandant de prolonger les repas gratuits pendant les vacances. Comme en juin, il bénéficie du soutien populaire. Mais cela se solde par un échec. Les députés refusent de prolonger les repas gratuits. Déçu mais loin d’être abattu, Rashford ne se décourage pas. Mieux, il montre qu’il est aussi habile en communication que dans la surface de réparation. Pour contrer le refus des politiciens, il décide de faire appel à la population. Cette fois-ci, en plus de faire un communiqué, il lance une pétition. Comme l’on pouvait s’y attendre, la mobilisation est au rendez-vous. A tel point qu’en l’espace de quelques jours, le nombre de signataires dépasse le million ! En plus de cela, de nombreuses enseignes de restauration décident de rejoindre le mouvement et d’offrir de la nourriture gratuite aux familles défavorisées. Que ce soient des grands groupes ou des petits commerçants locaux, chacun y met du sien. Ce mouvement de solidarité nationale fait des émules. Boris Johnson, acculé, n’a pas d’autre choix que de céder pour la seconde fois. Le 7 novembre 2020, il appelle lui-même l’attaquant international pour le lui signifier. La décision prise par le Premier ministre va même au-delà des revendications du joueur puisque les free meals ne sont pas seulement garantis jusqu’aux vacances de Noël, non, mais jusqu’à celles de Pâques 2021 ! Pour ce faire, le gouvernement anglais débloque la somme 180 millions d’euros.  

Après la nourriture, la lecture 

Fort de ses victoires, le mancunien continue sur sa lancée. Après la nourriture, le numéro 10 de Manchester United s’attaque à un autre fléau qui touche les milieux défavorisés : l’accès à l’éducation. Selon lui, près de 400 000 enfants n’ont encore jamais possédé de livres. Décidé à y remédier, celui qui a lu son premier livre à l’âge de 17 ans, décide de sortir les grands moyens. C’est pourquoi, le 17 novembre, il annonce son partenariat avec la maison d’édition Macmillan Children’s Books. Mais ce n’est pas tout. Le footballeur de 23 ans révèle, dans la foulée, la sortie d’un livre spécialement dédié aux 11-16 ans intitulé «  You’re a champion ». Co-écrit avec une psychologue et un journaliste sportif, cet ouvrage mettra l’accent sur la mentalité positive et l’importance de l’éducation. Cette action est une nouvelle fois saluée par toute la classe politique anglaise, dont le Premier ministre.

Grâce à Marcus Rashford, ce sont maintenant près de quatre millions d’enfants défavorisés qui ont la possibilité de manger à leur faim. S’il a déjà gagné 7 trophées avec son club, savoir que ces gamins s’endorment le ventre plein est sans doute la plus belle de ses victoires.

Antoine Tailly