Expédition « All Bambinos » : direction l’Amérique du Sud en camion !

Damien Decool, 35 ans, originaire des Flandres, prépare avec sa femme et ses enfants un long voyage vers l’Amérique du Sud. On est aujourd’hui à trois mois du départ. Damien nous explique plus en détail son projet, l’expédition « All Bambinos », lors d’une interview.

Damien, Betty et leurs deux enfants avec leur camion fait-maison

Ce voyage, il doit durer 18 mois. Dix-huit mois sur les routes de l’Amérique du Sud en compagnie de sa famille : sa femme, Betty, qui travaille dans le médical en tant que kinésithérapeute, et ses deux enfants de 4 et 6 ans. Le départ est prévu pour février. Ils démarreront de Steenvoorde, la ville partenaire de cette expédition qui les aide à mettre en place le projet.

Une famille régulièrement sur les routes

Ce n’est pas la première fois que la jeune famille se lance dans un long voyage. Ils ont régulièrement vadrouillé en Europe avec leur van. L’état d’esprit, nous explique Damien, est d’aller à la rencontre des gens : « On aime aller à la rencontre des gens, discuter, échanger et apprendre des différences de chacun ». Avec leurs enfants, le couple est déjà parti en Espagne, en Bosnie, en Croatie ou encore en Slovénie. Ces enfants sont habitués aux voyages. Ils ont leur propre espace dans le camion et aiment particulièrement partir en van.

Mais cette fois-ci, le défi est plus grand. Le déclic s’est fait il y a trois ans alors que la famille voyageait avec leur van à travers l’Europe. Ils ont toujours eu cette envie d’aller plus loin, de faire plus. Ils commencent par se renseigner et se lancent dans un projet plus complexe. Et tout cela est possible grâce à leur expérience nous rappelle Damien : « C’est tout ce qu’on a fait, tout ce qu’on a mené comme projet depuis 10 ans qui nous permet de lancer ce projet aujourd’hui ».

Un nouveau défi

À l’origine, le but était de faire le tour du monde. Mais très vite, ils changent d’idée. « L’idée c’était de faire le tour du monde, mais on s’est vite rendu compte que c’était idiot de tirer un trait et dire “ j’ai fait le tour du monde ” alors que ça veut dire qu’on va aller en Amérique du Sud et ne voir que trois pays. Sur un palmarès c’est bien on a fait un tour du monde, mais finalement on n’en a pas profité, on n’a rien vu, on n’a rencontré personne, on n’a pas aussi mené des actions avec les locaux donc on s’est dit : “ non, ce n’est pas du tout notre truc ” » nous confie Damien.

Ils se lancent donc dans un « tour du monde à petits pas ». L’idée est de se focaliser sur un continent de 2021 à 2022. Mais lequel ? L’Europe, ils l’ont déjà faite. L’Afrique, Betty y est déjà intervenue en travaillant à l’hôpital de Dakar et Damien est allé au Bénin en mission humanitaire. Ils veulent quelque chose de nouveau, découvrir de nouveaux pays, de nouvelles cultures, de nouvelles personnes. La destination est finalement fixée : l’Amérique du Sud. « L’Amérique du Sud c’est le plus complexe, on ne connaît rien du tout ».

Un projet social et culturel

Cette expédition est un projet familial mais pas que ! Il s’agit également d’une ouverture sur le monde. La famille prévoit lors de son voyage d’y faire des actions sociales et culturelles. Ce n’est pas nouveau pour le couple. Damien est le président depuis quatre ans d’une association culturelle pour l’enfance, Œil De Mômes, siégeant à Steenvoorde, la ville du départ. Ce projet se fait dans la continuité de l’association. Leur but est de créer des interactions avec les enfants de l’Amérique du Sud. Ils emmènent donc avec eux du matériel pour faire des ateliers dont du cinéma en plein air.

« La partie sociale et culturelle est très présente dans le projet; ce n’est pas qu’un road trip familial »

Damien Decool

Un projet qui a mis trois ans à se concrétiser

Trois ans, c’est le temps qui leur a fallu pour préparer ce grand et long voyage. Il s’agit d’une expédition colossale, il fallait donc s’y prendre à l’avance. Pourquoi commencer aussi tôt ? La réponse : pour concevoir le camion qui allait devenir leur chez-eux pendant plusieurs mois. Et oui ! Ce camion ils l’ont conçu eux-mêmes, par leurs propres moyens ! Ils l’ont acheté il y a deux ans de cela et l’ont totalement aménagé. Cette expédition leur demande davantage de confort et d’autonomie. Le véhicule a une capacité de 500 L de réserve d’eau, 400 L de réserve de gasoil, un vrai chauffage et une installation solaire leur permettant d’avoir 220 V. Cela leur permettra durant ces 18 mois d’être autonome face à n’importe quel imprévu : « Il faut être autonome au maximum car dans les coins un peu reculés où on veut alle,r il n’y a pas forcément de pompes à essence, de supermarchés. Le risque n’est pas le même ». Et pour s’assurer de sa tenue, Damien et sa famille sont partis un mois dans les Alpes afin de le tester.

Cet été, Damien, Betty et leurs enfants sont partis dans les Alpes avec leur camion afin de tester ses capacités

En plus de cela, il faut également prendre en compte tout le côté logistique : préparer le départ, l’itinéraire et le transport du camion. Ce véhicule sera envoyé un mois avant, c’est-à-dire en janvier, d’Anvers vers l’Amérique du Sud. La famille rejoindra ensuite leur camion en février par avion.

Dernier point à voir : le travail. Betty était à son compte en tant que kinésithérapeute libérale. Mais un an et demi c’est long. Il faut trouver des remplaçants en permanence et la durée du voyage complique les choses. Elle est donc passée en salariat dans une structure spécialisée pour les personnes âgées. Elle a ainsi obtenu de petits contrats en attendant la date du départ.

Comment financer ce projet ?

Ce sont des budgets conséquents. Une grande part du budget vient de fonds personnels, mais cela ne suffit pas. Damien et Betty ont donc mis en place une cagnotte et des partenariats. Cette cagnotte, aujourd’hui clôturée, sert à leur apporter de l’aide. Pour Damien, prendre en charge la partie privée du projet est normal mais pour la partie sociale et culturelle, ces personnes, en offrant leur soutien financier, s’engagent avec eux. Toutefois, la cagnotte est insuffisante. C’est pour cela qu’ils ont également mis en place des partenariats avec des entreprises locales (agence immobilière, boulangerie…). Parmi elles, un équipement leur donne des habits à l’effigie de l’expédition. Un système de sponsoring en échange du partenariat est compris dans l’accord. Ce sponsoring s’échelonne de 250 à 1 500 €. En fonction du sponsoring, le logo de l’entreprise sera collé sur le camion. Cependant la situation sanitaire complique légèrement les démarches avec les petites entreprises en difficulté.

Mais la crise complique légèrement les choses

Damien ne désespère pas : « On se dit que ça pourrait être pire. Pire pourquoi ? Parce qu’on aurait pu partir en 2020 et être confiné pendant 6-7-8 mois dans des pays étrangers ». Beaucoup de choses sont remises en cause du fait de la crise sanitaire. Premier problème : ils doivent rentrer par Montevideo en Uruguay. Or les frontières de l’Uruguay sont pour le moment fermées. Cela complique les démarches pour réserver le bateau et transporter le camion. Ils n’ont donc réservé ni billet d’avion ni billet de bateau.

Ils réfléchissent alors à différentes alternatives. Première alternative : ils rentrent en Amérique du Sud par la Colombie qui est actuellement en phase de déconfinement. Le transitaire qui s’occupe du transport du véhicule peut leur proposer de le déposer dans ce pays. Mais les événements peuvent encore évoluer. Deuxième alternative : reculer la date d’arrivée en Amérique du Sud et faire une boucle pendant quelques semaines ou mois en Afrique du côté du Maroc ou en Europe du Nord. Damien reste assez confiant sur la réalisation de ce projet.

Quelques conseils pour de jeunes aventuriers ?

Si vous aussi vous voulez partir pendant plusieurs mois en road trip, ce n’est pas de la chance qu’il vous faut mais travailler pour voir son rêve se concrétiser. « Il faut qu’ils foncent » nous dit Damien, « ce n’est pas en regardant les autres faire que les projets personnels vont se concrétiser […]. Il faut avoir le déclic, ne pas avoir peur, ne pas se dire que ça n’arrive qu’aux autres ». Les prix sont énormes pour ce genre de projet, pour obtenir les fonds dont on a besoin il faut donc cumuler plusieurs activités professionnelles. Tout cela prend du temps. Il faut s’y prendre à l’avance, se donner un objectif et du temps : « C’est inévitable si on veut avoir des financements, il faut travailler ».

« Si les gens ont envie de le faire, il faut foncer, travailler sur le projet et il vont vite se rendre compte que ce n’est pas mort et qu’il y a des choses qui sont réalisables »

Damien Decool

Léa Comyn