« De Gaulle, un homme du Nord » : la web-série à regarder pour l’anniversaire du Général

A l’occasion du triple anniversaire – 120 de sa naissance, 80 ans de l’appel du 18 juin et 50 ans de son décès, le général de Gaulle est à l’honneur en 2020 et plus particulièrement en ce mois de novembre. Dans une web-série sortie au début de l’été, les Hauts de France, en collaboration avec l’INA, ont décidé de retracer l’histoire du Grand Charles à travers la région. De son enfance à sa mort, retour sur la relation très forte qui unissait Charles de Gaulle et le Nord.

Ce qui frappe aux yeux lorsque l’on regarde les 10 épisodes de cette web-série, c’est de l’amour que portait le Général à sa terre natale. Mais attention, cette relation est loin d’être à sens unique. Au contraire. Si De gaulle aimait le Nord, le Nord aimait De Gaulle. Tout au long de sa longue et très riche vie, il a pu compter sur le soutien des nordistes. Pour comprendre cela , il faut se pencher, dans un premier temps, sur la jeunesse du Grand Charles. 

Le Nord dans le sang

Né le 22 novembre 1920 à Lille, d’un père parisien et d’une mère lilloise, De Gaulle est initié très tôt aux valeurs nordistes. De par sa mère catholique, qui lui transmet la foi, puis par son père, instituteur, qui lui comte l’histoire de ce territoire à travers de « grands récits » Malgré un déménagement à Paris, il continue de se rendre régulièrement dans la région. Les séjours en famille sur la Côte d’Opale, à Wimereux, contribuent encore un peu plus à renforcer son affection pour sa terre natale. Preuve de l’amour qu’il lui porte, il décide d’y revenir en 1909 pour effectuer son service militaire. Mais ce n’est pas tout. Lorsque la première guerre mondiale débute en 1914, il se bat sur le front belge. Blessé, il est contraint de se retirer pendant deux mois. A son retour, son régiment se bat désormais dans l’Aisne. Il y reste de longs mois avant de partir pour Verdun, en 1916. Si la région peut compter sur son enfant, ce dernier peut aussi compter elle.

Un rôle important dans la Résistance

Comme lors de la seconde guerre mondiale. Son appel du 18 juin 1940, passée dans les locaux de la BBC, est entendu par la population nordiste. A commencer par l’hebdomadaire régional le plus populaire : la Voix du Nord. Dès 1941, ce dernier retranscrit les appels à la résistance du Général pour lutter contre l’occupation allemande.  Charles de Gaulle peut aussi compter sur les mineurs qui, pendant trois jours, vont stopper la production de charbon. Malheureusement, cet acte héroïque se termine dans le sang et plusieurs d’entre eux sont exécutés par l’armée allemande. Dans un message aux alliés américains, le chef de la Résistance déclare :  » C’est à Lille, dans ces provinces de la zone occupée les plus riches et les plus peuplées de la métropole que nous trouvons nos meilleurs soutiens. » Preuve de la force et du courage du peuple nordiste.

Quatre ans après son exil londonien, il revient en France en héros. Après avoir libéré Paris en août, il décide de se rendre, le mois suivant, dans le Nord. L’objectif de cette visite est simple : encourager la reconstruction d’un pays et d’une région décimés par la guerre. Ce voyage durera 2 jours. Alternant hommages et discours, le Général demande à son « peuple » d’être fort. Comme lors de son discours à Béthune où, perché sur le balcon de l’Hôtel de Ville, il arrange une foule déjà tout acquise à sa cause.

Une aide précieuse dans son ascension politique  

Sa carrière politique, De Gaulle la doit, en partie, aux habitants de la région. Dans les bons et les mauvais moments, ils ont toujours été là pour lui. Comme en 1947, année de création du RPF ( Rassemblement du peuple français.) Pour donner de l’élan à son parti, il décide d’en faire la promotion directement devant les Français. Et quoi de mieux que sa terre natale pour impulser ce mouvement ? A l’image de sa venue en septembre 1944, les rues des villes qu’il visite sont remplies. Il faut jouer des coudes pour pouvoir l’apercevoir. La grand place, noire de monde, peine à accueillir les Lillois. Quelques mois après ce passage triomphant, cette dynamique se concrétise dans les urnes. Lors des élections municipales de 1947, le parti gaulliste rafle des villes comme Valenciennes ou Lille. Sur une terre où le socialisme règne depuis plusieurs décennies, c’est bel et bien De Gaulle qui est roi. Pourtant, sur la scène nationale, le refrain est tout autre. L’euphorie de la libération laisse place au doute. Les Français n’adhérent pas au gaullisme et ça se voit. La défaite du RPF aux élections législatives de 1951 le démontre. On le croit alors fini pour la politique, et pourtant… 

Un soutien de poids

Charles de Gaulle comprend très vite que les visites dans le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie sont un moyen de jauger sa popularité. Mieux, de la renforcer. Sa visite dans la région en 1959 en est la parfaite illustration. Rappelé par René Coty pour gérer l’épineuse question du conflit algérien, le héros de la Libération se montre favorable à l’autodétermination des peuples. Pour expliquer cette prise de position, il décide d’entamer une tournée dans tout l’hexagone. En septembre 1959, il arrive dans la région. Sa visite de 4 jours est un véritable succès. Le général est, sans conteste, l’homme le plus populaire de France. L’enthousiasme des nordistes pour l’enfant du pays est immense. Partout où il passe, on l’acclame. Cette visite lui permet donc, non seulement, d’augmenter sa popularité mais aussi de renforcer sa légitimité.

Cinq ans plus tard, c’est dans un tout autre climat qu’il revient sur son terrritoire. La France connait une transformation sans précédent et cela le fragilise. Ses alliés de toujours, les mineurs, entament même une grave importante en 1963. Pour contrer cette mauvaise période, il décide, comme à son habitude, d’entamer une nouvelle tournée de 4 jours dans la région. Cette fois-ci, direction la Picardie. Malgré certaines réticences, les Picards l’acclament encore et toujours. Sa popularité est intacte. C’est un triomphe. Comme lors de ses précédentes visites, le Général déchaine toujours autant les passions. Rassuré mais surtout déterminé, il décide, après ces quatre jours, de briguer un second mandat l’année suivante. 

S’il est de nouveau réélu pour un mandat en 1965, les heures de gloire du président semblent bien derrière lui. Quatre ans après, suite à la victoire du non lors du référendum de 1969, il démissionne et se retire de la vie politique. Même son peuple nordiste l’a désavoué. Qu’importe, la relation qu’il entretient avec lui reste toujours aussi forte. Par son charisme et ses valeurs, le Général a toujours eu une place particulière dans le cœur des gens du Nord. Symbole de la fierté qu’il représente pour la région, la décision des Hauts-de-France de faire de 2020 « l’année De Gaulle. » C’est justement de cette initiative qu’est née cette web-série. Si le Grand Charles a conquis la France entière, il restera toujours ce  » petit Lillois de Paris. »

lien de la série : https://www.youtube.com/watch?v=5bwgXCxylVY&list=PL-cnNku4k996P5P0rvk_eL_l14s8itiX5&index=5

Antoine Tailly