La consommation de cannabis en hausse pendant le confinement

Entre télétravail, limitation des sorties, et angoisse générée par la crise du COVID… difficile de garder le moral sous les masques. Quand certains trouvent réconfort dans le sport, la musique, et le travail, d’autres se tournent vers le cannabis. 

35% des usagers auraient augmenté leur consommation de cannabis juste après le premier confinement.

 En septembre, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin mettait en place des amendes forfaitaires de 200 euros à l’attention des usagers de cannabis. Cette nouvelle procédure avait été très mal accueillie par les jeunes et des chercheurs. Ces derniers estiment en effet qu’il n’existe aucune véritable corrélation entre répression et consommation; et qu’un consommateur accoutumé continue généralement de consommer dans la sphère privée, même après s’être fait arrêter.

Depuis le confinement, difficile donc de savoir si les amendes forfaitaires ont eu un quelconque effet sur les fumeurs. Au contraire, certaines études menées depuis avril par Cannavid indiquent que 35% des usagers auraient augmenté leur consommation de cannabis juste après le premier confinement. « Si j’ai envie de fumer, que je suis chez moi, et que je peux me rouler un joint, je vais le faire, même si je travaille” explique Manon.

“La drogue sert à passer les moments difficiles de l’existence” explique Fabrice Olivet, directeur de l’association ASUD (Auto-Support des Usagers de Drogues). Aussi, selon lui, envisager un sevrage en plein confinement peut constituer un risque: “les personnes addictes traversent des périodes post stress plus intenses. On ne peut pas leur demander d’arrêter de consommer”. Pour répondre à une demande plus forte, le chercheur s’est également rendu compte qu’un véritable système s’était mis en place: “les gens ont commencé à faire des stocks de drogues, les  livreurs ont changé d’organisation, et les vendeurs ont augmenté leur prix.” 

En raison de son illégalité, il est cependant difficile d’établir un bilan précis de la consommation de cannabis au cours de ces derniers mois, d’autant plus qu’elle se réalise dans la sphère privée. Mais une chose est certaine, ce marché est loin d’avoir cessé de fonctionner. 

Emilie Cordier