La tradition du santon en péril ?

Alors que la crise sanitaire entraine de nombreuses annulations d’évènements, ce sont cette fois les marchés de Noël qui en font les frais. Strasbourg, Lille, Arras, Lyon… les chalets ne seront pas présents dans les centres-villes. Les vendeurs de santons s’en mordent les doigts ! Ces évènements festifs leur permettent d’écouler un grand nombre de santons, provençaux ou non.

A Marseille, un marché de Noël dédié aux santons prend place tous les ans depuis 1803 près du Vieux-Port. Une tradition qu’il ne faut pas annuler et qui résiste à la pandémie mondiale. En effet, le préfet des Bouches-du-Rhône l’a annoncé : la foire aux santons aura bien lieu. Protocole sanitaire oblige, le nombre de visiteurs sera restreint et la distanciation sociale devra être respectée. Malgré cette ouverture tardive, l’avenir des santonniers est en suspens. Cette période de fête représente 80% de leur chiffre d‘affaire. Gisèle et Daniel Beaumond-Vouriot, santonniers installés sur les hauteurs de Marseille, craignent pour leur métier. Ils témoignent dans les colonnes de Famille Chrétienne : « J’ai peur pour ceux qui se sont lancés ces dernières années, qui ont des crédits à rembourser, les plus jeunes dans la profession. La crise du Covid-19 fait suite à celle des Gilets Jaunes ou encore aux attentats de Strasbourg en décembre 2018 qui ont impacté tous les marchés de Noël cette année-là. ».

A Lille, la boutique de l’Artisanat Monastique, située dans la crypte de la cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille, vend également des santons. Mais vous n’y trouverez pas des santons de Provence ! Dans cette boutique, tous les santons proposés sont artisanaux et fabriqués par des monastères de la France entière. Petits, grands, moyens, colorés, en noir et blanc, traditionnels ou plus contemporains, chacun ses goûts. Jean-Pierre Renier, gérant de l’antenne lilloise de l’Artisanat Monastique nous explique que « le but de la boutique est de faire vivre les monastères. Nous ne vendons pas de santons de Provence car cela serait au détriment des productions artisanales. » Pour lui, l’annulation du marché de Noël de Lille n’aura un impact sur leur chiffre d’affaire. « Nous ne sommes pas présents sur le marché. Par contre, nous avons dû annuler des ventes en extérieures à Saint-Quentin et à Reims. Tous les ans, nous nous déplaçons dans plusieurs villes de la région et nous vendons nos produits. Ce manque à gagner va se voir en fin d’année. L’impact sera réel sur notre chiffre d’affaire. »

Pour Jean-Pierre Renier, les clients vont étaler leurs achats sur tout le mois de décembre, et espère vendre des santons. « Nous n’en vendrons pas autant que les années précédentes mais sûrement un peu quand même. » La vente de santons et de crèches représente plus de 50% du chiffre d’affaire du mois de décembre pour cette boutique. « Nous avons vendu fin novembre une crèche assez imposante avec ses santons, ce qui représente environ 1500€ hors taxes. » Les 1500€ sont reversés au monastère qui l’a fabriqué mais la boutique garde la marge, ce qui équivaut à 1,5% du prix.

Se dépêcher pour avoir le dernier venu

Tous les ans, le couvent de Jouarre crée un nouveau santon pour la crèche. Cette année, il s’agit d’un petit chat. Jean-Pierre Renier nous explique que « les gens viennent normalement très rapidement pour l’acheter car nous n’avons pas un stock important. Le couvent travaille avec d’autres magasins et le stock est divisé entre tous. » Cette année, peu de monde s’est emparé du chat mais ça ne saurait tarder !

La crèche du couvent de Jouarre, avec au premier plan le nouveau santon : le chat
Crédits Photos : Amélie Desjuzeur

La boutique de l’Artisanat Monastique sera ouverte tous les dimanches de décembre. N’hésitez pas à aller y faire un tour, il n’y a pas que des produits religieux : bières, chocolats imbibés de champagne ou encore confitures, le choix est varié !

Exemple de santons proposés dans la boutique de l’Artisanat Monastique de Lille.
Crédits Photos : Amélie Desjuzeur

Amélie Desjuzeur