Covid-19 : la déception des étudiants infirmiers venus en aide dans les hôpitaux

Face à la seconde vague de l’épidémie de Covid-19 dans les Hauts-de-France, les étudiants infirmiers ont été sollicités pour apporter leur aide aux hôpitaux. Une expérience riche professionnellement et humainement, mais non moins éprouvante.

Le 26 octobre dernier le ministre de la Santé, Olivier Véran, a appelé les étudiants-infirmiers à renforcer les équipes d’aides-soignants dans les unités Covid-19. Cela peut se faire sous la forme d’un volontariat rémunéré dans un premier temps, puis par des affectations directes dans les services dans le cadre du « renfort-covid ».

Les étudiants infirmiers de deuxième et troisième année ont été appelés, dans le cadre du Plan Blanc. (Lola Mahieu)

« Je suis fière d’avoir aidé » 

Louise* a 22 ans, et est en troisième année d’études d’infirmière. Au total, elle a participé à 8 missions, en plus de ses études. « Je voulais aider et me rendre utile dans cette crise sanitaire historique.» De son côté, Marc*, 19 ans, en deuxième année d’infirmier : « il fallait aider ».

Un manque de considération 

Volontaires oui, mais certains étudiants déplorent la manière dont les choses ont été faites. Envoyé pendant deux semaines en renfort au CHU de Lille, Marc* confie : « je me sentais comme un pion, on ne nous demande pas notre avis. On peut parler de réquisitions ».

Le 10 novembre dernier, le gouvernement a annoncé une revalorisation de leurs indemnités de stage. En temps ordinaire, elles s’élèvent à 40 euros en deuxième année et 50 euros en troisième. Ce montant s’élève maintenant à 136,5 euros par semaine de mobilisation, jusqu’à la fin de la crise sanitaire. « Ca reste insuffisant », souligne Marc*, « nous avons le statut d’aide-soignants mais nous ne sommes pas payés comme tels ».

Lésés sur la formation

Quand ils se portent volontaires, c’est sur le temps de leurs études. Leur absence les oblige à fournir un travail en plus, pour rattraper les cours. « C’est difficilement compatible avec les cours, je suis en retard », se confie Louise*. Marc s’est senti soutenu par ses formateurs : « ils nous envoient des messages et les cours sont sur internet ». Certains craignent que la durée du renfort, prise sur les temps de stage, ne lèse leur apprentissage. « C’est une chance en moins de découvrir une autre spécialité. »

« Rendre les travaux pour l’école, les projets de stage, faire nos recherches sur les pathologies, être envoyé en renfort, en essayant de garder une vie sociale, c’est fatiguant moralement  » – Marc*

José Goetinck, coordinateur des formations au CHU de Lille, assurait à France 3 Région : « il y a eu de l’incompréhension de la part de certains étudiants. On les accompagne et on les rassure.  Il faut participer à l’effort national. »

*Les prénoms ont été modifiés  

Lola Mahieu