Files devant les boutiques, foule dans les rues, vitrines décorées … La réouverture des commerces non-essentiels à Lille a redonné au centre son ambiance festive de fin d’année.
Ce n’est pas un déconfinement, mais ça y ressemble bien. Dans les rues du centre de Lille, c’est une ambiance festive et chaleureuse qui règne samedi après-midi, jour de la réouverture des commerces non-essentiels en France. Bien qu’il s’agisse seulement d’une première étape dans l’assouplissement des mesures sanitaires, et que l’attestation de déplacement soit toujours en vigueur, c’est une véritable impression de liberté retrouvée parmi la foule de passants dans les rues. Des décorations de Noël sont installées et les vitrines brillent, des chants de Noël résonnent rue Esquermoise.
Sur la Grand’ Place, aucune place assise sur la margelle de la fontaine de la Déesse. Rue Neuve et rue de Béthune, les passants se bousculent. Plusieurs dizaines de personnes attendent devant les boutiques de grandes marques d’habillement et de cosmétiques, au centre commercial Westfield Euralille. « Il y a autant de monde qu’un samedi normal », remarque la sécurité.
La cote des grands magasins de vêtements
Pour beaucoup de clients, ce ne sont pas des achats de Noël. « On vient juste se balader », rit un couple dans la file d’une librairie. Mais dans les boutiques de vêtements, « beaucoup de clients achètent ! », remarque une employée. « On nous avait prévenus qu’il risquait d’y avoir du monde, mais je pensais que les clients feraient un peu plus attention », confie un vendeur d’une grande ligne de magasins de vêtements. « Ils se sont rués dès l’ouverture. Et regardez, ils sont tout collés dans la file et il y en a plein qui portent le masque sous le nez ! », soupire-t-il.

Photo Clémentine Laurent
Beaucoup de passants mais pas tant de clients
Chez un célèbre pâtissier-chocolatier du Vieux-Lille, il y a au contraire moitié moins de clients qu’un samedi normal. « Beaucoup de gens passent devant mais tout le monde ne s’arrête pas », remarque-t-on dans un magasin de chaussures de la rue Neuve. « Mais on s’y attendait, c’est normal, c’est la reprise. »
Avec la réouverture des commerces français quelques jours avant nous, on pouvait croire que les Belges auraient tenté d’aller faire du shopping en France, malgré les recommandations du SPF Affaires étrangères. Mais selon les vendeurs, ce samedi, les clients étaient essentiellement lillois.
Le soulagement de la réouverture
Pour tous les commerces, la réouverture est bien sûr un soulagement ; mais beaucoup avaient mis en place un « click and collect ». « Ça permet de renflouer un peu mais pas de tenir sur le long terme, il fallait qu’on rouvre la boutique », explique un pâtissier-chocolatier. Un « ouf » que les commerçants belges n’ont pu, eux, souffler que mardi.

Photo Clémentine Laurent
Des mesures belges strictes qui avantagent les commerces français ?
Le gouvernement belge fait preuve de plus de sévérité qu’en France. Les commerces belges devront se plier à la règle des dix mètres carrés par client, et ceux-ci devront faire leurs achats seuls et en maximum trente minutes. Mais en France, pas de limitation de temps ou d’accompagnateurs pour les achats, et les commerçants peuvent accueillir un client pour huit mètres carrés. Un avantage pour les commerces français ? « Je ne pense pas », relève une commerçante lilloise. « Au final, il n’y aura pas de grande différence au niveau du nombre de clients en même temps. » En revanche, devoir faire ses achats de Noël seul pourrait être un problème. « Les clients viennent tout le temps faire leurs achats accompagnés, en couple ou en famille », commente une vendeuse.
Outre-Quiévrain, chez les commerçants Tournaisiens, la différence de mesures agace. « Je ne comprends pas pourquoi on fait différemment de la France », proteste la gérante d’une boutique de vêtements de la Grand’ Place. « Les gens sont là pour flâner, alors une contrainte de temps et du nombre d’accompagnateurs, ça ne nous aide pas du tout. Ouvrir à moitié, c’est comme travailler sans tous les outils. »
Rue de la Tête d’Argent, la gérante d’un concept-store préfère se contenter des mesures annoncées. « De toute façon, avec le peu d’espace, que ce soit huit ou dix mètres carrés, ça ne changerait rien. Je suis déjà très contente de pouvoir rouvrir. C’est mieux que rien. »
Mais les deux commerçantes ne se font pas de souci pour la clientèle et comptent sur le soutien des Tournaisiens. « Même si la frontière est proche, ils sont bien conscients de la difficulté des petits commerçants, je pense qu’ils vont nous soutenir. »
Clémentine Laurent (publié par L’Avenir Le Courrier de l’Escaut)
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