Stages en période Covid : les étudiants infirmiers racontent

D’après la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers, environ 65 000 étudiants ont été mobilisés pour renforcer les équipes hospitalières. Deux étudiantes racontent leur expérience au sein des hôpitaux et Ehpad de la métropole lilloise.

Aude, 23 ans est stagiaire dans deux Ephad l’un à Wazemmes l’autre à Lambersart. Emilie*, 22 ans , travaille dans un service Covid pour un hôpital privé de la métropole Lilloise. Les deux étudiantes ont été sollicitées dans un service Covid lors de la première vague. Lorsqu’on leur demande leur avis sur la seconde vague leur opinion diffère.

Dès son arrivée à l’hôpital Emilie* a senti la différence avec la première vague « La seconde vague est plus intense que la première en moins de deux semaines, j’ai assisté à plus de 20 décès, c’est énorme pour moi », pour Aude la connaissance de la maladie permet une meilleure gestion dans les Ehpads « Aujourd’hui on connait un peu plus le virus, on connait les gestes barrières. Dès qu’un patient a des symptômes, on le met en isolement. On est un peu moins dans l’incertitude. »

« C’est difficile de voir autant de personnes sortir pendant le confinement. Il y a beaucoup de choses qu’on aimerait faire mais qu’on ne s’autorise pas à cause de notre conscience professionnelle »

Moins de propagation, mais toujours sous pression

D’après le dernier bilan de Santé publique France du 30 novembre l’épidémie ralentit avec moins d’hospitalisation et moins de taux de positivité des tests, néanmoins les conditions de travail restent éprouvantes pour les étudiants, car dans la réalité les hôpitaux manquent de matériel, mais aussi de personnel comme l’on constaté les deux étudiantes. L’appel aux étudiants d’Olivier Véran le 26 octobre dernier témoignait déjà de ce manque : Emilie* explique « La plupart du personnel est contaminé, mais à partir du moment où on est asymptomatique, on est dans l’obligation de venir travailler, ça peut paraitre stupide mais c’est comme ça que ça se passe.»

« C’est difficile, on n’a pas assez de matériel et on est en sous-effectif » dit Aude, mais Emilie*, quant à elle, souligne la complexité de l’apprentissage en cette période de Covid « On travaille dans des conditions particulières, on manque de matériel et pour la formation il y a une infirmière hygiéniste qui vient parfois donner deux ou trois conseils, mais après, tu te débrouilles. »

Face à la solitude et l’intensité du terrain, le stage en période de Covid-19 se révèle être éprouvant physiquement et mentalement « Depuis que l’épidémie a commencé ça fait maintenant six mois que je n’ai pas vu ma famille parce que je suis exposée et je n’ai pas envie de les exposer » confie Emilie*, face au virus Aude dit tenir grâce à Dieu. Pour soutenir le personnel soignant plusieurs hôpitaux ont mis en place des cellules d’aide psychologique.

*Le prénom a été modifié

Laetitia Mbuyi