Cinq polars pour frissonner sous la couette en attendant Noël

C’est bientôt la fin du confinement et vous n’avez plus rien à lire pour tuer le temps ? Vous êtes un fin lecteur, mais vous n’avez pas d’idée de bouquins à vous faire offrir à Noël ? Ou pour offrir à un proche ? Enfaits.fr vous propose une sélection éclectique de cinq thrillers. Âmes sensibles s’abstenir…

Meurtres sordides, vengeance effrénée, mémoire défaillante… Toute la panoplie du roman policier y passe et les intrigues sont finement ficelées. Cinq œuvres dont vous allez dévorer les lignes, les yeux écarquillés sous la couette, jusqu’à très tard dans la nuit.

M, le bord de l’abîme, Bernard Minier, 2019

Hong Kong, ses gratte-ciels et ses échoppes sordides. Moïra, jeune Française ambitieuse, est engagée par le géant de la tech Ming pour travailler à la réalisation de DEUS, un super assistant vocal humain censé résoudre tous nos problèmes et prendre les décisions à notre place. Mais dans le centre ultra sécurisé de la multinationale chinoise, une drôle d’ambiance règne. Certains semblent cacher quelque chose et beaucoup se méfient des autres. Et pour cause : 4 anciennes employées de Ming ont récemment été sauvagement tuées.

Bernard Minier nous plonge tout au long d’une intrigue de 600 pages dans l’enfer moite de Hong-Kong. L’auteur y a passé du temps avant d’écrire son ouvrage : ses descriptions sans fin de la ville sont minutieuses et très réalistes. Il dépeint un monde rempli où l’intelligence artificielle règne en maître, rempli de robots et de machines, où les humains sont sans cesse surveillés. Le futur ? Non, le monde d’aujourd’hui, comme il le dit lui-même au début du roman. Tout ce qu’il décrit existe déjà. Une angoisse supplémentaire qui s’ajoute à celles colportées par le tueur à sang-froid du récit.

Le saut de l’ange, Lisa Gardner, 2017

Sous une nuit noire et pluvieuse, dans le New Hampshire, Nicole subit un terrible accident de la route. À son réveil, elle ne cesse d’appeler une certaine Véro. Sa fille, d’après elle. Pour la police, il y avait bien quelqu’un avec elle au moment de l’accident. Mais impossible de la retrouver. Jusqu’à ce que le mari de Nicole ne fasse irruption et certifie ne pas avoir d’enfant avec elle. Alors, qui croire ? Qui était dans la voiture avec Nicole, dont la mémoire semble de plus en plus dérailler ?

Si Nicole est malmenée par l’auteur, le lecteur l’est aussi. Lisa Gardner prend un malin plaisir à jouer avec nos certitudes et nous retourne les entrailles tout au long du récit. Ne la croyez pas : 100 pages plus tard, les évidences deviennent des doutes. Si l’existence de Véro pose question, celle de Nicole aussi. Un brillant roman, qui mêle trouble de la mémoire et de l’identité à merveille.

Alex, Pierre Lemaître, 2011

L’horreur : Alex se retrouve emprisonnée dans une cage où elle ne peut ni se tenir debout, ni assise, suspendue au toit d’un hangar désaffecté. Des rats viennent lui chatouiller les pieds et attendent son heure. Elle ne connaît pas son agresseur. Mais quand la police retrouve la cage, Alex a disparu. Personne ne sait vraiment qui elle est : très éloignée de sa famille et sans réel ami proche, la jeune femme, amateure de perruque, est une énigme.

Avant d’être lauréat du prix Goncourt, Pierre Lemaître est aussi un champion du polar. Ici, la victime devient l’agresseur, l’agresseur la victime, et ainsi de suite. Alex est-elle soumise à une terrible vengeance ou cherche-t-elle justement à se venger ? Une intrigue qui mènera le petit inspecteur fétiche de l’auteur, Camille Verhoeven, dans le sombre passé de l’anti-héroïne. Un thriller qui reprend les codes de la folie meurtrière et qui maintient le lecteur en haleine jusqu’au dénouement.

Ne le dis à personne, Harlan Coben, 2001

David Beck est un pédiatre sans histoire. Il adore son métier. Son épouse, quant à elle, a été assassinée il y a 8 ans par un tueur en série. Il a tourné la page, tant bien que mal. Un jour, il reçoit un e-mail anonyme dans lequel se trouve une image de sa femme, filmée dans la rue par une caméra en direct. Il n’en revient pas. Il s’agit bien d’elle, alors que le propre père de la supposée victime, officier de police, avait identifié la dépouille comme étant bien morte. Son mystérieux émetteur lui donne ensuite rendez-vous le lendemain…

Pour élucider une affaire, il faut se replonger dans son propre passé. Une vieille rengaine de thriller qui marche encore à merveille. Harlan Coben, auteur d’une trentaine de polars, signe ici son meilleur. Pour savoir si, oui ou non, sa femme est bel et bien morte, le tranquille Beck se met dans de belles histoires, s’entourant de petits truands pour en affronter de plus grands. Son histoire éveille aussi les soupçons de la police. Et chacun va mener sa petite enquête qui les mènera à la vérité.

Pulp, Charles Bukowski, 1994

Nick Belane, détective privé un peu minable, est chargé par la Mort elle-même de retrouver Louis Ferdinand Céline. L’auteur français est encore de ce monde : il a été aperçu à Los Angeles. Et la Mort veut se l’offrir une bonne fois pour toute. Mais cette enquête est couplée à une autre, puis encore une autre. Belane doit aussi retrouver le Moineau Écarlate, et traquer une Cindy qui roule en Mercedes rouge…

Dernier ouvrage de Charles Bukowski, Pulp décrit un personnage principal à l’image de son auteur : alcoolique, amoureux des femmes, mais grossier et désabusé. Pendant qu’il mène ses enquêtes sans conviction, il parsème le récit de réflexion sur la vie et la mort. Et la fin du roman lui donnera raison. Fin du roman, mais aussi fin de Belane et de Bukowski. A lire pour tous les amoureux de la littérature trash.

Mathieu Alfonsi