1907, Gaston Leroux publie dans l’Illustration son premier roman-feuilleton Le mystère de la chambre jaune. Il met en scène un jeune génie appelé Rouletabille, menant une enquête insoluble. Le premier volet d’une série de palpitants romans, nourris de l’expérience de l’écrivain.
Le Fantôme de l’Opéra, Le parfum de la dame en noir, Le mystère de la chambre jaune, Le fauteuil hanté… La plume de Gaston Leroux a fait naître bien des aventures fascinantes. Sur fond d’énigmes, il croise le frisson et l’humour et sait tenir en haleine ses lecteurs.
« Quoi de meilleur que de parcourir la face du globe pour écrire la geste des hommes ?
Comme je t’aime, ô mon métier ! »
Gaston Leroux, Le Matin, 1er février 1901
Célèbre pour ses mystères insolubles, il a pourtant commencé son approche du crime en robe d’avocat. De 1880 à 1883, il exerce cette fonction, tout en rédigeant des comptes-rendus des procès auxquels il assiste pour le journal L’écho de Paris. Un de ses comptes-rendus lui ouvre les portes de la rédaction du journal Le Matin. Le directeur, Maurice Brunau-Varilla, découvre sa plume devant le récit du procès de l’anarchiste Auguste Vaillant. Il lui propose donc de mettre ses connaissances judiciaires au service du journal en qualité de chroniqueur. Le métier ne tarde pas à séduire Gaston Leroux : il devient reporter en 1901. Du Maroc à l’Espagne, l’ancien avocat multiplie les voyages. Pendant deux ans, il assiste aux prémices de la révolution russe en tant qu’envoyé spécial permanent du Matin. Une expérience qu’il fera fructifier dans un de ses romans : Rouletabille chez le tsar.

1907 : Gaston Leroux donne naissance à son homologue de papier, Rouletabille. Le personnage voit le jour sous l’imprimante de L’Illustration. Ce journal publie chapitre après chapitre l’un des plus célèbres romans policiers français : Le mystère de la Chambre jaune.
Se lançant sur les traces d’ Edgar Alan Poe et Sir Arthur Conan Doyle, le journaliste place un héros de génie au cœur d’un crime à élucider. Ce héros a tout juste 18 ans, le visage imberbe et la tête ronde, qui lui vaut son surnom (son nom officiel est Joseph Josephin).
Reporter de profession, Rouletabille est un esprit brillant, en compétition avec l’enquêteur Frédéric Larsan sur une angoissante énigme. En effet, une agression a été perpétrée dans les murs d’un château par un malfaiteur insaisissable. Fait amusant : l’intrigue est racontée du point de vue d’un avocat, ami de Rouletabille qui accompagne celui-ci. On peut imaginer un clin d’œil du romancier à son ancien métier. Le mystère de la chambre jaune est applaudi à la fois pour son ingéniosité mais aussi par les éléments poétiques qui le pavent, inspirant les surréalistes.

A l’instar de Sherlock Holmes ou de Hercule Poirot, Joseph Rouletabille sera le héros de toute une saga, enchaînant les crimes et les mystères. Après le premier succès, Gaston Leroux le fait paraître dans sept autres ouvrages, dont Le Parfum de la dame en noir ou Le crime de Rouletabille. Ses armes sont son intelligence, mais aussi son affabilité qui lui attire la sympathie de tous. Sa logique à toute épreuve fait de lui un détective de fait, lors de ses enquêtes pour le journal L’Époque.
A travers lui, Gaston Leroux valorise non seulement sa connaissance du milieu criminel, mais aussi comment les capacités de reporter se rapprochent d’un enquêteur.
« Cette carrière de journaliste d’hier a servi le romancier d’aujourd’hui… Si folle que soit l’imagination elle se raccroche à quelque fait réel… »
Gaston Leroux, lors d’une conférence à Nice, 1915
Pauline Defélix
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