La Saint Nicolas, une tradition aux origines de notre Noël

Le Père Noël est aujourd’hui indissociable de la fête éponyme du 25 décembre. Pourtant, ce personnage est inspiré d’une autre fête familiale : la Saint-Nicolas, célébrée le 6 décembre.

« C’est la Saint-Nicolas ! »

Pain d’épices de la Saint-Nicolas

Impatients, les enfants galopent jusqu’à la porte d’entrée. La poignée cède, et enfin apparaît le miracle attendu : leurs chaussures, déposées la veille sur le paillasson, débordent de bonbons. Ravis, les bambins se jettent sur les friandises.

Elles sont accompagnées d’un pain d’épices décoré de l’effigie d’un vieil homme à longue barbe blanche, portant une mitre sur la tête. Ces cadeaux sont bien signés de St-Nicolas. Chaque année, la nuit précédant le 6 du mois de décembre, il passe devant la porte avec son âne chargé de bonbons et de gâteaux pour remplir les souliers. Mais attention, cela se mérite ! Les enfants qui n’ont pas été sages ne se régalent pas. C’est pourquoi il vaut mieux laisser une lettre relatant ses bonnes actions de l’année, sans oublier une carotte pour l’âne.

Cela vous fait penser à quelque chose ? C’est normal.

La tradition de St-Nicolas a bien inspiré notre Noël. Cette fête est célébrée surtout en Allemagne, mais également en Alsace, dans les Flandres, en Belgique, en Autriche, en Italie et même en Slovaquie. Si tous ses pays ont des coutumes différentes pour ce jour de décembre, ils ont en commun de combler la gourmandise des enfants.

Célébration de la Saint Nicolas en Lorraine, source : lelorrain.fr

Comment cette tradition a-t-elle donné naissance au gentil barbu secondé par des lutins ? Pour le comprendre, remontons aux origines.

Le fameux Saint-Nicolas n’a au départ rien d’un habitant du Pôle Nord. Et pour cause : il a vécu au IIIe siècle à Myre, dans l’actuelle Turquie. Cet évêque, réputé pour sa bonté, laisse derrière lui la mémoire d’un saint. Ses ossements sont déplacés plusieurs fois à travers les âges, car les fidèles les considèrent comme des reliques apportant miracles et guérisons. C’est ainsi que la dépouille est transférée au XIe siècle de Myre à l’Italie, puis en Lorraine. Au fil des âges, des abbayes en Belgique et en Suisse obtiennent le droit d’en posséder une partie. Le culte du saint se répand à travers le continent.

Une légende populaire en fait le bienfaiteur et le saint patron des enfants. Elle raconte que trois enfants revenants des champs demandent l’hospitalité à un boucher. Mais celui-ci les tue puis les enferme dans son saloir comme de la viande. Plus tard, Saint Nicolas entre dans la maison du meurtrier et ressuscite les enfants.

La légende de saint Nicolas © D.R

En punition de son crime, le boucher doit alors devenir le compagnon de Saint Nicolas, prenant le nom de « Père Fouettard » qui doit apporter des ronces aux bambins indisciplinés.

Lawrence Thornton Getty Images

Au XIXe siècle, les émigrés arrivés aux États-Unis croisent la légende de Santa Claus (version anglophone de Saint Nicolas) et celles des contrées nordiques, peuplés de créatures comme les lutins. C’est à l’œuvre de Clement Clarke Moore qu’on doit l’arrivée du Père Noël familier. En 1821, il présente Santa Claus apparaissant dans un traîneau attelé de rennes dans son conte « The night before Christmas« .

Il continue d’élaborer ce personnage dans un poème publié par le journal Sentinel à New York, le 23 décembre 1823. « A visit from St Nicholas » raconte comment le généreux vieillard vient déposer des cadeaux en entrant par les conduits de cheminée. Le succès ne se fait pas attendre.

En 1863, un autre journal new-yorkais, Harper’s Illustrated weekly, fait régulièrement apparaître le personnage sous le crayon de Thomas Nast. C’est cet illustrateur qui livre la précieuse information de sa résidence : au Pôle Nord !

 @ The Coca Cola Company

Devant la popularité de cette image, la firme Coca Cola demande en 1931 la permission d’en faire une égérie pour sa boisson. Vêtue de rouge en référence à la marque, le personnage traverse le monde via la publicité.

Il devient ainsi le célèbre Père Noël, symbole de joie et de rêves pour bien des enfants.

Pauline Defélix