Le 8 décembre correspond habituellement à la Fête des Lumières, chère à la ville de Lyon. Pandémie oblige, elle n’aura pas lieu cette année. Mais ce soir, ses habitants honorent cette date de façon adaptée.

En 2019, la Fête des Lumières avait attiré 1,8 millions de visiteurs sur quatre jours. Un chiffre élevé, et pourtant à relativiser en raison des mouvements de grèves qui avaient alors agité le pays.

Le record avait été atteint lors de l’édition 2014 avec 3 millions de visiteurs. Parmi eux, des milliers arrivaient de pays étrangers, notamment d’Italie, d’Espagne, de Suisse, d’Allemagne, et du Moyen-Orient. Tous ses visiteurs s’étaient pressés pour admirer les spectacles lumineux répartis dans la ville. Ces quelques chiffres illustrent l’importance que revêt aujourd’hui cette tradition lyonnaise.

Mais le Covid-19 marque une rupture dans le retour annuel des nuits lumineuses et festives. Grégory Doucet, maire de Lyon avait pourtant bien essayé d’adapter les festivités pour que les habitants gardent leur fête. Mais le confinement a balayé toutes négociations.

Cependant, si la ville n’accueillera pas les spectacles habituels, ce soir elle sera une nouvelle fois illuminée des traditionnels lumignons. Car c’est bien là l’origine des fameuses lumières de Lyon.

Ces petites bougies accompagnent les festivités depuis l’Antiquité, mais elles se sont invitées le 8 décembre à partir de 1852. Contrairement à la rumeur, cette habitude ne vient pas du vœux religieux, dit « vœux des échevins », priant la Vierge Marie d’épargner Lyon de la peste. Elle est tout de même bien liée au culte marial. Les autorités religieuses de la ville avaient lancé un concours pour la création d’une nouvelle statue pour l’église Notre-Dame-de-Fourvière. Le sculpteur Fabisch fut choisi, il ne restait que la date de l’inauguration à établir. On trancha pour le 8 décembre, fête de la conception de la Vierge Marie dans le catholicisme, où l’on honorait le vœux des échevins. Ce soir de 1852 essuya de violents orages, mais les Lyonnais enthousiastes avaient déjà illuminés fenêtres et balcons. La fête fut un succès et la célébration perdura.

Cette année encore, à défaut de spectacles et de stand de vin chaud, les lumières seront au rendez-vous. Ce soir, à partir de 17h30, une fresque de 200 000 lumignons sera allumée pour remercier les soignants. Sur les réseaux, la ville de Lyon a invité tous les habitants à en installer chez eux, en contribuant à l’opération Lumignons du Cœur. La vente de ces lumignons, disponibles dans 200 commerces, permet de recueillir des fonds. Cette année, ils seront entièrement reversés aux Petits Frères des Pauvres, une association engagée contre l’isolement et la précarité.

A 18h30, les carillons de l’Hôtel de Ville et de la basilique de Fourvière sonneront à la volée, suivis à 19h des cloches de toutes les églises en ville, comme top départ pour répandre la lumière.

Pauline Defélix