Prime de Noël, l’héritage d’ «un miracle social »

C’était il y a 23 ans, en décembre 1997, quand deux collectifs de chômeurs Agir contre le chômage AC et la CGT chômeurs lancent un grand mouvement social pour revendiquer une Prime de Noël de 3 000 francs à l’époque. Lionel Jospin alors Premier ministre répondra à cet appel par la première prime de Noël en 1998. Reconduite chaque année depuis lors, elle va tomber sous le sapin des bénéficiaires du RSA, les 15 et 16 décembre prochains.

« Ce mouvement est extraordinaire, unique » s’était réjoui le sociologue Pierre Bourdieu, « La première conquête de ce mouvement, c’est son existence même dit-il : il arrache les chômeurs et, avec eux, tous les travailleurs précaires, dont le nombre s’accroît chaque jour, à l’invisibilité, à l’isolement, au silence, bref à l’inexistence. » Ils ne portaient pas encore de gilets jaunes, et pourtant ce mouvement de chômeurs envahissaient déjà les rues des grandes villes. Née à Marseille, la contestation s’exporte très vite sur le plan national. Les manifestations réunissent rarement plus de 30 000 personnes, les chômeurs et chômeuses occupent des antennes de l’administration : l’Assedic, l’ancêtre de Pôle emploi, des bâtiments EDF, et d’autres locaux administratifs. A Paris, ils occuperont le Louvre, et Normale Sup. Notons qu’à cette époque, le chômage atteint son record absolu, 3 millions 200 000 personnes. Que réclame le mouvement ? Une revalorisation de tous les minimas sociaux et une prime de noël de 3 000 francs pour finir l’année avec le porte-monnaie un peu plus à la fête. Face à l’ampleur de ce « miracle social » selon Bourdieu, Lionel Jospin fraîchement nommé Premier ministre en juin, lance une prime de Noël de 1000 francs ainsi qu’une revalorisation des minimas sociaux en 1998.

Une prime renouvelée chaque année

Si la prime existe encore aujourd’hui, elle n’est pourtant pas automatique. Les gouvernements la relancent chaque année. Pour son deuxième Noël en tant que président de la République et avec la crise sanitaire que nous connaissons, Emmanuel Macron n’a pas prévu de la revaloriser. Pour 2,5 millions de ménages aux revenus modestes et bénéficiaires d’au moins une des allocations suivantes : Revenu de solidarité active (RSA), Allocation de solidarité spécifique (ASS), Allocation équivalent retraite (AER), Prime forfaitaire pour reprise d’activité, cette prime sera reversée de manière automatique. C’est une surprise que réserve le calendrier de l’Avent et l’Etat aux foyers les plus modestes.

Le ministère de la Santé et des Solidarités, Olivier Véran l’a annoncé le lundi 7 décembre, la prime de Noël sera distribuée les 15 et 16 décembre prochains, d’un montant inchangé, 152,45 euros. Un montant qui peut s’élever en fonction du nombre de personne dans le foyer.

Une prime qui devrait aider les plus démunis face à cette crise sanitaire. Elle s’ajoute à la promesse d’Emmanuel Macron mi-octobre, le président avait annoncé une aide exceptionnelle de 150 euros pour les bénéficiaires des APL qui sont versées jusqu’à fin décembre. Emmanuel Macron, président des riches, vraiment ?

Kévin Mézière