En cette période si cruciale de Noël pour les magasins de jouets, les mesures liées au confinement passent difficilement auprès des professionnels du milieu. Nous avons interviewé Solenne, 25 ans, responsable d’un magasin parisien.

Pour commencer pouvez-vous nous présenter votre boutique ?

Je travaille chez « 1,2,3 Famille », une boutique indépendante de jouets, un « concept store » familial de jouets pour toute la famille et qui propose également des éléments de décoration. Nous sommes une marque familiale créée il y a 25 avec le but de vendre des jouets de qualité produits par des petits créateurs français.

Comment avez-vous accueilli l’annonce du deuxième confinement ?

L’annonce du président a provoqué une grande angoisse dans le milieu car la fête de Noël représente plus de 60% de notre chiffres d’affaires annuel. C’est une période pour laquelle nous nous préparons toute l’année en recrutant des vendeurs et en investissant dans de nouveaux produits. A l’annonce du confinement, nous avons dû tout repenser dans un laps de temps très court.

C’est-à-dire ? Quels moyens avez-vous vous dû mettre en place pour vous adapter ?

Nous avons fermé nos boutiques pour nous concentrer sur le site en ligne, ce qui nécessite des capacités très différentes. Il s’agit d’un tout autre métier avec un aspect communication beaucoup plus fort. Alors que jusqu’à présent nous pouvions nous permettre de faire vivoter le site, nous avons tout axé autour de lui. Et à côté de ça nous continuons à travailler en physique pour emballer tous les colis et les expédier. C’était une période vraiment stressante et épuisante.

Le déconfinement est prévu pour le 15 décembre pour la population mais les commerces ont rouvert depuis 15 jours. Comment s’est déroulé ce déconfinement pour vous?

Encore une fois cela a été très compliqué. Nous avons dû tout rebasculer dans l’autre sens ce qui nécessite un temps conséquent pour ne pas se perdre dans les stocks. C’est pourquoi nous n’avons pas pu rouvrir le jour même car la boutique n’était pas prête. Nous avons également recruté en urgence une vendeuse que nous avons à peine eu le temps de former puis nous avons essayé de faire fonctionner la boutique tant bien que mal.

Les clients sont-ils revenus nombreux à la réouverture ?

Nous avons constaté un réel emballement dans les 3 jours qui ont suivi notre réouverture. Enormément de personnes sont passées à la boutique pour passer de très grosses commandes. Nous étions débordés parce qu’à côté de cela nous devions continuer à mieux nous organiser. Puis la fréquentation a baissé et aujourd’hui les clients se font moins nombreux. Je ne peux expliquer le comportement des clients, peut-être ont-ils eu peur de sortir finalement.

En tout cas nous avons remarqué que la clientèle était très soucieuse d’acheter des jouets issus du marché français. Le confinement a au moins permis de réaliser aux gens à quel point l’économie des petits magasins était fragile et qu’il fallait la supporter en achetant français. C’est déjà ça de pris mais nous aurions préféré que les gens l’apprennent autrement car ici c’est notre survie qui est en jeu. Et les magasins de jouets vont avoir du mal à se relever de cette période de Noël si compliquée… alors s’il vous plait monsieur Macron, pas de troisième confinement !

Propos recueillis par Henri de Beauvillé