Dustin John Higgs : peut-être un innocent condamné à mort ?

Dustin John Higgs est accusé d’avoir kidnappé et assassiné trois femmes à Washington. En 1996, il est condamné à la peine de mort. Son exécution est programmée le 15 janvier 2021. Pourtant, des doutes pèsent encore sur sa culpabilité et son rôle précis dans le triple meurtre. 

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Source : Change.org

Un soir de janvier 1996, Dustin J. Higgs et deux amis se rendent à Washington pour récupérer trois femmes : Tamika Black, Tanji Jackson et Mishann Chinn. Elles ont respectivement 19, 21 et 23 ans. Selon les procureurs, Dustin Higgs aurait fait des avances à Tanji Jackson, mais celle-ci les aurait repoussées. L’accusé aurait alors proposé de ramener les trois amies chez elles. En fait, il se serait rendu dans une zone isolée avant de demander aux jeunes femmes de sortir du véhicule et aurait remis une arme à l’un de ses amis. C’est alors que Dustin J. Higgs aurait déclaré : « Mieux vaut s’assurer qu’elles soient mortes ». Son ami aurait donc tiré sur Tamika Black, Tanji Jackson et Mishann Chinn. Dustin J. Higgs a été reconnu coupable et condamné à la peine de mort pour l’assassinat des trois jeunes femmes. Willis Haynes, celui qui a tiré sur les trois amies, a été condamné à la prison à vie.

L’avocat du condamné, Shawn Nolan, a déclaré: « Dustin John Higgs n’a tué personne et ne devrait pas être exécuté. Tous les témoins conviennent que le seul tireur était Willis Haynes, qui a été jugé séparément et condamné à la prison à vie sans possibilité de libération. Il serait arbitraire et inéquitable de punir Higgs plus sévèrement que la personne qui a commis les meurtres ». C’est Victor Gloria, le troisième homme présent le soir du meurtre et coaccusé, qui a dénoncé Dustin J. Higgs. Il affirme que ce dernier a ordonné à Willis Haynes de tirer. Cependant, Victor Gloria avait précédemment déclaré qu’il dormait dans la camionnette de Dustin J. Higgs au moment du meurtre. C’est cette version que l’enquêteur et l’ex-petite amie de Victor Gloria ont confirmée lors de leurs déclarations sous serment. En 2000, durant son procès, Willis Haynes a confirmé les propos de Victor Gloria et déclaré qu’il avait tué les trois jeunes femmes sous la contrainte de Dustin J. Higgs. En 2012, il revient sur ses dires et affirme, sous serment, que Victor Gloria a menti. « Dustin ne m’a pas menacé. Je n’avais pas peur de lui. Dustin ne m’a pas fait faire quoi que ce soit cette nuit-là ou jamais » a avoué le tireur.

Aux États-Unis, la majorité des exécutions relève des compétences judiciaires des États. Parmi les 50 États américains, 28 pratiquent encore la peine de mort. On recense 2591 condamnés qui patientent dans le couloir de la mort. Sept d’entre eux ont été exécutés cette année. Sous la tutelle du ministre de la Justice, le tribunal fédéral peut également se prononcer pour une condamnation à mort. Avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, cela n’était pas arrivé depuis 17 ans. En 2020, son administration a procédé à 8 exécutions. C’est donc plus que dans l’ensemble des États du pays. 

Selon le Death Penalty Information Center, 44% des condamnés à mort fédéraux sont noirs. Pourtant, les personnes noires ne représentent que 13% de la population américaines. En 2009, une enquête de l’Université de l’Illinois a révélé que 88,2% des criminologues interrogés pensent que la peine de mort ne dissuade pas de commettre un meurtre. D’ailleurs, les États qui la pratiquent encore ont un taux d’homicides plus élevé que les autres. Depuis 1973, plus de 170 personnes ont été condamnés à mort puis disculpées. L’investiture de Joe Biden aura lieu le 20 janvier 2021, soit cinq jours après l’exécution de Dustin John Higgs. Le démocrate a promis d’abolir la peine de mort au niveau fédéral.  

Mathilda Calais