Brésil : les peuples autochtones à l’épreuve de la Covid-19 

À l’heure où le Brésil assiste à une explosion du nombre de contaminations, l’Amazonie est l’une des région qui paie le plus lourd tribu. Premières victimes de la pandémie : les peuples indigènes. Des tribus isolées, délaissées par un gouvernement qui concentre ses ressources pour lutter contre l’épidémie dans les zones urbaines. Aux problèmes sanitaires s’ajoute celui de la destruction massive de l’Amazonie. 

Aritana, grand chef indigène du Brésil, est mort de la Covid-19 en août 2020. Il avait lancé une campagne de récolte de fonds pour faciliter l’accès aux soins des membres de sa communauté. Dans ce pays de 210 millions d’habitants, le coronavirus touche de plein fouet les peuples indigènes. Déjà menacés par la déforestation grandissante depuis l’élection de Jair Bolsonaro, la pandémie de Covid-19 pourrait décimer des populations indigènes isolées entières.

Un pays dévasté par la pandémie

Au Brésil, la pandémie de Covid-19 débute officiellement le 25 février 2020 lorsqu’un premier patient est testé positif. Au 11 octobre 2020, plus de 5 millions de contaminations sont confirmés dans le pays, dont plus de 150 000 morts. Et le 17 décembre, le pays est le troisième au monde en nombre de contaminations et de décès juste derrière l’Inde. Pour faire face à la propagation de l’épidémie, le réseau de soins est encore très précaire. Et encore plus dans les régions isolées qui bordent la forêt amazonienne, avec une quasi absence de soins intensifs ou semi-intensifs.

Si l’épidémie de coronavirus est déjà un drame en soi pour le pays, elle pourrait être catastrophique pour les populations indigènes. D’après le ministère de la Santé, à la mi-mai, déjà 371 indigènes avaient été infectés par le coronavirus et 23 en étaient morts. Mais ce chiffre est largement en-dessous des 537 contaminations et 102 décès recensés par l’Association des Peuples Indigènes du Brésil. Alors début mai, les indigènes d’Amazonie ont appelé la communauté internationale à constituer un « fonds d’urgence » de 5 millions de dollars pour les protéger du coronavirus et éviter un « ethnocide ». David Lapola, chercheur et scientifique brésilien, alerte qu’« à cause de la déforestation de l’Amazonie, la prochaine grande épidémie pourrait être brésilienne ».

Une aide extérieure pour les plus isolés

À Manaus, capitale de la région amazonienne, les fosses communes se multiplient. C’est l’une des villes brésiliennes les plus touchées par le coronavirus. Les autorités tentent de s’organiser, et les hôpitaux sont surchargés. Le maire de la ville, Arthur Virgilio Neto témoigne de la situation : « J’ai peur d’assister à un génocide et je veux dénoncer cette situation, que le monde entier sache ce qu’il se passe ici. Nous avons un gouvernement qui ne tient pas compte des vies des Indiens. Nous assistons à un crime contre l’humanité dans ma région ».  

Les peuples autochtones du Brésil sont historiquement négligés par le pouvoir fédéral. Les coupes budgétaires dans le financement du système de soins, le manque de médecins et l’accès difficile à des établissements médicaux dans la région rendent les communautés indigènes encore plus vulnérables à la Covid-19.

Au Brésil, les peuples d’Amazonie se battent contre le Covid-19
Une infirmière réalise un test rapide pour le Covid-19, à Santarem, dans la région de Para, le 19 juillet 2020.TARSO SARRAF/AFP

Les équipes Médecins Sans Frontière ont alors renforcé leur intervention en Amazonas, l’un des États du Brésil les plus touchés par le coronavirus. Également, ils lancent des opérations dans les zones reculées de l’Amazonie rurale, afin de garantir des soins médicaux de meilleure qualité. Le Dr. Cecilia Hirata, coordinatrice de terrain de MSF est est en relation avec les dirigeants et les organisations indigènes. À Colônia Nova, Ota Lara, chef du village autochtone pourra témoigner de l’aide apportée par MSF. « La situation en Amazonas est très préoccupante. Nous pensons que notre travail peut faire la différence et nous faisons de notre mieux pour commencer à opérer le plus rapidement possible », a-t-elle déclaré.

Cidjy Pierre