Ce jeudi 10 novembre, les étudiants en journalisme de l’option Médias et critique littéraire animée par Aliocha Wald Lasowski ont eu l’opportunité d’interviewer Christian Séranot, journaliste et écrivain, corédacteur de la biographie Drôle de parcours du rappeur La Fouine.

Amateur de rap ou non, tout le monde a déjà entendu parler du rappeur La Fouine. Récompensé à plusieurs reprises pour ses albums ( disque d’or en 2007 puis double disque de platine en 2009), il a grimpé au sommet du rap français. Une carrière artistique dorée, pour un homme qui a vécu un début de vie sinueux dans les quartiers populaires de Trappes, oscillant entre socialisation paternelle à la musique et petite délinquance qui le fit passer par la case prison. Au sommet de sa gloire, le 4 février 2013, jour de sortie de son album Drôle de parcours, il est pris pour cible lors d’une fusillade et passe très proche de la mort. Un épisode traumatisant pour le rappeur qui le pousse à écrire son histoire.
La plupart des hommes se battent pour devenir celui qu’ils veulent être. Moi je me bats pour ne plus jamais redevenir celui que j’étais », préface d’une œuvre qui résume la vie de Laouni Mouhid, alias La Fouine.
Christian Séranot, écrivain, éditeur, journaliste et ancien rédacteur en chef de France Antilles Hebdo, est parvenu à pénétrer dans l’intimité du rappeur, alors qu’ils étaient de véritables inconnus . Ce fut l’objet de notre première question :
J’ai rencontré Laouni Mouhid par l’intermédiaire de mon fils qui le connaissait et qui avait eu écho de son projet d’autobiographie. Il m’a donc mis en relation avec lui. J’ai proposé le projet aux éditions Flammarion qui ont été séduites. Avec Laouni, nous avons discuté et nous sommes rapidement devenus ami. J’ai l’ai enregistré plusieurs fois , ce qui m’a permis de retranscrire du mieux possible ce qu’il m’a partagé. Nous étions aussi accompagnés de Karim Madani, journaliste et écrivain spécialiste en culture urbaine » raconte Christian Séranot.
Deux hommes dont on pourrait penser que tout oppose : La Fouine le rappeur face à Christian Séranot, l’homme de lettres. Et pourtant,
Nous nous sommes tout de suite compris. Laouni a le même amour que moi pour la langue française. Il m’a directement parlé de son attrait dès le plus jeune âge pour les textes de Jacques Brel, Jean-Jacques Goldman, Joe Dassin… Des classiques de la chanson françaises qui ont fait de lui l’artiste qu’il est aujourd’hui » confie Christian Séranot.

La musique dans la peau
S’il y a bien une chose qui caractérise La Fouine, c’est son amour de la musique. Très tôt, son père lui transmet sa passion pour cet art. Pas seulement à lui, non, à ses frères aussi. Passé par le conservatoire dès l’âge de 7 ans, Laouni a appris à jouer de la guitare mais aussi un peu de batterie. Là où les jeunes de son âge vont taper dans le ballon, la Fouine préfère les salles du conservatoire. Chez lui, le salon est rempli d’instruments de musiques, aussi nombreux que différents. Mais son amour pour la musique ne s’arrête pas là. Bercé par la chanson française durant son enfance, le gamin de Trappes est un fan invétéré de Jacques Brel comme le confie Christian Seranot :
Lors de notre première rencontre, il m’a chanté sa chanson préférée qu’il connaissait par cœur : c’était du Brel ».
Laouni, un miraculé
Malgré son talent pour la musique, le rappeur n’a pas échappé à la spirale infernale de la délinquance et des mauvaises fréquentations qui le fit passer par la case prison. Ce basculement dans la délinquance, la Fouine le raconte tout simplement à Christian Séranot. Comme les autres jeunes de son âge, il a vu dans le shit un moyen de s’offrir un quotidien et un avenir meilleur. Pourtant, malgré ces différents passages en prison (quatre au total), la Fouine a réussi à s’en sortir.
En 2015, Christian Séranot écrivait La prison, une machine à tuer ? aux éditions Flammarion. En tant qu’écrivain spécialiste des questions judiciaires et sociétales, il a pu poser un regard avisé sur l’expérience du rappeur :
Bien évidemment, je considère que Laouni est un miraculé. L’amour pour son ex-femme et sa petite-fille ainsi que la musique lui ont permis de sortir de la spirale de la délinquance et de montrer le meilleur de lui même. Pour moi il incarne un vrai espoir pour celles et ceux qui connaissent ou ont connu cette situation » conclut Christian Séranot.
C’est donc une belle expérience que l’écrivain nous a décrit lors de cet entretien tout en laissant planer le mystère d’un possible second livre…
Cécilia Leriche & Antoine Tailly
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