L’univers construit par l’homme, plus lourd que le reste du monde vivant

Le poids des constructions humaines est plus grand que celui du monde vivant sur la Terre. Cette affirmation provient d’une étude parue ce mois-ci dans Nature, une revue scientifique prestigieuse du Royaume-Uni publiée depuis 1869. 

Nous sommes dans l’ère de l’Anthropocène, c’est-à-dire une ère où l’espèce domine la planète. Cette notion ne date pas d’hier mais n’a cessé d’être toujours plus validée au vu des progrès techniques et technologiques, de l’augmentation démographique et de l’impact de l’espèce humaine sur son environnement. Les résultats de l’étude parue dans Nature n’en est qu’une preuve de plus.

Un monde de béton

Les chercheurs ont comparé la biomasse vivant sur Terre à la masse créée par l’être humain, qu’ils appellent « masse anthropogène ». La biomasse a été mesurée à partir de travaux scientifiques menés sur plus d’un siècle. Elle est estimée à 1100 milliards de tonnes. Y a été inclue toute la matière du monde vivant: du plus grand animal au plus petit insecte, en passant par toutes les plantes. L’ensemble de la création humaine a quant à elle été évaluée sur la même période à partir de travaux scientifiques du début du siècle dernier. Bâtiments, véhicules, machines, produits manufacturés,… tout ce qui a été produit par l’homme a été inclus dans l’étude.

Rattrapée en un sicèle

Et en se basant sur cette période, l’un des constats des chercheurs est l’incroyable évolution de la masse anthropogène. Celle-ci aurait doublé son poids tous les vingt ans depuis 1900 pour, ces dernières années, atteindre approximativement le même poids que la biomasse. Nous sommes donc en plein dans ce tournant. En moyenne, pour chaque personne sur Terre, une masse « anthropogène » supérieure à son poids est produite chaque semaine. L’étude donne d’autres exemples qui illustrent cette comparaison et la production exponentielle de l’être humain; les bâtiments et les infrastructures pèseraient plus lourd que l’ensemble des arbres — de quelle taille qu’ils soient — et la masse de tous les animaux ne serait égale qu’à la moitié de celle du plastique.

Ces exemples sont probants, mais le constat principal de l’étude n’est pas une fin en soi pour aborder la question de l’écologie. Il est difficile de ne pas penser au désastre actuel, certes, mais cette comparaison des masses ne suffit pas pour tirer des conclusions sur l’impact environnemental, qui repose davantage sur une question de moyens de production et de qualité de production.

Ces chiffres et cette comparaison sont saisissants. Le poids des constructions humaines dépassant celui de la biomasse, c’est un palier symbolique qui nous donne à réfléchir sur notre production et nos interactions avec notre environnement. 

Gustave Fosse